Dans les matitis (bidonvilles) de Libreville, trouver LA combine pour devenir riche est l'occupation principale de la jeunesse oisive. Une nuit Benito, le fan de rap et Tata, le bourou-bourou (teigneux) attendent leur ami Balard qui pourrait avoir enfin perdu sa virginité avec la belle Nathalie. Mais pas le temps de fêter la bonne nouvelle. Une voiture vient s'encastrer dans un poteau et à son bord une mallette qui va faire leur fortune !
Pendant ce temps, Kader, Pepito et Poupon préparent un très gros coup : attaquer le directeur de la China Woods le jour où il transporte la paye du mois des ouvriers, un petit chinois peu méfiant qui transporte sans escorte des sommes colossales.
A la PJ, les flics se concentrent sur une affaire autrement plus importante :
les voleurs de sexe ! Dans les rues de la capitale gabonaise, la psychose s'installe. D'un simple contact de la main,
les voleurs de sexe envoient une décharge électrique et volent le bangala (pénis) de pauvres hommes jusque là fiers de leurs bijoux de famille.
Trois intrigues mêlées pour une description pas très flatteuse de la société gabonaise. La pauvreté, les combines, les gros coups, la corruption, la superstition...des fléaux qui gangrènent un pays jusqu'au chef d'Etat qui a lui aussi beaucoup à cacher. Voyous et ripoux s'unissent avec pour but unique de se remplir les poches à moindre frais. Les flics qui n'hésitent pas à torturer leurs suspects passent leurs journées à se la couler douce, pariant aux courses ou fournissant des armes aux petits délinquants. Au passage,
Janis Otsiemi en profite pour dénoncer la nouvelle ''chinafrique'', exploitation des ressources et des personnes par une Chine toute puissante qui prend et peine à rendre.
Du lourd, du noir, mais pas de morosité dans la prose de l'auteur qui nous régale de sa langue imagée et percutante, un parler des rues de Libreville, savoureux, drôle, émaillé de proverbes africains, un français vivant et vivifiant. La vie est dure à Libreville mais l'espoir de s'en sortir ne s'éteint jamais. On se réjouit d'un coup réussi, on se résigne quand il rate, la faute à pas de chance, et le prochain sera meilleur !
Ce n'est pas le polar de l'année, les intrigues, simplistes, se résolvent assez facilement mais l'ambiance africaine vaut vraiment le détour. La plume d'Otsiemi est un régal et le temps de quelques heures, on voyage vers son Gabon corrompu mais plein de vie.