Vivre en guerre est quelque chose de particulier. Tout change, la ville se pare d'un autre masque. C'est le choc de la nouveauté. Quand, après avoir baisé un peu, tu deviens parent, tout le monde te prévient : attention, rien ne sera plus comme avant. Elever des enfants est l'affaire la plus banale du monde, jusqu'à ce que ça t'arrive et que tu regardes un être dans un berceau dont tout le monde s'attend à ce que tu t'adaptes à lui. Chacun autour de toi fait comme si c'était la chose la plus normale qui soit, mais ce n'est pas l'impression que tu as. Tout le monde autour de ce berceau bêle que tu peux être content d'avoir un enfant en bonne santé et l'affaire est close. Quand une ville est occupée par d'autres maîtres, d'autres coutumes, c'est la même chose. Le choc initial passé, la plupart des gens veulent faire le plus vite possible comme si c'était normal, comme si la vie continuait et qu'il fallait s'adapter, ainsi que me le disait le père de Lode.
Dans de telles circonstances, on pense indubitablement : c'est eux, ou nous. C'est soit devenir une cible, soit être le tireur embusqué. Le dernier drap dont on se pare est la haine de sa propre vulnérabilité, l'illusion d'être soi-même une victime, sans étoile sur le revers, bien sûr, mais tout autant menacé, et sous ce drap s'endormir, dans l'espoir qu'au réveil tout cela soit passé.
Le film est lamentable. A côté, le film en costumes était un chef d'oeuvre. Le soi-disant documentaire montre que derrière tout Israélite, même vêtu à l'occidentale, se cache un rat vivant aux crochets de la beauté et de la pureté, ce qui désigne bien entendu tout en chacune dans la salle. "A vomir !" crie quelqu'un et il ne parle pas de la qualité du film, mais bien de ce qui lui est vendu comme la vérité et qui lui occasionne une indigestion d'horreur.
À ce moment ,je crois entendre un léger pet de son côté , mal serré, fébrile et nerveux , comme un pet d’enfant dans un pensionnat austère.
Nous vivons dans un pays où les gens trouvent moins grave que tu saches la couleur du slip de leur femme plutôt que tu saches combien ils gagnent .
Parfois, la honte est comme une piqûre de moustique, parfois comme une crise cardiaque, parfois comme si tes os étaient broyés par l'étreinte mortelle d'un boa constrictor. Et rien ni personne ne me fera jamais oublier ça.
Tous ces autres qui ont croisé ma route, un à un, ces dernières années, j’ai su les replacer sur l’échiquier, comme un ancien mordu d’échecs remet les pièces en position pour revivre une partie qui a signifié quelque chose de particulier pour lui.
Un homme a besoin d'absurdités ; elles ont beau être sous-tendues par la volonté, l'ambition est les visions d'avenir, ça ne les rend pas moins risibles.
C'est la peur qui te fait vivre, c'est la peur qui te fait vivre.