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Critique de Arimbo



Certaines de mes derniers lectures, dont l'excellent roman de Damasio sur fond d'une société d'auto-surveillance, La zone du dehors, qui se déroule, ce n'est pas un hasard, en 2084, m'ont amené à relire ce terrible et formidable livre d'Orwell.

Ici, le héros Winston et sa compagne Julia, plongés dans un monde totalitaire où surveillance est la règle, va fonder des espoirs dans un mouvement clandestin, la Fraternité, pour susciter une révolte des prolétaires de l'Ocenia, un des trois conglomérats de pays qui peuplent la Terre.
Mais tout ceci n'est qu'un leurre et Winston ainsi que Julia tomberont dans le piège que leur avait tendu un membre du Parti qui leur avait fait croire qu'il faisait partie de cette armée de résistance clandestine.
Dès lors, on assiste à la « rééducation » de Winston, et on découvre à la fin le résultat d'anéantissement humain auquel ce traitement a conduit Winston et Julia. Et l'avènement de la novlangue qui rétrécit le champ des possibles de la pensée.

Évidemment, c'est terrifiant, et d'un pessimisme noir.

Mais Orwell, en poussant à l'extrême le monde du totalitarisme, nous en montre tous les rouages:
- le contrôle absolu de tous les individus, non seulement de leurs actes, mais de leur pensée;
- l'élimination, ou pire encore, le « lavage de cerveaux » des opposants au système avant leur élimination;
- la falsification des faits, mêmes évidents (le terrible postulat que l'on impose à Winston sous la contrainte violente que deux et deux font cinq, un exemple saisissant);
- la guerre permanente, la haine de l'ennemi extérieur et intérieur comme levier pour mettre en mouvement la population;
Et tant d'autres choses.

On peut se dire que c'est exagéré et que ce n'est pas possible dans nos démocraties.
Et pourtant, il y eu au 20ème siècle, le régime nazi, le régime stalinien, plus près de nous le Cambodge de Pol Pot, et en ce moment, la Chine redevenue totalitaire de Xi Jinping, dans laquelle le contrôle de toute la population emploie des moyens de plus en plus sophistiqués, et puis bien entendu la Corée du Nord, le Califat de l'Etat Islamique, le régime taliban d'Afghanistan, et dans une moindre mesure le régime iranien.
Et je pense aussi à ces mouvements sectaires qui aliènent l'individu, qui contrôlent sa pensée comme ses actes.

Et, ne cherchons pas si loin, « la liberté c'est l'esclavage », ça ne vous dit rien, avec nos conditionnements de pays dits libres, par la publicité, les médias en continu, les réseaux sociaux où l'on refait la réalité et où se propage le complotisme, le succès de celles et ceux qui attisent la haine de l'autre, étranger, immigré, musulman, etc…

Ce qui est terrible dans le monde décrit par Orwell, et c'est un avertissement, c'est que la puissance du système mis en place voue la révolte à l'échec. C'est aussi, et Winston va le découvrir avec horreur, c'est que le totalitarisme tout puissant ne cherche même pas à se justifier par un projet de construction d'un avenir meilleur pour les humains, par une quelconque idéologie, non, « le Parti recherche le pouvoir pour le pouvoir, exclusivement pour le pouvoir », c'est l'emprise sur les humains qui est le but, et non un moyen quelconque.

Et la leçon, c'est pour moi celle-ci: essayons toujours, jusqu'à notre denier souffle, et apprenons aux autres, de cultiver la liberté de l'esprit.
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