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3,36

sur 192 notes
Disons le franchement, en plongeant dans ce livre je ne savais pas à quoi m'attendre. le Pitch m'avez tout de suite tapé dans l'oeil : une société où les tabous sont inversés, ce n'est plus le sexe qui est fait dans l'intimité, mais la nourriture. Cuisiner devient alors un acte qu'on fait dans le secret, manger ensemble est le plus intime des contacts.

Parlons d'abord du « superficiel », c'est-à-dire de la narration pure que j'ai trouvé tordante grâce a toutes les expressions décalées et modifiées par le postulat de base (par exemple l'insulte suprême de fils de cuisinière), les situations cocasses que cela entraîne l'idée de sexe normal et avec tout le monde, vs. la cuisine et les repas dans l'intimité du couple, ou d'une forme de prostitution. Rien que pour le plaisir de tous ces petits riens du quotidien qui sont littéralement transformé de nos actes à nos paroles, ce livre qui pose un filtre drôle sur notre quotidien vaut le détour.

Mais il y a aussi le fond, ce qui se cache sous cette surface apparemment drôle. On lis entre les lignes l'histoire d'une femme prise dans une relation, dans une société, qui ne lui permet pas de s'exprimer librement sur ses désirs les plus intimes. Elle se juge, et elles se sent jugée avant même d'avoir pu explorer le bien-fondé de ses désirs. Laetitia va ainsi nous emmener derrière elle dans une quête pour doser ce qu'elle veut, ce qu'elle peut, ce qu'elle ne doit pas faire. Cela va lui permettre de creuser et d'interroger sa réalité.

Un roman d'actualité, piquant et acerbe par moment, drôle très souvent, féministe de la première à la dernière lettre.

J'aime tout particulièrement le symbole de la pomme choisie par l'autrice.

Un titre de la rentrée littéraire que je vous invite à guetter donc!
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Que dire de cette lecture …
J'ai aimé l'audace du sujet qui m'a rapidement fait penser à une dystopie ( en vrai je me suis dit que si la société de demain devait en arriver là, ce serait assez drôle).
En effet dans la société dans laquelle évoluent Laetitia et Bertrand, les sujets tabous ne sont pas liés à la sexualité de chacun mais à la nourriture. Raconter des envies de salade est tabou, on cuisine en clandestin alors qu'on s'envoie en l'air allègrement avec son collègue de bureau ou sa voisine. On n'a pas de table à manger mais des tables a baiser, on ne souhaite pas bon appétit mais bon plaisir.

La norme est inversée, la norme est le sexe avec tout le monde tout le temps ( du coup plus d'heteronormalité, puisque tout est sexe.
En revanche attention à la police des Mets …
Voilà, le sujet est atypique, mais les personnages m'ont agacée. Elle qui se laisse imposer sa vie et lui qui décide des menus.
Finalement c'est encore une question de pouvoir …
Belle écriture malgré tout et bravo pour l'audace !
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Quelle audace pour un premier roman ! Juliette Oury offre un roman d'une ingéniosité et d'une beauté fascinante. Sexualité et nourriture voient leurs positions inversés dans cette dystopie osée et surprenante. le sexe se vit au grand jour, se partage, s'exécute à heure régulière. Manger devient une affaire intime, secrète, privée, voire tabou. C'est une véritable expérience que de rentrer dans cet univers et d'y suivre Laetitia qui se retrouve au prise de désir qu'elle a bien du mal à comprendre et à assumer. Récit initiatique et libérateur.
C'est le genre de roman que l'on adore ou pour lequel on décrochera au bout des premières pages tant l'univers et le style sont particuliers. Quoi qu'il en soit sa plume ne laisse pas indifférent.
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Le pitch était intéressant : une société dans laquelle on ne mange que des barres sustentives sans goût, mais on s'invite pour coucher ensemble : le sexe a remplacé le repas.
Certes, c'est bien vu et l'auteure transforme chaque situation à l'avenant.
Bien sûr, ceux qui cuisine et mange des aliments sont mal vu.
Mais c'est un exercice de style et le récit ne m'a pas emporté.
Tant pis.
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Quelle idée originale !

Imaginez : vous êtes citoyen d'une société légèrement dystopique dans laquelle le sexe est un élément naturel de socialisation et où la nourriture est devenu un tabou, un interdit.

C'est la proposition originale de Juliette Oury dans ce premier roman au titre très alléchant : Dès que sa bouche fut pleine.

Laetitia et Bertrand forme un couple dont la vie est rythmée par leurs rapports sexuels : au réveil puis avant de dormir. Leur petit appartement possède une salle à baiser dans laquelle ils reçoivent leurs amis pour un petit apero-baisatoire. Au travail, chaque pause et l'occasion d'entretenir les rapports sociaux : on baise pour faciliter les relations.

Mais on baise triste : on profite toujours de ces moments d'intimité pour prendre des nouvelles de la famille, pour évoquer les conflits ou les actualités.

Rapidement Laetitia sent un vide se créer au creux de son ventre. Les barres sustentives que le gouvernement a autorisé pour survivre ne lui suffisent plus. Alors, quand le souvenir d'une mûre qui éclate entre ses dents lorsqu'elle était enfant ressurgit, ses certitudes vacillant, son monde tremble : Laetitia a faim.

Elle se met en tête d'apprendre à cuisiner, activité interdite et subversive, dont l'exercice est formellement interdit. Elle surfe sur le darkweb et tombe sur les cours de cuisine proposés par une certaine Cheffe Jenny. Elle ne peut résister très longtemps ...

Ce pêcher de gourmandise, l'interdit absolu, la conduira à sa perte pour son plus grand ... malheur ?

Si l'idée de départ est géniale, la réalisation m'a laissé froid. Juliette Oury dont c'est le premier roman a voulu trop bien faire un jouant de l'effet miroir parfait entre les deux univers de la subversion moderne : le sexe et la bouffe. Très rapidement l'inversion devient trop systématique et passées les premières pages surprenantes, on comprend trop vite le mécanisme. L'histoire, très banale et qui n'est qu'un prétexte à l'exercice ne m'a pas embarqué. Les personnages-pretexte n'ont pas de caractérisation franche.

J'aurais aimé un roman plus bousculant, plus subversif. Laetitia vit dans une bulle et tous les sujets les plus délicats ont été laissés de côté : quid des relations familiales dans une telle société ? Quid des enfants ? Quelle est la place de l'inceste ? Trouve-t-il ici une légitimité morale ?

Bref, j'attendais sans doute trop de ce roman et j'en sors mi-cuit ... le pire des desserts au chocolat.
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Eh bien, je serai restée sur ma faim ! La couverture et le parti pris du livre étaient plus que tentants, mettant en scène une société dans laquelle les rapports entre le sexe et la nourriture sont inversés. Ce qui promettait des situations savoureuses comme une réflexion sur notre rapport au désir (et au plaisir).

Mais il manquait un ou plusieurs ingrédients pour que la mayonnaise prenne tout à fait. L'héroïne m'a parue plutôt fade et trop naïve, les situations très caricaturales comme celle, symbolique, de la pomme. le tabou autour de la nourriture était excessif (ou d'un autre temps) pour rester cohérent avec la place le sexe dans notre société actuelle : il n'est pas répréhensible ou tabou à ce point. Enfin, l'histoire peine à avancer.

Chapeau tout de même à certains parallèles bien trouvés et autres bons mots. Et surtout à la scène du piment que j'ai trouvée brillante pour aborder le consentement et le viol 🌶

L'écriture est fluide et créative, cela reste un bon moment de lecture et une curiosité à découvrir au travers de ce concept sexe VS nourriture, même s'il ne s'avère pas pleinement à la hauteur de mes attentes.
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Aimeriez-vous vivre dans un monde où le sexe aurait pris le rôle social de la nourriture ? Où il serait naturel de baiser 3 fois par jour, avec conjoint, collègues ou amis. Où manger ferait partie de la sphère intime. C'est la dystopie que Juliette Oury a imaginée dans son roman Dès que sa bouche fut pleine. Nous suivons la vie de Laetitia et Bertrand, leur couple, les soirées où l'on se retrouve pour se mélanger et non pour un bon repas entre amis. Une soirée sans chichi, à la bonne banquette ! Il y a aussi la vie professionnelle : point de salle café mais une salle détente avec distributeurs de capotes. Comme la nourriture est tabou, on en parle beaucoup.Notamment des réseaux de cuisine clandestine, et de l'arrestation de madame Reine Claude. Pour se nourrir, on mange des barres sans arômes. Alors il y a ceux qui suivent les règles et ceux que ça énerve, comme Laurent : "Pourquoi un tel tabou ? Pourquoi je n'ai pas le droit de partager avec des collègues la joie que j'ai eu à manger de la salade avec un mec super samedi soir." Laetitia, quant à elle, brûle d'avouer à son copain qu'elle a faim, que son corps brûle de découvrir des saveurs qui la transportent. Comme elle culpabilise, et avouons-le, ne semble pas s'épanouir dans son couple, elle décide de contacter une cuisinière (honte à elle) dans le plus grand secret. L'infidélité en somme. Alors que Laetitia revient d'un cours de cuisine clandestin, elle se fait agresser par le chauffeur de taxi : "Allez, faites pas votre timide. Y en a une qui a cuisiné, ce soir. Ah ! On me l'a fait pas à moi. Vingt-cinq ans de taxi. Je peux vous dire que j'en ai senti des jeunes femmes comme vous qui rentraient tard le soir. Faites pas cette tête, c'est pas pour vous juger, mais je la sens d'ici votre odeur de graillon…
– Je ne vous permets pas…
– Si ça vous gêne de parler cuisine, faites quelque chose, prenez une douche ! Vous croyez que c'est pas de la provocation ce que vous faites ? Vous puez l'huile de friture à 10 bornes…Vous êtes là à faire la sainte-nigoûte dès qu'on parle de bouffe ! Truc de gonzesse…". Lorsqu'elle ose un jour, manger du chocolat, c'est une découverte interdite qui va changer sa vie. Elle avait déjà entendu parler du chocolat et du tabou qui pesait sur cet aliment, sans autre fonction que le pur plaisir, à cause de sa valeur nutritionnelle tellement médiocre. Son père, un jour, le regard sévère, avait dit à la jeune adolescente qu'elle était alors, que le chocolat rendait dépendant, qu'il dévoyait et qu'il ne fallait jamais commencer. Juliette Oury a pris un malin plaisir à décrire avec précision chaque ressenti gustatif des aliments illicites évoqués. L'inversion entre appétit et désir fonctionne car il y du commun entre les deux. C'est le premier roman qu'écrit cette énarque devenue directrice du pôle accompagnement de l'Agence de l'innovation santé. C'est un roman drôle, où l'humour est basé sur de nombreux jeux de mots. Mais ne vous y méprenez pas. Au-delà du côté sarcastique, l'autrice cherche à pointer du doigt notre société actuelle. Pour elle, il y a encore un tabou du sexe. Juliette Oury interroge nos façons de vivre. A travers son héroïne, elle parle de la libération de la femme. Et c'est en cela que le roman m'a plu. Babeth pour les liseuses de Bordeaux

Lien : https://liseusesdebordeaux.o..
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La première moitié était un peu compliqué pour moi, mon cerveau faisait toujours le parallèle entre ce qui était écrit et à quoi ça correspondait en réalité.
Mais quand, dans la deuxième partie, l'histoire de Laëtitia est devenue plus tragique, j'ai vite compris que ce livre, c'était avant tout une dénonciation par l'absurde de notre société où tout est tabou. Surtout, j'ai beaucoup aimé le clin d'oeil à l'oppression masculine vers la fin (et Bertrand, vraiment, je l'aurais frappé si j'avais pu).
Un bon premier roman 👌
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Dès que sa bouche fut pleine est un roman très divertissant et qui se dévore rapidement et à pleines dents ! Aussi, je lui trouve des qualités érotiques indéniables bien que la sexualité dans cet univers soit relayée au rang de pratique sociale anodine, voire ennuyeuse dans le cas de la vie sentimentale de notre héroïne -Laetitia. En effet, les rôles du sexe et de la nourriture sont inversés : le premier devient une pratique commune et pratiquement obligatoire, et la seconde une activité obscène.

Evidemment, ce postulat donne lieu à des passages très cocasses voire absurdes si l'on se place de notre point de vue réel ! Ce n'est pas tout le monde qui annonce sans se démonter aller "baiser chez des amis" à la place de dîner, forcément ! La pause café entre collègues a une toute autre apparence dans l'univers de Laetitia. Et, comme en France nous sommes très gourmands, ça va sans dire que les scènes de sexe normalisées sont nombreuses.

Les parallèles et jeux de mots entre notre monde et le sien sont amusants et apportent des touches d'humour dans des moments qui peuvent être un peu gênants -affriolants comme angoissants : brigade des mets, pornoprix, salle à baiser, etc. Les descriptions d'aliments sont très longues et pourront peut-être dérouter le lecteur impatient. A titre personnel, je considère que c'est un très bon procédé pour faire comprendre l'importance de la nourriture pour Laetitia qui, sans méchanceté aucune, s'ennuie dans sa vie terne et a besoin de quelque chose pour s'accrocher et avancer.

Car oui, au-delà du postulat amusant de départ, le roman nous parle de la vie de tous les jours de Laetitia : un conjoint proprement insupportable et paternaliste, des collègues qui ont un avis sur tout, des amis qui jugent, et une activité top secrète -les cours de cuisine ! qui génère pratiquement une double vie. Nous ne sommes pas ici sur une histoire qui va révolutionner le quotidien et nous retourner le cerveau longtemps après la lecture, non, mais un joli miroir pour amener doucement vers des questions sur notre propre quotidien et l'envie d'avancer vers ce qui est bon pour soi.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, acheté au détour d'une séance de dédicaces dans ma librairie locale, et Mme Juliette Oury a su le présenter de façon très motivante et chaleureuse, ce qui n'enlève évidemment rien à l'expérience ! Vivement sa prochaine création !
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Quel thème original que d'imaginer un monde où les plaisirs de la table et du sexe sont inversés, le sexe devenant un principe social et hygiénique, les plaisirs gustatifs devenant symbole de luxure et d'intimité. Un monde ou l'on partage caresse et sexualité à toutes heures avec tous, mais ou sourire à pleine dent devient obscène. Partant de cette idée, l'auteur décline la vie de ses personnages sur ce principe, ou l'on fornique entre amis à la bonne « banquette », tandis que la Brigade des Mets traque les cuisines clandestines. Cette approche est vraiment originale et parfois cocasse. Pour autant les questionnements existentiels de l'héroïne, Laetitia, ne m'ont pas captivé.
Meme si c'est bien écrit, sortie des parallèles entre sexualité et alimentation qui m'ont fait sourire, avec quelques déclinaisons vraiment bien trouvées, j'ai paradoxalement pris peu de plaisir à la lecture de ce livre dédié aux plaisirs.
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