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Critique de mylena


Au sortir de la seconde guerre mondiale George Orwell a imaginé une société où le groupe domine sur l'individualisme, où il n'y a plus de liberté d'expression, où les moindres regards, pensées, faits et gestes sont traqués par des télécrans omniprésents. Ce monde concentre toutes les méthodes qui existent aux quatre coins de la planète pour cadenasser la pensée, et instaurer un régime totalitaire : la surveillance constante, la peur constante de la délation, y compris au sein de sa famille, la capacité des foules à croire n'importe quel mensonge à force de répétitions, la réécriture de l'histoire, la simplification de la langue pour compliquer l'expression d'une pensée originale, la création d'un ennemi pour souder le peuple contre celui-ci, etc... pour supprimer tout individualisme, toute liberté de pensée. le passé est réécrit, le présent est surveillé, le futur est contrôlé. le totalitarisme est poussé à l'extrême, plus parfait que le nazisme ou le stalinisme : ni camps de concentration ni goulags, pas de racisme (l'ennemi est tantôt estasien, tantôt eurasien), pas de lutte des classes. Il n'y a que trois groupes : le parti intérieur (la classe dirigeante), le parti extérieur (les cadres, la classe moyenne) et les prolétaires. Contrairement à La ferme des animaux, récit que je trouve trop caricatural et grossier, ici tout est travaillé avec soin : le rythme, l'intrigue (même si Orwell s'est certainement inspiré de Nous autres de Zamiatine). Dès les premières lignes tout est suggéré avec finesse : la ville est froide, austère, en ruines, les deux seules choses qui fonctionnent sont le télécran et l'hélicoptère, pas trace d'un humain, la seule tache de couleur est l'affiche de Big Brother. La première action que tente de faire le héros, Winston, est toute simple : réussir à pénétrer assez vite dans l'immeuble pour que la bourrasque de poussière ne s'y engouffre avec lui. C'est un échec, peut-être pour annoncer l'échec final. J'ai lu que Margaret Atwood interprétait 1984 un petit peu différemment. D'après elle il y a le récit principal avec sa chute pessimiste. Mais l'appendice qui suit sur la Novlangue (et dont on ignore qui est censé être le narrateur) suggère que c'est une langue ancienne qui n'existe plus et surtout, il n'est pas du tout rédigé en Novlangue ! Cela m'avait totalement échappé à la première lecture, mais elle a tout à fait raison. Cela ne change pas le sens du roman mais laisse une ouverture vers de l'espoir.
Au rythme où s'accélère la surveillance des individus par le biais d'Internet et des portables, quand on voit ce qu'en fait la Chine avec son système de Crédit Social pour contrôler les comportements de sa population, il est absolument indispensable de rester vigilant et de lire et relire ce roman dont la place est parfaitement justifiée dans la liste des indispensables de tous les temps de la BBC et dans celle des indispensables du Xxème siècle d'après le Monde. A lire absolument si ce n'est déjà fait.
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