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Critique de Renod


Renod
17 février 2015
Alik, un peintre russe qui s'est installé à New-York, git au milieu de son salon.Affaibli par une longue maladie, il ne lui reste plus que quelques jours à vivre. Il contemple la bohème joyeuse et incessante qui anime son loft : l'argent manque, les visites sont permanentes (des amis, des relations lointaines ou même de parfaits inconnus), chacun apporte ce qu'il peut, surtout des bouteilles d'alcool, les toiles traînent, un visiteur s'est endormi sur le tapis... Alik est soigné par quatre femmes qui se sont dénudées pour échapper à l'atmosphère étouffante de cet été caniculaire : Nina son épouse, Irina son ex, Valentina une amie et Joïka la voisine.
Alik a su recréer l'ambiance de sa Russie natale dans son atelier, une patrie chimérique qui renaît dans ce joyeux bordel et ce mélange d'irresponsabilité et de fête. La personnalité du peintre a constitué un magnétisme puissant qui a attiré des êtres différents, voire opposés, qui n'ont en commun que leur émigration. Ce pays qu'ils ont définitivement quitté, dont ils désapprennent progressivement la langue, ils prennent conscience qu'ils l'ont dans leurs tripes, dans leur sang, au plus profond d'eux-mêmes.
Nina, souhaite faire baptiser cet incroyant issu d'une famille juive. Baptisé à la va-vite alors qu'il est inconscient, enterré selon les rites israélites, il n'est à sa mort ni chrétien, ni juif, il reste profondément russe. Il adresse un message posthume à ses amis : « Allez servez à boire ! Buvons et mangeons ! Comme toujours ! Comme d'habitude » La fête, la frénésie et la bohème doivent lui survivre.
La vie continue mais le foyer d'Alik, lui, n'existe plus. Chacun part suivre son destin. Il laisse une fille et une oeuvre dont la vraie valeur sera peut-être reconnue un jour .
Ludmila Oulitskaïa sait parfaitement rendre les ambiances familiales et amicales riches d'enjouement et de tendresse. le roman est agréable, drôle, haut en couleur. L'auteur date son récit à l'été 1991, à un moment où un autre corps malade agonise, à l'image d'Alik : l'Urss. Malgré la fin d'un régime politique, malgré le déracinement, l'âme russe se perpétue. C'est un ensemble de souffrance, de bordel, de désinvolture, de fête et d'amitié qui semble indestructible.
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