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Citations sur Les fruits tombent des arbres (51)

Je lui ai fait un signe d'approbation, il a griffonné l'information dans un calepin avant de le ranger dans sa poche arrière et disparaître du côté des cuisines.J'ai attendu un certain temps avant de le voir revenir. Je n'étais même pas sûr d'avoir bien faim.Quand il a déposé l'assiette devant moi,l'omelette n'avait pas été pliée ,elle était toute ronde et ressemblait à ces dessins de soleils sous les préaux d'école ,et j'ai trouvé que c'était suffisant.( Pages 235/236).
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Je voulais lui montrer tout ce qu'il y à voir depuis le siège d'un bus.Le trajet jusqu'a Gambetta était un peu court,alors on a pris la direction du champ de Mars .Le ciel oscillant entre le mauve et l'orange .Je voulais qu'elle regarde par la fenêtre à quel point la vie se plaisait à se montrer dérisoire, et que si la vie ,elle-même ,était dérisoire, ses soucis devaient l'être d'autant plus.Le mouvement ajoute une dimension encore plus éphémère aux choses.Quand le bus file,il mange et digère les passants,le cerveau agit comme une baleine qui absorbe des milliers de poissons,sans qu'aucun n'apparaisse plus consistant qu'un autre.Et toutes ces personnes qui surgissent et disparaissent en même temps nous rappellent une chose que l'on ne prend pas assez en compte au quotidien : nous ne sommes que ça ,des passants.
On s'est assis à l'arrière du bus,elle ne comprenait pas bien la démarche, mais elle me suivait avec docilité et curiosité. Le soleil se couchait ,le ciel était rose plus épais.Le bus ne disait rien.J'ai senti ma fille se plaire ici.On regardait les scènes qui s'offraient à nous,on ne les commentait même pas,chacun s'en faisait sa propre histoire.Boulevard Richard-Lenoir,un octogénaire plein d'arthrose noyait son diabète et sa jeunesse dans une gigantesque barbe à papa.Rue Saint Antoine,deux automobilistes s'insultaient avec les mains ,un homme courait derrière un taxi avec un bouquet de fleurs ,mais il me semblait que c'était déjà trop tard pour lui ,il me faisait penser au chien derrière le camion des éboueurs.Non loin de la rue de Rivoli, ma fille a rompu le silence.....( Pages 173/ 174).
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En face ,le soleil s'échouait sur le jardin des Tuileries,il semblait brûler les allées,une brigade équestre marchait au pas,la croupe des bêtes, brillante ,irradiait.Le thermomètre dépassait les trente degrés. Des taxis aux vitres teintées zizaguaient sur la route pavée de la place ,le bus,lui était tout tremblant et donnait l'impression de grelotter.J'ai aimé voir la Seine se promener sous le pont du Carrousel.Je la voyais comme une frangine avec des idées à gauche mais qui n'allait pas voter.La Seine était une femme paisible qui fumait des roulées sous les arbres à l'heure de la sieste et n'aimait pas débarrasser la table.Un des bouquinistes du quai Voltaire ,accoudé ,semblait la regarder encore,ses vieux livres l'attendaient.J'imaginais que lui aussi la voyait comme une soeur ,où peut-être comme une amoureuse ,dû moins comme une femme à laquelle on prête ses confidences.(Pages 124/125).
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C'est l'épicier qui me l'a dit.Sous le drap se cachait un voisin.Quelqu'un du quartier,un visage familier .Son coeurcs'est arrêté alors qu'il attendait le bus,il est tombé d'un coup en se tenant la poitrine.Sa tête a produit un bruit sourd en heurtant l'asphalte.Je suis descendu acheter des pamplemousses au même moment. ( Page 11).
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Tout en lui répondant, je piochais de petits oignons blancs dans un pot de cornichons, et je les gobais avec appétit, très content de ma sortie. J'avais répondu en homme libre et nonchalant, en père atypique. Le vinaigre des oignons me piquait sous la langue, j'ai pensé que je devais réduire ma consommation d'agrumes, qu'ils étaient coupables de ma fragilité buccale et qu'une vie avec des aphtes ne valait pas franchement la peine d'être vécue.
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Je n'ai cherché, tout au long de ma vie, à ne m'entourer que de personnes qui ne faisaient pas grand-chose, car c'est, selon moi, l'essence même de l'extraordinaire. Il faut un certain détachement, une forme de poésie pour se satisfaire du banal et en extraire le merveilleux. On ne peut qu'apprécier le paysage des steppes mongoles et sentir son cœur se soulever lors d'un saut en parachute, mais ressentir la même chose en regardant deux clodos partager une tranche de jambon me semblait caractéristique d'une autre forme de sensi-bilité. Je comprends qu'on s'évertue à voyager, à assister à des expositions de sculpteurs sur bois ou à filer tout son fric pour des stages de méditation dispensés par des punks repentis qui ont trouvé plus de pouvoirs dans les astres que dans l'héroïne, qu'on flâne dans des pays où le sable et la mer ont presque la même couleur, qu'on essaie d'acheter la vacuité qui nous habite, mais il ne s'agit, en réalité, que d'un déguisement dérisoire, une façon de meubler l'ennui, c'est l'aveu suprême que notre esprit ne suffit plus. Or il n'y a rien de plus délicieux que l'ennui, c'est grâce à ça que survient l'intérêt pour le petit, pour le déglingué, pour ce qui pue la merde. C'est l'ennui qui magnifie l'inutile, et vice versa.
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C'était le premier jour de septembre, et je l'accueillais comme une délivrance. J'aimais l'odeur de la rentrée, l'ambiance cyclique, l'approche de l'automne, le recommencement, les marrons dans le caniveau, les souvenirs de nuits d'été.
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Je ne connaissais pas bien le monde. L'adage voulait qu'il soit petit, mais s'il n'y avait eu que des hommes comme moi, on l'aurait trouvé bien grand. On l'aurait imaginé bien grand, mais, en réalité, on n'en aurait pas tout vu, certains continents seraient restés des énigmes, des chimères, des supputations, des rumeurs ances-trales. Pas même l'envoi d'une sonde de reconnaissance des lieux, pas de films de cow-boys et d'Indiens, pas de route de la soie. Des promenades, de la cueillette, un peu de chasse (principalement basée sur la pose de pièges) et beaucoup de confiture à la rhubarbe. Un monde paisible malgré les aphtes, en somme.
On n'aurait pas nagé très loin, on n'aurait pas conquis les mers, les airs non plus. L'homme en veut trop alors qu'on peut tout vivre dans trois kilomètres à la ronde. L'extraordinaire n'a rien à voir avec la dis-tance. J'ai vu des drames, le soir, à gare de l'Est et des crépuscules flamboyants aux Buttes-Chaumont. Je me suis toujours fichu et désintéressé des voyages, non par absence de curiosité, mais justement par surplus. Je ne peux dompter l'infini des possibles, j'étouffe de ne pas arriver à me représenter tous les visages, de ne pouvoir tout humer, tout voir, tout entendre. Le monde me donne le tournis, parce qu'il me donne tout en bas de chez moi. Ceux qui l'arpentent sans cesse n'en savent pas forcément autant que moi qui ne sais pourtant pas grand-chose.
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La liberté, Trieste, c'est la possibilité d'envoyer se faire voir, à tout moment, n'importe quelle personne sur cette planète, indépendamment de son statut, de son âge ou de la marque de ses chaussures.
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Comme personne ne m'attendait, je suis allée voir la place de la Bastille, la colonne de Juillet, l'Ange de l'indépendance. J'étais ébloui par les phares des voitures et des scooters, étourdi par le monde, enivré par le bruit ambiant. Il y a quelque chose de rassurant dans le bourdonnement d'une ville.
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