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Critique de Tiephaine


Il est des auteurs que l'on découvre par les médias, et qui nous impressionnent par leur vision des choses, leur verve ou leur culture. Michel Onfray, en ce qui me concerne, fait partie de ceux-là. Je l'ai découvert à l'occasion de la diffusion de ses conférences sur France Culture, et j'avais énormément aimé sa façon de parler et de présenter les auteurs et penseurs qu'il aborde.

Lire Politique du Rebelle en tant que première oeuvre pour découvrir l'oeuvre écrite de Michel Onfray n'était sûrement pas la meilleure idée que j'ai eu. Il m'est en effet difficile de croire que le Michel Onfray que j'ai écouté et le Michel Onfray que j'ai lu soient une seule et même personne. Certes, une décennie sépare les deux, et les gens évoluent, néanmoins je n'ai aucunement retrouvé trace de cet auteur conférencier qui se fait historien de la Philosophie pour présenter une idée de ce que l'on appelle "Post-Anarchisme" dans cette Politique du Rebelle.
Je n'y ai trouvé, sur 300 pages, que quelques paragraphes dignes d'intérêt, vraiment dans le thème sensément abordé par ce livre. Certes, c'est assez bien écrit, et certains lecteurs ne manqueront pas d'être très intéressés, seulement je n'ai pas acheté ce livre en tant qu'oeuvre littéraire, mais en tant qu'oeuvre philosophique.
Le verbillage qui enrobe les idées, pas vraiment innovantes ni inédites, dissimule mal l'absence de véritable pensée philosophique. L'ouverture de l'ouvrage, qui consiste ni plus ni moins qu'en un point Godwin inutile, donne d'emblée la mesure: il n'y aura ici que des positions d'auteurs rapportées par Michel Onfray.
La répétition tout au long du livre de l'exemple nazi de la négation de la liberté et de l'être humain dessert absolument le propos et ne fait qu'agacer le lecteur. Certes, parfois on retombe sur une généralisation du principe à tous les totalitarismes, ou sur l'exemple du Goulag, mais sur le fond, rien ne change vraiment. Si l'on y ajoute des répétitions absurdes et inutiles d'adjectifs et de locutions toutes faites, on dresse un portrait assez noir de cette oeuvre, qui ne m'a jamais accroché.

Alors oui, l'hédonisme de Michel Onfray trouve une dimension politique que l'on peut tout à fait penser à partir de Politique du Rebelle. Mais très sincèrement, cela ne doit représenter qu'à peine une vingtaine de pages.
Tout le reste n'est que la négation de la pensée sensée être au centre de ce livre: la Liberté dans sa dimension anarchiste, individuelle, libertaire. Comment un auteur qui prône une liberté de pensée absolue, une revendication politique libertaire très forte et inébranlable, peut-il oser s'effacer derrière des auteurs dont la plupart sont morts depuis près d'un quart de siècle, au mieux, au moment de la rédaction de cet ouvrage?
Soit on est libre de penser, et on revendique ses propres positions, quitte à citer des auteurs pour établir une filiation d'idées, soit on ne l'est pas, et on cite des auteurs pour faire croire qu'on a une pensée.
Malheureusement, Michel Onfray semble faire partie de cette deuxième catégorie, en tout cas en ce qui concerne l'aspect politique de sa philosophie hédoniste...

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