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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Surpris, au début, de trouver Clara et André Malraux, en 1926, dans ce qu'on appelait à tort l'Indochine, colonies qui regroupaient des peuples différents (les Khmers, les Amanites et les Vietnamiens), j'ai peu à peu pris goût à l'histoire.

Les Jungles rouges est un roman qui m'a éclairé sur une période pas si lointaine, période qui a vu l'empire colonial français, comme on disait, s'effondrer. Jean-Noël Orengo, auteur que je découvre grâce aux Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com, démontre une écriture flamboyante, bien en adéquation avec cette jungle dans laquelle il nous entraîne à plusieurs reprises et qu'il décrit si bien.
Je me suis fait rapidement aux changements d'époque. Alternent le milieu des années 1920 avec la montée de plus en plus évidente des désirs d'indépendance en Indochine, les années 1950 durant lesquelles les futurs leaders indépendantistes se retrouvent et se forment à… Paris, puis 1973 et 1975 avec la prise du pouvoir sanglante par les khmers rouges, la fin du XXe siècle revenant à Paris et même à Trouville et le coup de théâtre final, en 2016. L'auteur précise, pour chaque nouveau chapitre, le lieu et la date pour ce qui va se passer, ce qui est précieux.
Entre volonté farouche d'indépendance et départ vers des horizons fantasmés - l'Asie du sud-est pour les Européens et l'Europe de l'Ouest pour les Thaï, Khmers, Vietnamiens - le roman est dense, un peu fouillis mais c'est volontaire, je pense, même si cela m'a désorienté parfois. Pourtant, cela a été une formidable motivation pour aller au bout de cette histoire terrible mêlant amour, politique et sexe tarifé ou non.
Jean-Noël Orengo m'a bien fait ressentir les dégâts irréparables de la colonisation, les mélanges de peuples pas toujours réussis et l'échec de théories parfaites sur le papier mais désastreuses dans leur application. Plongé dans cette histoire compliquée, je voulais toujours en savoir plus et je suis parfois resté un peu sur ma faim. En tout cas, les souffrances, les drames, les morts innombrables causés par la barbarie des khmers rouges et les bombardements américains ne doivent pas disparaître des mémoires.
L'auteur m'a donc fait aussi rencontrer Clara et André Malraux, démystifiant le grand homme, puis m'a plongé dans la vie quotidienne au Cambodge, en Thaïlande, au Vietnam mais aussi en France. Son style est bluffant parfois, son écriture d'une richesse intense et le coup de théâtre final, même s'il emprunte des chemins détournés, mérite d'être souligné.

J'ai beaucoup appris en lisant ce livre. J'ai été ému, horrifié aussi, lassé parfois par des détours que je n'attendais pas. Marguerite Duras est même venue compléter le tableau. Était-ce vraiment nécessaire ? Oui, mais pas indispensable.


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« Je suis khmer, pas vietnamien. Pas annamite. On ne s'entend pas. L'Indochine, pas exister ! L'Indochine, c'est votre histoire, pas la nôtre ! Mais votre occupation nous unit ! » (p. 19) Qui était Xa Prasith, figure énigmatique d'une Asie sud-orientale en pleine mutation ? Fils du boy du jeune couple Malraux, meilleur ami du futur Pol Pot, veuf inconsolable, père près au dernier sacrifice pour sauver son enfant, héros légendaire disparu dans des circonstances troubles : il était tout cela et plus encore. Son chemin croise celui de Catherine Leroy, photographe de guerre. Plus tard, c'est Marguerite Duras qui est fascinée par sa fille, Phalla, adoptée par un couple de Français. le mystère qui entoure Xa Prasith n'est pas dissipé : pour que le voile se lève, il faudra un dernier voyage, un retour vers l'ancienne terre des jungles rouges. « Elles sont hantées, habitées des pires créatures de la terre, minuscules et voraces, de félins fous et surtout d'esprits, de fantômes – une armée de l'au-delà. Des jungles rouge meurtre, comme la couleur des pistes de ce pays menant vers les populations les plus reculées, les plus visitées de la colonie. » (p. 28 & 29)

Le 1er août 1954 marque la fin de la guerre d'Indochine, mais la guerre du Vietnam ne tarde pas à prendre le triste relais des affrontements. Les Américains ont remplacé les Français et le désir d'indépendance des populations autochtones est de plus en plus vivace. Mais tout passe et tout cesse. Des années plus tard, les morts ne sont plus que des chiffres et tout reste à dire et à inventer pour parler des conflits. « La guerre s'étiolait vers son aboutissement. Bientôt elle serait un souvenir immense offert en pâture au cinéma et à la littérature. » (p. 130) le talent de Jean-Noël Orengo est d'éviter la fresque historique pour proposer ce qui est presque une chronique en prise directe. En suivant les voix des multiples intervenants de ce roman choral, on se frotte à une réalité dure, palpable, pleine d'odeurs et d'humidité. Les guerres d'indépendance ne sont pas les périodes historiques qui m'intéressent le plus, mais j'ai plongé avec beaucoup de curiosité et d'intérêt dans ce roman qui mérite amplement sa place dans la première liste des candidats au prix Renaudot.
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Ce roman, découvert totalement par hasard, est un subtil mélange entre réalité et fiction, entre personnages ayant vraiment existé, ayant eu leur part dans l'Histoire de l'Indochine (André et Clara Malraux, Pol Pot, Thioun Prasith, pour n'en citer que quelques-uns) et personnages de l'invention de Jean-Noël Orengo, comme justement celui au centre de cette histoire, Xa Prasith. C'est également un subtil mélange entre plusieurs époques, des années 1920 à notre monde contemporain, époques pendant lesquelles nous suivons la genèse et l'évolution de ce personnage au fil des ans.

N'étant que peu familière des évènements racontés, au contraire des personnages historiques évoqués, je n'ai à aucun moment eu la sensation de me trouver face à des scènes historiques ; je me suis de ce fait laissé entraîner en quelques pages par une intrigue parfaitement construite, romanesque par excellence, qui m'a projetée avec aisance dans les lieux et époques décrits.

Qui plus est, Les jungles rouges fait montre d'une très belle plume, toute en mouvement, en ce qu'elle parvient à alterner, selon les personnages centraux des chapitres, entre plusieurs postures et styles, plus ou moins sensibles et poétiques, plus ou moins concrets et pragmatiques, sans que cela ne se ressente de manière artificielle à la lecture. Cette plume ne vient, ainsi, que renforcer la construction déjà très pertinente de l'intrigue.

Un belle découverte en somme que ce roman : je pense lire d'autres ouvrages de son auteur, dont j'ai particulièrement apprécié le style et la capacité à s'approprier l'Histoire, sans pour autant en dénaturer l'essence – après m'être tout de même renseignée sur les évènements réels évoqués pour avoir le fin mot de l'histoire, réelle ou fictive -.

Je remercie les éditions Grasset de m'avoir donné la possibilité de lire cet ouvrage via Netgalley.
Lien : https://lartetletreblog.word..
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Un roman passionnant mais tellement foisonnant qu'il nous perd à plusieurs reprises, nous égare quelque part entre Vietnam, Cambodge et Thaïlande, quelque part dans les jungles rouges... (plus d'infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/08/25/foisonnant-mais-passionnant-les-jungles-rouges-jean-noel-orengo/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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le début m'a intéressée : il allait être question de la guerre d'Indochine puis celle du Vietnam, les américains prenant la suite des français; les khmers rouges, Sianouk et Pol Pot: j'en avais entendu parler, surtout de Dien Bien Phu quand j'allais vers mes dix ans.
Ensuite, c'est devenu si compliqué que j'ai failli abandonner, l'image des Malraux est négative: voleurs d'oeuvre d'art qui laissent quasiment tomber leur boy; lequel engendre Xa Prasith dont les faces multiples sont évoquées au long du livre.
La première partie alterne des chapitres "légendes dorées" et jeunesses mystérieuses".Cela se termine en 1929. La deuxième partie commence en 1968, avec une photographe qui réussit à saisir l'ennemi. continue avec Octobre rouge, puis l'Ambassade de France: où Prasith confie Phalla au couple La Rochelle, leur faisant promettre de raconter sa vie à sa fille; ensuite c'est le Haut-Parleur: propagande. La troisième partie se passe à Trouville en 1980 sous les yeux de Marguerite Duras ou à Paris en 1996 où Phalla crée des éventails; en 2016, l'ami de Phalla enquête sur son père biologique...et cela conduit à un bouleversement

J'ai envie d'abandonner mais miracle à partir de la page 164, cela devient un roman où un couple stérile se voit remettre un nourrisson dont la mère est morte, par le père en danger de mort et qui veut donner une chance à sa fille Phalla. Restent une centaine de pages qui parlent de violence, d'amour, de goût d'ailleurs...
"Les jungles rouges" évoquent à la fois les redoutables Khmers rouges mais aussi cette jungle: savane aux hautes herbes et arbres sur une terre très rouge.




Cela me donne envie de relire Kampuchea (Cambodge) de Deville.

Les sélections pour les prix m'étonnent une fois de plus
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Jean-Noël Orengo livre ici un roman particulièrement intéressant. le lecteur est surpris de découvrir dès le début qu'il va suivre des personnages bien connus comme les Malraux, on retrouvera dans la suite du roman le futur Pol Pot ou bien Marguerite Duras.

On découvre aussi en fil conducteur du roman d'autres personnages d'une même famille et qui s'avèrent tout aussi intéressants : Xa, le boy khmer des Malraux, Xa Prasith, le fils de Xa, et Phalla, la fille de Xa Prasith.

Le lecteur est invité à suivre ces destins sur fond de colonisation européenne de l'Asie du sud-est au début du XXème siècle, puis de guerre civile cambodgienne. On fait donc régulièrement des sauts dans le temps, le livre couvrant un siècle quasiment.

C'est très dense comme ouvrage, surtout sur le plan historique. J'ai été amené à faire deux-trois recherches en parallèle car ce n'est pas évident à suivre si vous n'êtes pas familier de l'histoire de ces pays. J'ai donc rafraichi mes connaissances et appris également pas mal de choses durant ma lecture.

Par ailleurs, j'ai trouvé le style de l'auteur agréable. Au-delà de la densité historique, la construction du roman est bien pensée et on ne s'y perd pas, je n'ai pas eu besoin de revenir en arrière comme cela peut arriver avec certains romans de cette densité.

Un roman intéressant, érudit, au style agréable et mêlant habilement la grande histoire avec des éléments romancés et des destins particuliers. Une belle petite découverte !
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À travers une succession d'époques et de lieux, on découvre le destin d'un homme qui aurait tour à tour été : le fils du boy khmer des Malraux pendant leur aventure indochinoise en 1924 ; un militant nationaliste cambodgien, meilleur ami de Saloth Sâr, le futur Pol Pot, durant son séjour à Paris vers 1950 ; un officier khmer rouge, responsable de la propagande, et qui, désertant un mouvement devenu fou, confie Phalla, sa fille venant de naître, à un couple de Français lors de la chute de Phnom Penh en 1975 ; et cette figure de père mythique, hantant Phalla et son petit ami, Jean Douchy, dans les années 1990 et 2000.

Voici un roman complexe sur le destin du Cambodge.

D'abord parce qu'il mêle les époques (heureusement, les lieux et dates sont précisés) et les personnages historiques (Malraux mais aussi Duras).

Complexe parce que je l'ai trouvé parfois inutilement précis (les marques des hélicoptères, les noms de rues de Paris). Mais cela est aussi une tentative d'ancrer le personnage dans la réalité des lieux et des faits.

Parfois pénible à lire quand l'auteur veut absolument ajouter un second adjectif ou une seconde précision à un texte déjà bien précis.

J'ai toutefois aimé le leitmotiv de la narration : la même chose mais pas identique. (« Je suis comme vous, mais pas tout à fait comme vous »).

J'ai découvert l'art de l'éventail dans le théâtre cambodgien.

Une lecture plus historique que romancée.

L'image que je retiendrai :

Celle du palais de Bokor, construit sur l'exploitation des hommes et plusieurs fois abandonné.
Lien : https://alexmotamots.fr/les-..
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