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Sophie Benech (Traducteur)
EAN : 9782070417179
224 pages
Gallimard (21/03/2001)
3.48/5   63 notes
Résumé :
" Il faisait une chaleur torride, cent cour cent d'humidités.On aurait dit que l'énorme ville tout entière, avec ses immeubles inhumains, ses parcs magnifiques, ses gens et ses chiens multicolores, était parvenue à la limite de la phase solide - encore un peu, et les êtres à demi liquéfiés allaient se mettre à flotter dans l'air transformés en bouillon. " C'est dans son loft d'artiste à Manhattan, dans une ville écrasée de chaleur, qu'Alik, peintre juif russe émigré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Le titre parle de lui-même, Ludmilla Oulitskaïa nous livre une comédie douce amère. Nous assistons dans un appartement, à New York, aux derniers instants d'Alik entouré d'une bande d'amis, expatriés russes, agités et excentriques.
L'atmosphère est étouffante il fait chaud, très chaud et lourd à New-York, Alik, peintre russe et juif est entouré de sa femme Nina et de ses anciennes amantes car Alik a aimé et aime les femmes ! Dans cette atmosphère suffocante une ronde incessante se crée entre le living et la douche… les femmes à demi-nues cherchent la fraicheur dans la moiteur de la pièce. le récit devient sensuel et tandis que tous vont et viennent, discutent, crient, se chamaillent joyeusement et Alik s'en va doucement, il se meurt. Sa femme, Nina, voudrait le faire baptiser et celui-ci accepte à condition que le rabbin soit présent, tout cela n'est pas très orthodoxe !
Ludmilla écrit avec une plume énergique, cette tragédie de la vie, elle manie un humour discret, son récit est enlevé et drôle !
Ludmilla nous parle de russes et de Russie, son pays qu'elle n'épargne guère. Elle nous parle de religion, de vie et de mort. Elle nous entraine dans un tourbillon vers la grande fin, dans une ambiance pas du tout ordinaire.
C'est plaisant à lire

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De Joyeuses funérailles est un court roman sympathique de 1999.
Alik un peintre juif émigré va mourir. Dans son loft new-yorkais écrasé de chaleur sont rassemblées plusieurs femmes nues ou presque qu'il observe. Nina, sa maigre épouse aux longs cheveux d'or qu'il a "rapporté" d'un voyage en Inde. Elle porte une croix en or, a fait venir une guérisseuse traditionnelle qui lui a mis en tête de le baptiser. Elle est un peu cinglée sur les bords mais elle est brave. Valentina une ex campagnarde à la poitrine généreuse qu'il a initié à tout, notamment au ragtime et au vagabondage artiste. Irina Pierson, jadis acrobate de cirque et à présent avocate aux honoraires élevés. Elle a une poitrine entièrement refaite à neuf. Sa fille Maïka, surnommée Tee-shirt. C'est une gamine de quinze ans en pleine crise qui porte un tee-shirt sympa offert par Alik, le seul qui semble la comprendre. Celui-ci a l'intention de profiter de ses derniers jours. Il a accepté de rencontrer un pope à condition de rencontrer également un rabbin...

Le roman présente donc une galerie de portraits haute en couleur de la diaspora russe. le loft est une arche idéale et Alik un épicurien sympathique jusqu'au bout. A la télé américaine on regarde le putsh de Moscou sans savoir comment cela va tourner. On s'interroge. le roman reste joyeux et vivant jusqu'au bout.

Sur ce, je pars enterrer joyeusement 2021. A l'année prochaine !
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De joyeuses funérailles est un roman qui nous fait vivre les moments les plus troubles de l'attente de la mort, comment ce mot si sombre affecte l'âme humaine malgré toutes les forces qu'elle peut déployer pour vaincre cette fatalité! Autant l'atmosphère est entachée de lourdeur, autant les derniers sentiments d'amour, de légèreté et beaucoup de souvenirs refont surface...
Autour d'une célébrité, un peintre russe immigré aux Etats-Unis, qui, sérieusement malade, est à ces derniers jours sur terre, malgré l'odeur de la mort, des amis se retrouvent et l'assistent jusqu'à l'épuisement de son souffle. Ils soupirent avec lui espérant alléger ses douleurs. Ses anciennes maîtresses viennent soutenir sa femme pour la recherche des solutions mais le temps n'est plus aux faveurs. Ce moment d'attente est aussi un rendez-vous où chaque visiteur doit renouer avec son passé, c'est le réveil de ses propres malheurs...
Un roman très touchant!
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Alik, un peintre russe qui s'est installé à New-York, git au milieu de son salon.Affaibli par une longue maladie, il ne lui reste plus que quelques jours à vivre. Il contemple la bohème joyeuse et incessante qui anime son loft : l'argent manque, les visites sont permanentes (des amis, des relations lointaines ou même de parfaits inconnus), chacun apporte ce qu'il peut, surtout des bouteilles d'alcool, les toiles traînent, un visiteur s'est endormi sur le tapis... Alik est soigné par quatre femmes qui se sont dénudées pour échapper à l'atmosphère étouffante de cet été caniculaire : Nina son épouse, Irina son ex, Valentina une amie et Joïka la voisine.
Alik a su recréer l'ambiance de sa Russie natale dans son atelier, une patrie chimérique qui renaît dans ce joyeux bordel et ce mélange d'irresponsabilité et de fête. La personnalité du peintre a constitué un magnétisme puissant qui a attiré des êtres différents, voire opposés, qui n'ont en commun que leur émigration. Ce pays qu'ils ont définitivement quitté, dont ils désapprennent progressivement la langue, ils prennent conscience qu'ils l'ont dans leurs tripes, dans leur sang, au plus profond d'eux-mêmes.
Nina, souhaite faire baptiser cet incroyant issu d'une famille juive. Baptisé à la va-vite alors qu'il est inconscient, enterré selon les rites israélites, il n'est à sa mort ni chrétien, ni juif, il reste profondément russe. Il adresse un message posthume à ses amis : « Allez servez à boire ! Buvons et mangeons ! Comme toujours ! Comme d'habitude » La fête, la frénésie et la bohème doivent lui survivre.
La vie continue mais le foyer d'Alik, lui, n'existe plus. Chacun part suivre son destin. Il laisse une fille et une oeuvre dont la vraie valeur sera peut-être reconnue un jour .
Ludmila Oulitskaïa sait parfaitement rendre les ambiances familiales et amicales riches d'enjouement et de tendresse. le roman est agréable, drôle, haut en couleur. L'auteur date son récit à l'été 1991, à un moment où un autre corps malade agonise, à l'image d'Alik : l'Urss. Malgré la fin d'un régime politique, malgré le déracinement, l'âme russe se perpétue. C'est un ensemble de souffrance, de bordel, de désinvolture, de fête et d'amitié qui semble indestructible.
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Une atmosphère étouffante des journées parisiennes qui nous font aisément imaginer celle de New York, évoqué dans ce court roman de Ludmila Oulitshaïa, centré sur un élément tragique, la disparition d'Alik, peintre juif russe émigré.
Le titre volontairement paradoxal avec son qualificatif de « joyeuses » introduit la discordance sur la tonalité donnée à un tel évènement et nous met au diapason du style enlevé de ce roman, d'un comique mi-figue, mi-raisin avec ses personnages haut en couleur, religieux ou laïques.
Ceux d'une diaspora russe qui reste attachée à ses valeurs. L' « agonie » lente du héros est baignée d'une atmosphère un peu irréelle, dans un réel climat d'amitié, où ses maîtresses viennent soutenir sa femme légitime, qui veut le faire baptiser, jusqu'à son dernier souffle.

Une forme de célébration de l'âme russe éternelle. Un quatrième livre de l'auteur qui se lit facilement, avec un certain sourire…
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Tous les gens nés en Russie qui se trouvaient ici, et qui différaient par leurs dons, leur éducation ou simplement leurs qualités humaines, avaient un point commun: tous, ils avaient quitté la Russie d'une façon ou d'une autre. La plupart avaient émigré dans la légalité, certains étaient des réfugiés, les plus intrépides s'étaient évadés en franchissant une frontière. Mais cet acte qu'ils avaient accompli les apparentait. Quelles que fussent leurs divergences d'opinions, quelle que fût la façon dont leur vie avait tourné en émigration, il y avait dans cet acte quelque chose qui les liait irrémédiablement: le franchissement d'une frontière, la fracture d'une ligne de vie coupée net, l'arrachement de vieilles racines et l'implantation de nouvelles dans une terre étrangère, avec une autre consistance, une autre couleur, une autre odeur.
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Il faisait une chaleur torride, cent pour cent d'humidité. On aurait dit que l'énorme ville tout entière, avec ses immeubles inhumains, ses parcs magnifiques, ses gens et ses chiens multicolores, était parvenue à la limite de la phase solide - encore un peu, et les êtres à demi liquéfiés allaient se mettre à flotter dans l'air transformé en bouillon.
(début)
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Durant toutes ces années, pour la majorité d’entre eux, les nouvelles venant de Moscou sur la progression, là-bas, de l’absurdité, de la médiocrité et de la criminalité, constituaient, qu’ils en fussent conscients ou non, la confirmation souhaitée que leur choix de vie était justifié. Mais personne ne pouvait supposer que ce qui se passait à présent dans ce pays lointain, ce pays d’autrefois qu’ils avaient rayé de leur existence – qu’il crève donc – éveillerait en eux un écho aussi douloureux. Il s’avérait que ce pays, ils l’avaient dans les tripes, dans l’âme, et, quelle que fût l’opinion qu’ils en avaient – et ces opinions étaient diverses - le lien qui les rattachait à lui était indestructible.
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Durant toutes ces années, pour la majorité d’entre eux, les nouvelles venant de Moscou sur la progression, là bas, de l’absurdité, de la médiocrité et de la criminalité, constituaient, qu’ils en fussent conscients ou non, la confirmation souhaitée que leur choix de vie était justifié. Mais personne ne pouvant supposer que ce qui se passait à présent dans ce pays lointain, ce pays d’autrefois qu’ils avaient rayé de leur existence-qu’il crève donc- éveillerait en eux un écho aussi douloureux. Il s’avérait que ce pays, ils l’avaient dans les tripes, dans l’âme, et , quelle que fût l’opinion qu’ils en avaient – et ces opinions étaient diverses-, le lien qui les rattachait à lui était indestructible.
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La plupart d'entre elles étaient arrivées avec vingt kilos de bagages et vingt mots d'anglais pour tout viatique, ayant perpétré au nom de cette transplantation une centaine de ruptures, petites et grandes: avec leurs parents, avec leur rue et leur quartier, avec l'air et avec l'eau et pour finir - ce dont on met le plus longtemps à prendre conscience - avec leur langue maternelle, laquelle devenait avec le temps de plus en plus fonctionnelle et utilitaire.
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Vidéo de Ludmila Oulitskaïa
Eurasieexpress Réflexion à haute voix : "La Lecture est un exploit", aux Journées du Livre russe à la Mairie du Vème arrondissement de Paris le 9 février 2020. Cette réflexion constitue une partie du prochain livre d'Oulitskaia, à paraître cette année.
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