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EAN : 9782370733740
235 pages
Allary Editions (19/08/2021)
3.68/5   190 notes
Résumé :
Parce que son voisin, comme le fruit d'un arbre, est tombé raide mort à l'arrêt Popincourt, Pierre se retrouve à errer sur la ligne du bus 69. "Fantôme urbain", comme il se définit lui-même, c'est un type plus très jeune et pas encore très vieux qui cherche des réponses dans de grands verres de lait glacé.
De laverie automatique en comptoir de bar kabyle, la liberté guide ses pas. Fumer des cigarettes avec les tapins de la rue Blondel, monter une mayonnaise p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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Le petit Oiseau est sorti !
Faut-il vivre en marge de la société pour être libre ? Vous avez deux heures si vous n'avez pas grand-chose à faire ou à lire. Un peu comme Pierre, un ravi du banal, qui s'accomplit dans une monotonie que l'auteur nous invite à autopsier.
Certains sont acteurs de leur vie. Pierre, lui, préfère la place du spectateur vautré dans son canapé. Un contemplatif de l'inutile.
Les personnages de Florent Oiseau sont toujours des oisifs assumés aux CV déplumés. Se serait-il appelé Lion, qu'il aurait peut-être imaginé des avatars plus féroces.
Pierre, rentier frugal, amateur de plaisirs simples, comme taper la causette avec les tapineuses du coin, suivre les programmes d'une machine dans une laverie automatique ou se faire réquisitionner par une actrice célèbre pour monter une mayonnaise, est témoin de la mort soudaine d'un homme à un arrêt de bus.
Cet évènement complique sa vie et bouscule son karma de koala. Quand il découvre que le bonhomme était son voisin et qu'il ne l'avait jamais vu, Pierre se sent pousser par un effet miroir ébréché à rechercher ce qui animait le défunt before son trépas. Il rencontre la veuve, les amis et tente de remonter le fil de son dernier trajet… à bicyclette ou en autobus. Ce poète de quotidien, qui a appelé sa fille Trieste, va en profiter pour interroger son inexistence et les caprices de la fatalité.
Ne fuyez pas. le récit ne vous fera pas tomber du nid mais les bons mots de Florent Oiseau vous feront piailler de rire. Il a le sens de la formule pour magnifier l'ordinaire, le goût pour les dialogues imparables, des citations qui pousseraient Jean D'Ormesson à la résurrection pour compléter sa collection. C'est beau de s'émerveiller devant l'écoulement d'un caniveau. Pourquoi rechercher le sublime au bout du monde, quand un trajet en autobus mériterait un classement à l'Unesco ?
J'ai retrouvé avec plaisir la prose de son précédent roman, l'excellent « les Magnolias », mais cette histoire anorexique m'a vraiment laissé sur ma faim. J'ai eu la dalle côté rebondissements et je regrette aussi que les personnages secondaires traversent le roman comme des ombres chinoises, défilé de figurants, (riz) cantonnés à donner la réplique.
Les bons mots sont alignés, comme des idées recyclées et exhumées de vieux carnets, mais le fil qui les unit ne trouve jamais le trou de l'aiguille pour piquer ma curiosité.
L'humour maintient le héros et le lecteur en vie mais ce roman casanier aurait mérité de maturer. Les fruits tombent des arbres… quand ils sont mûrs.
Cueillette un peu trop verte à mon goût.
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Les fruits tombent des arbres est un roman d'un certain Florent Oiseau qui m'a cueilli au vol.
Déjà, s'appeler Florent Oiseau prédestine à une belle vocation lorsqu'on prend la plume. Mais cela ne suffit pas.
Le narrateur, un certain Pierre, la cinquantaine, nous invite à prendre connaissance d'un fait-divers banal. Cela s'est passé à une station de bus, sur la ligne 69. L'endroit est très précis, c'était devant le 112 de la rue de la Roquette à l'arrêt Popincourt, vous savez juste à côté de l'épicerie et en face du restaurant libanais. Je dis ça au cas où...
Un homme est mort là à cet endroit, sans doute d'une crise cardiaque, il est tombé par terre comme un fruit tombe d'un arbre.
Le narrateur a vu son cadavre peu après l'événement. Il n'y était pas préparé. On n'est jamais préparé à cela. C'est l'épicier qui lui a raconté la scène plus tard. Cet homme était un voisin de l'immeuble dans lequel vit le narrateur.
Des voisins, des amis, des proches se mobilisent auprès de la veuve éplorée. On découvre que l'homme était un fervent de la petite reine, alors en hommage à lui le convoi funéraire prend l'allure d'une course cycliste vers le cimetière, tranquille au départ et qui ressemble à l'arrivée à un sprint au sommet du col du Tourmalet où l'on voit la veuve éplorée sortir son épingle du jeu. C'est à cet instant que je me suis dit que ce roman était beau et génial.
Ensuite, je me suis posé une question banale, pourquoi la ligne 69, pourquoi pas la ligne 70 ou la ligne 68... ? C'est vrai, non ?
Pour moi, le chiffre 69, dans la génération à laquelle j'appartiens, me renvoie immédiatement à Serge Gainsbourg... Mais pas que... Et là, je diverge, oui oui je diverge et si je développe (au sens littéraire bien sûr), Babelio risque de me censurer... Dommage pour vous...
Plus tard j'ai compris qu'il n'y avait pas de hasard, justement lorsque le narrateur pose cette question existentielle : « Est-ce la vie qui crée le hasard, ou l'inverse ? » J'ai une petite opinion sur le sujet mais je me garderais bien d'y mettre mon grain de sel ici... Et puis il me faudrait non pas deux heures mais deux jours et une caisse de Côtes de Bourg à partager entre amis...
Je reviens au récit. Ici, faire une omelette aux champignons devient une problématique philosophique insondable. C'est vrai tout de même, que mettez-vous dans votre omelette aux champignons ? Des pleurotes ? Des girolles ? Thèse, antithèse... le narrateur tranche dans une synthèse qui ne permet aucune discussion : des shiitakés.
La ligne 69 de ce bus devient brusquement l'invitation à un voyage, une déambulation, un fil tendu au-dessus du vide, au-dessus de nos vies a priori dérisoires.
Florent Oiseau, au travers de quelques battements d'ailes nous démontre le contraire.
C'est à la fois drôle et touchant.
C'est une poésie de l'ordinaire, mais les jours ordinaires ne sont pas banals. C'est une poésie de l'absurde, car la vie est ainsi faite, idiote, intelligente et géniale...
Où le quotidien devient un théâtre inouï d'émotions.
Il y a quelque chose d'absurde, de profondément déjanté dans ce roman que j'ai adoré.
Qui évoque aussi le caractère éphémère des choses.
Qui parle d'amour.
J'ai souri lorsque le narrateur cite les commentaires sous les vidéos des sites pornographiques et qui pour lui tiennent lieu d'ouvrages sociologiques, de bouteilles jetées à la mer et parfois même aussi d'aphorismes furieusement poétiques.
J'ai adoré la rencontre de Pierre avec une actrice de cinéma célèbre un peu en déclin, à la laverie automatique du coin, celle-ci tente un sursaut dans sa carrière et cela tient à la réussite d'une mayonnaise. Sublime !
Il y a des plaies béantes dans les personnages de ce roman.
Dans ce récit, des femmes, des hommes tombent comme les fruits tombent des arbres.
Se relèvent aussi.
C'est un récit d'une infinie mélancolie où les jours ordinaires deviennent nos drames, nos doutes, nos failles, nos rebonds aussi parfois heureusement.
J'ai vu ici nos vies intimes.
Il y a de la fraternité dans des pages qui disent la terrible solitude vertigineuse de certains personnages, la vraie solitude, subie, terriblement.
Le monde bascule alors pour Pierre la narrateur vers une autre dimension.
Le roman est aussi l'éloge de la liberté, le droit de s'en aller, de partir, de larguer les amarres, vers l'ailleurs.
J'ai aimé apprendre qu'une seconde, c'est le temps qu'il faut à un fruit pour tomber de son arbre, à un homme pour tomber raide mort sur le trottoir devant le 112 de la rue de la Roquette, pour croquer dans un oeuf dur...
J'ai aimé le regard que le narrateur pose sur l'amour. Aimer l'amour, les femmes, leurs hanches, leurs peurs, le goût de leur salive, la façon dont elles prennent le café...
Il a une fille qui s'appelle Trieste, en souvenir d'une ville d'Italie et dans Trieste il y a le mot triste. Les moments de ces rencontres sont beaux et offrent comme un sens ultime à ce roman.
Il y a quelque chose d'extraordinaire dans les mots de ce récit.
L'oiseau fait son nid, les mots aussi dans ce texte où viennent se nicher les âmes d'Antoine Blondin ou d'Alexandre Vialatte...
Les jours ordinaires cachent des territoires insoupçonnés, d'une beauté douloureuse. Florent Oiseau nous le rappelle ardemment et c'est jouissif.
Quand les fruits tombent des arbres, je me garde bien à l'heure de la sieste de me retrouver en dessous. Et quand bien même...
Mais quand je lis Florent Oiseau, je m'envole...

♬ Gainsbourg et son Gainsborough
Ont pris le ferry-boat
De leur lit par le hublot
Ils regardent la côte
Ils s'aiment et la traversée
Durera toute une année
Ils vaincront les maléfices
Jusqu'en 70
69 année érotique
69 année érotique ♬

Lu dans le cadre de la sélection Prix CEZAM 2022.
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Il chantait si bien...:
Pour avoir si souvent dormi
Avec ma solitude
Je m'en suis fait presque une amie,
Une douce habitude.
Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude.


Pierre, le narrateur, n'est en fait jamais seul mais il aime revenir a sa solitude apres chaque rencontre qu'il fait. Et il en fait…Desoeuvre par ideal de vie, il aime errer au hasard autour de chez lui, a Paris, prenant a rebours des itineraires modianesques. “La marche et l'attente sont des denrees precieuses, rien ne doit les galvauder, car le temps n'est important que s'il est possible de le gacher, de jouir de la liberte intellectuelle de le dilapider sans avoir le sentiment de le perdre, de flaner sans but, sans amour et sans haine”.

Et il y peche plus d'aventures qu'en franchissant les Andes et plus d'interet qu'a visiter la Galleria degli Uffizi. Parce que tout et rien l'interesse, les hommes et femmes qu'il croise au hasard de ses deambulations, surtout ceux qui semblent les plus perdus, qu'il a l'art d'ecouter, qu'il a l'art d'aider sans en avoir l'air, sans s'appesantir. Parce qu'il est oisif mais pas inactif, et dans ses errances il sait s'arreter quand il repere quelque chose, quelqu'un, interessant parce que se demarquant de l'entourage. “Je n'ai cherche, tout au long de ma vie, a ne m'entourer que de personnes qui ne faisaient pas grand-chose, car c'est, selon moi, l'essence meme de l'extraordinaire. Il faut un certain detachement, une forme de poesie pour se satisfaire du banal et en extraire le merveilleux. […] Or il n'y a rien de plus delicieux que l'ennui, c'est grace a ca que survient l'interet pour le petit, pour le deglingue, pour ce qui pue la merde. C'est l'ennui qui magnifie l'inutile, et vice versa”.

Chaque rencontre de ce flaneur pourrait etre une nouvelle, et toutes se lient entre elles par ses pensees, par ses reactions internes, par son parcours d'une annee plus particuliere qu'il n'ose se l'avouer. Et cela devient, touche apres touche, interessant. En plus l'auteur a l'art de la formule, on se prend a sourire a plus d'une page, et comme le livre n'est pas long, cela n'arrive pas a devenir lassant.


Somme toute un livre agreable a lire, que je conseillerais pour des journees oisives de vacances dans une plage perdue (le meilleur endroit pour se languir de Paris). Moi je n'ai pas attendu l'ete, aguiche par les compte-rendus de Berni et d'ODP, que je salue.
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Pierre, la cinquantaine, a été marqué par le décès brutal d'un voisin à l'arrêt du bus 69 qui passe en bas de son immeuble, et se retrouve à errer sur le parcours de cette ligne. Il rencontre une jeune femme, donne rendez-vous à sa fille Flore dont il apprend les amours, discute avec les prostituées de la rue Blondel, s'interroge sur la vie. ● Sur un sujet aussi mince, le livre pourrait être une vraie catastrophe. Or ce n'est absolument pas le cas. Florent Oiseau a le don de réussir des romans sans réelles intrigues, que d'habitude je fuis, et ce qui est à mon avis le plus difficile. ● le livre est parsemé de réflexions douces-amères, plein d'une drôlerie qui font rire jaune, beaucoup plus profond que sa désinvolture apparente ne le laisse penser de prime abord. ● Il est indéniable que l'auteur a le sens de la formule et que ses romans procurent un grand plaisir de lecture. J'ai aimé ses trois livres précédents et j'aime aussi celui-ci ! Un auteur que, bien sûr, je vais continuer à suivre et que je vous encourage à découvrir si vous ne le connaissez pas encore.● Merci à Babelio et aux éditions Allary de m'avoir offert cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Pierre.

Pierre, c'est un type normal. Un mec un peu banal. Qui fout pas grand-chose en réalité. Un peu largué, un peu seul sur la Terre ...

Pierre, c'est nous, dans nos petites contradictions, dans nos drôles d'habitude, dans nos aspirations perdues quelque part dans la vraie vie.
Un jour, parmi tant d'autres, il assiste à la mort d'un habitant du quartier, là, à l'arrêt du bus. Comme le fameux fruit qui s'éclate au sol. Comme une déflagration silencieuse qui ne bouleversera pas la marche du monde. Une vie qui s'arrête là, brutalement, sans préavis. Et Pierre, ça va le toucher. Ça va le faire réfléchir.

Commence alors une odyssée de l'inutile, un voyage vers l'essentiel, sur la ligne 69, dans ces rues, dans ces quartiers où nos contemporains se croisent, se délitent, s'ennuient, aiment parfois et courent après quelque chose d'incompréhensible. Galerie d'instants, de personnages, d'êtres humains, ceux qu'on croise tous les jours. Comme une salade de fruits, jolie, jolie, un tableau vivant de ceux qui s'accrochent aux branches pour ne pas tomber trop lourdement.

De restos un peu miteux, en parcs délabrés, le merveilleux s'immisce partout pour qui sait le voir. Florent Oiseau contemple l'ordinaire du haut de son infinie tendresse, avec une ironie mordante qui touche au tragi-comique.

Ce roman est un périple parisien dans tout ce que la ville a de plus ordinaire, de plus hors du commun. Florent Oiseau ouvre grand les yeux sur nos petits travers, nos existences si fragiles, comme le font les poètes.
Il y a de la mélancolie, il y a de l'aigre doux chez cet écrivain qui, de livre en livre, trace un sillon à la fois original et universel. Il y a de la vérité dans ce roman, encore une fois. de celle qui touche le lecteur, lui arrache un sourire, une grimace, une émotion.

Définitivement, je suis sous le charme de cet auteur, qui écrit comme nul autre les choses simples, donnant au banal ses lettres de noblesse et faisant de l'oisiveté un sport national, de la contemplation, une raison d'exister un peu plus.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Quand un couple se défait, qui est encore le plus amoureux ? La personne qui remplace l’autre dans la foulée, ou celle qui ne la remplace pas ? Qui cherche le plus à oublier l’autre ? Qui en a le plus besoin? Nous nous sommes séparés en octobre après quatorze ans d’amour. Le jour de Noël, la même année, elle ouvrait déjà ses cadeaux avec l’urologue. Quatorze ans balayés en une soixantaine de jours. Quatorze ans de promesses, de secrets, une fille, des réveillons heureux, des siestes au bord de rivières à notre écoute, des rires interminables, de la sagesse et du tumulte. Un restaurant rien qu’à nous rue Amelot, des promenades la nuit, du sexe comme de la bagarre, du sexe comme du miel. Des mots et des gestes, des phéromones, des sentiments, des factures payées ensemble, des grilles de mots croisés remplies ensemble, des murs repeints ensemble, l’enterrement de ma mère, celui de mon père. Une séparation. Et soixante jours plus tard, un autre. Un urologue. Parfois, je ne sais plus différencier ce que je vis de ce que je rêve. Ce n’est pas une façon de parler, la frontière est vraiment floue. Un jour, l’amour inonde vos vies, rien ne l’arrête, comme l’eau. Et le lendemain, on ne peut plus l’attraper, il est insaisissable, comme l’air. L’amour, c’est l’eau, le deuil, c’est l’air.
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Dès que tu lui posais une question sur un pays, il répondait toujours la même chose. " La Sierra Leone, ça relève de l'intime." Jamais un détail sur la culture locale, jamais une précision météorologique, gastronomique, anthropologique, jamais une photo de lui dans une forêt tropicale ou devant une pyramide. Que de "l'intime" et des épingles sur son globe terrestre. Il avait cet air de ceux qui sont revenus de tout sans être jamais allés nulle part.
(page 175)
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J'ai aimé voir la Seine se promener sous le pont du Carrousel. Je la voyais comme une frangine avec des idées à gauche mais qui n'allait pas voter. La Seine était une femme paisible qui fumait des roulées sous les arbres à l'heure de la sieste et n'aidait pas à débarrasser la table. Un des bouquinistes du quai Voltaire, accoudé, semblait la regarder encore, ses vieux livres l'attendaient. J'imaginais que lui aussi la voyait comme une sœur, ou peut-être comme une amoureuse, du moins, comme une femme à laquelle on prête ses confidences.
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J'étais heureux de peut-être la revoir, mais qu'avais-je à lui proposer ? Je lui rendais plus de vingt ans, ma prostate commençait à intéresser le corps médical, je ne m'émerveillais plus de grand-chose, mes pectoraux ressemblaient à des cernes, et, après trois verres de vin, ma queue n'avait plus rien à envier à une glace oubliée sur une plage de la Costa del Sol en plein mois d'août. Je posais mes mains sur mes hanches à chaque étage gravi et portait un béret qui me donnait moins l'allure d'un poète romantique que celle d'un chef de gare. Je me trouvais pathétique, avec ma boule au ventre et mon adrénaline de collégien. Elle méritait la vigueur et les projets, la fougue et la salive, l'orage et le cagnard, les cris et les larmes, la mouille et le café frais. Je ne pouvais rien lui offrir, si ce n'est lui gratouiller la tête en écoutant des chansons de Serge Reggiani, accepter de me remettre à la cigarette pour l'accompagner fumer à la fenêtre et regarder le bus de la ligne 69 charger et décharger des hommes qui l'auraient mieux aimée que moi.
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Le mouvement ajoute une dimension encore plus éphémère aux choses. Quand le bus file, il mange et digère les passants, le cerveau agit comme une baleine qui absorbe des milliers de poissons, sans qu’aucun n’apparaisse plus consistant qu’un autre. Et toutes ces personnes qui surgissent et disparaissent en même temps nous rappellent une chose que l’on ne prend pas assez en compte au quotidien : nous ne sommes que ça, des passants.
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Vidéo de Florent Oiseau
VLEEL 257 Rencontre littéraire Florent Oiseau, Tout ce qui manque, Éditions Allary
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