Je ne connaissais pas
David Osborn mais je pense que cette lecture va m'amener à me pencher sur son oeuvre tant j'ai adoré cette lecture. C'est une véritable « dinguerie » car bien que l'intrigue semble absolument terrifiante, on finit par se dire : « Mais finalement, c'est tout à fait possible ! » Et là, on commence clairement à stresser et à se dire qu'on ferait peut-être mieux de remettre à une prochaine fois la sortie en forêt prévue pour le week-end.
Derrière l'image de pères de bonne famille parfaitement intégrés dans leur vie et dans leur carrière professionnelle,
David Osborn dévoile le visage que pourrait prendre l'horreur absolue, celui d'hommes convaincus de leur virilité et de leur impunité totale, quoi qu'ils fassent, et ce compte tenu de leur position sociale. Illustrant parfaitement l'adage « l'homme est un loup pour l'homme », Ken, Greg et Art s'autorisent tous les extrêmes car il est clair que pour eux, leurs droits sont simplement ceux qu'ils s'octroient à eux-mêmes, faisant ainsi fi de toute autre contrainte imposée par la société. L'autre n'est à leurs yeux qu'une simple proie avec laquelle ils s'amusent un temps tels des chats avec une souris avant la mise à mort. Pas d'émotions, pas de compassion, rien que des plaisirs égoïstes et furtifs. Tout cela se révèle d'autant plus perturbant que la narration et le contexte donnent l'impression d'un réalisme absolu. Rien n'empêche effectivement d'imaginer que son voisin, son collègue ou même son frère ne pourraient pas un jour avoir les mêmes loisirs pervers voire sadiques que nos trois « héros », sans que l'on en ait conscience. Et là, on aurait vraiment énormément de difficultés à leur trouver des excuses. Et c'est en cela que le malaise s'installe magnifiquement bien au fur et à mesure que l'intrigue avance.
Outre cette mise en scène de l'horreur humaine, la réussite de l'oeuvre de
David Osborn repose dans la double intrigue qu'il met en place. En effet, en parallèle de l'équipée meurtrière des trois protagonistes centraux, on assiste à une autre « chasse » que ces derniers n'avaient pas prévue. Et c'est là que l'histoire prend une autre dimension car le lecteur se surprend à penser qu'on ne récolte que ce que l'on sème et à devenir aussi pervers que ces trois lascars. On suit alors, en simple spectateur, cette seconde intrigue avec avidité, pressé de voir les deux histoires se recouper enfin et de découvrir la solution de l'énigme qui nous est posée quasiment dès les premiers chapitres du roman : qui peut bien être ce « il » dont on suit les préparatifs particulièrement précautionneux ? Personnellement, je me suis trompé mais lorsque j'ai découvert l'identité de cet inconnu, je dois avouer que j'ai été plutôt heureux de ce choix et de ses motivations. Il est à noter également que
David Osborn, dans les cent dernières pages et alors que l'on vient de découvrir le fin mot de l'histoire, parvient à susciter encore une fois l'intérêt du lecteur puisqu'il nous fait assister à la seconde « chasse ». le climax arrive, toutefois, à la dernière page où une dernière révélation amenée de manière très subtile voire presque en catimini exonère définitivement les lecteurs du plaisir coupable qu'ils ont pu éprouver en assistant à ce second récit. On peut alors souffler en se disant que, finalement, nous ne sommes pas aussi malsains que nous l'avions pensé.
Pour ceux qui ont aimé "
Des noeuds d'acier" de
Sandrine Collette, vous allez adorer ce roman, faites-moi confiance. En tout cas, pour moi, c'est un véritable coup de coeur et, pour les amateurs de thrillers, c'est une lecture indispensable.
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