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3,36

sur 192 notes
Ce roman nous parle de la relation un peu catastrophique que Lætitia entretient avec son conjoint Laurent. Rien de bien flamboyant, c'est même plutôt l'inverse... Leur relation est fade, elle n'est pas heureuse et le garçon n'est pas particulièrement à l'écoute... c'est le moins qu'on puisse dire... 😒

Mais l'originalité de ce roman n'est, bien sûr, pas dans la cruelle banalité de ce couple : dans cet univers c'est le repas qui est tabou et non le sexe. Ici, hors de question d'aller bouffer une pizza entre potes sans passer pour un libertin de premier plan ! 😋

Et l'autrice excelle dans l'inversion des tabous ! C'est malin, les mots et les situations sont vraiment interchangés avec talent ! Cela donnera des scènes à la normalité affreusement malaisante que notre cerveau essaiera de "remettre" piteusement dans le "bon ordre". 🤔

Et comme souvent, c'est en changeant de point de vue, que l'absurdité et l'arbitraire de certaines règles ou idées, nous apparaîssent.

Un travail intéressant sur la langue, la société et les tabous ! 💛
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Le pitch était intéressant : une société dans laquelle on ne mange que des barres sustentives sans goût, mais on s'invite pour coucher ensemble : le sexe a remplacé le repas.
Certes, c'est bien vu et l'auteure transforme chaque situation à l'avenant.
Bien sûr, ceux qui cuisine et mange des aliments sont mal vu.
Mais c'est un exercice de style et le récit ne m'a pas emporté.
Tant pis.
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Quelle idée originale !

Imaginez : vous êtes citoyen d'une société légèrement dystopique dans laquelle le sexe est un élément naturel de socialisation et où la nourriture est devenu un tabou, un interdit.

C'est la proposition originale de Juliette Oury dans ce premier roman au titre très alléchant : Dès que sa bouche fut pleine.

Laetitia et Bertrand forme un couple dont la vie est rythmée par leurs rapports sexuels : au réveil puis avant de dormir. Leur petit appartement possède une salle à baiser dans laquelle ils reçoivent leurs amis pour un petit apero-baisatoire. Au travail, chaque pause et l'occasion d'entretenir les rapports sociaux : on baise pour faciliter les relations.

Mais on baise triste : on profite toujours de ces moments d'intimité pour prendre des nouvelles de la famille, pour évoquer les conflits ou les actualités.

Rapidement Laetitia sent un vide se créer au creux de son ventre. Les barres sustentives que le gouvernement a autorisé pour survivre ne lui suffisent plus. Alors, quand le souvenir d'une mûre qui éclate entre ses dents lorsqu'elle était enfant ressurgit, ses certitudes vacillant, son monde tremble : Laetitia a faim.

Elle se met en tête d'apprendre à cuisiner, activité interdite et subversive, dont l'exercice est formellement interdit. Elle surfe sur le darkweb et tombe sur les cours de cuisine proposés par une certaine Cheffe Jenny. Elle ne peut résister très longtemps ...

Ce pêcher de gourmandise, l'interdit absolu, la conduira à sa perte pour son plus grand ... malheur ?

Si l'idée de départ est géniale, la réalisation m'a laissé froid. Juliette Oury dont c'est le premier roman a voulu trop bien faire un jouant de l'effet miroir parfait entre les deux univers de la subversion moderne : le sexe et la bouffe. Très rapidement l'inversion devient trop systématique et passées les premières pages surprenantes, on comprend trop vite le mécanisme. L'histoire, très banale et qui n'est qu'un prétexte à l'exercice ne m'a pas embarqué. Les personnages-pretexte n'ont pas de caractérisation franche.

J'aurais aimé un roman plus bousculant, plus subversif. Laetitia vit dans une bulle et tous les sujets les plus délicats ont été laissés de côté : quid des relations familiales dans une telle société ? Quid des enfants ? Quelle est la place de l'inceste ? Trouve-t-il ici une légitimité morale ?

Bref, j'attendais sans doute trop de ce roman et j'en sors mi-cuit ... le pire des desserts au chocolat.
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Le livre aborde un sujet intéressant, celui du parallèle entre le désir et l'appétit et l'inversion du tabou attise la curiosité, cependant je le trouve très descriptif et c'est un style d'écriture qui me touche peu, c'est le genre de roman qui aurait fait une bonne nouvelle mais qui parait ici trop long. On y trouve malgré tout une certaine forme d'humour et ce livre m'a donné faim plus qu'autre chose !
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Le genre : foodporn dystopique.
Je sors de cette lecture avec une impression mi-figue, mi-raisin...
En effet, le sujet est plus qu'original : imaginer une société où le sexe serait banalisé et la consommation de nourritures et ses plaisirs un tabou conduisant à des cours de cuisine clandestins. Cependant, le sujet n'est peut-être pas suffisamment traité : qu'en est-il des enfants bien que ces derniers goûtent à l'interdit culinaire ? Qu'en est-il des personnes avec des troubles ? Des maladies telles l'obésité existent-elles dans cette société ?
L'autre intérêt du livre réside dans la manière dont Juliette Oury décrit les aliments cuisinés par Laëtitia (prénom venant du latin bonheur). Les légumes sont précisément décrits et de manière assez érotiques.
De bonnes choses, de moins bonnes. Je ne me suis pas réellement attachée aux personnages -même si j'ai adoré détester Barbe mousse- et certaines questions restent en suspens.
Concernant la (courte !) longueur du texte, je la trouve à la fois suffisante et peu rassasiante. Un peu comme une course de fond qui aurait pu être un simple sprint.
En un mot, une lecture pas désagréable mais qui ne restera pas, pour ma part, en bouche
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« Dès que sa bouche fut pleine, elle sut qu'elle n'oublierait jamais le goût, le plaisir, la puissance de cet instant, et que jamais, même si l'occasion se présentait un jour, même si quelqu'un était d'accord pour l'écouter, elle ne trouverait les mots pour en parler ».

Chaque appartement, maison a au moins une banquette avec un beau drap dessus. Dans le monde de Juliette Oury, il y a inversement des valeurs et, c'est truculent, original et plaisant à lire

Lætitia et Bertrand sont en couple, un couple bien tiède, un peu fade. Oui, chaque matin Bertrand « honore » Lætitia, presque sur injonction : « Depuis quelques années les experts considéraient le rapport matinier, en ce qu'il rompait la chasteté de la nuit, le meilleur pour le métabolisme »… Tanpis si Lætitia n'a pas très envie, Bertrand suit à la lettre les recommandations « Il baisait donc équilibré , ne s'autorisant que peu d'écarts » Pour lui, ce sont « des exercices de gainage » !!! Passons au p'tit déj : une barre sans odeur ni saveur. « Barres sustensives pour adultes. Protéines complètes et supplément vitaminique. Goût neutre. Suffisant à la survie humaine. Fabriquées en France »

Voilà, j'entre dans le vif du sujet, d'autant que la radio annonce, dans le livre, qu'une certaine Reine Claude « une souteneuse célèbre pour avoir dirigé pendant près de vingt ans un réseau de cuisine clandestine ». Les forces de l'ordre ont retrouvé « Des ustensiles, des vivres et de nombreuses photographies … ainsi qu'une collection très importante de recettes dactylographiées ou manuscrites ». Oh, mon dieu, mon dieu, quelle histoire.

Cette histoire va déclencher, chez Lætitia un souvenir d'enfance, le goût des mûres « Elle se rappelait avec violence l'acidité douce des mûres, leur goût, la piqûre du sucre sur la langue, les grains rocailleux qui crissaient sous la cent, la nouveauté absolue de ces sensations et l'envie qu'elles durent toujours ». Ce méfait là lui avait valu la colère de ses parents.

L'envie est toujours présente, confirmée lorsqu'elle achète une pomme et la mange crue et elle a aimé même si elle se sent coupable… Un petit plaisir solitaire coupable !!!

Un soir, Bertrand lui fait une surprise de roi, pense t-il, des morceaux de saumon achetés en contrebande. La surprise a fait flop « J'aurais plutôt imaginé autre chose, pour manger ensemble, peut-être en cuisinant et peut-être avec des ingrédients plus… moins… enfin avec des légumes ou des fruits par exemple ? ». Oui le plaisir des préliminaires, cuisiner à deux… Mais, bon, il ne comprend pas et va jusqu'à ouvrir de force la bouche de sa femme. « Son pouce passa sur sa bouche, puis insista sur son menton. Il voulait ouvrir la bouche de Lætitia. Elle résista . Il dit Ouvre. Elle fit non de la tête. Il répété : Ouvre. Elle ouvrit la bouche. Il poussa un râle ». Il l'a dominée.

Enfin, elle saute le pas et s'inscrit à une cours de cuisine et là…. La découverte du plaisir de cuisiner, du plaisir du défendu et puis, c'est si bon. Ce plaisir, elle le partage avec les autres cuisiniers et Laurent, son collègue de travail qui a sauté le pas depuis longtemps. Son premier plat ? Une ratatouille « Elle faucha du bout de sa fourchette un morceau d'aubergine gris sombre, mou et luisant, et un petit cube de courgette brunie. D'une main tremblante, le yeux rivés sur ses légumes d'où montait en dansant une fumée transparente, elle les porta à sa bouche »

Jeffe Jenny, la cuisinière a une théorie qui me rappelle quelque chose, et vous ? « La domination des hommes dans le dans le système patriarcal, était enracinée dans leur jalousie, dans leur terreur à l'égard de la capacité des femmes à nourrir le genre humain. »

Un des participants, Barbe Mousse, leur parle de ses applications où l'on pouvait trouver des photos suggestives telle « une main indolemment posée sur un manche de casserole, une fourchette à la bouche, une serviette au coin des lèvre ». Même trouver quelqu'un avec qui bouffer en moins de dix minutes, des fois tarifé, des fois non.

Le même Barbe Rousse l'invite à déguster quelque chose chez lui. Confiante, elle y va et… Elle se fait gaver sans son consentement. Il l'a prise par surprise, ceinturée et contrainte, un viol alimentaire « Purée, quel pied, dit-il sans relâcher Lætitia. Qu'est-ce que tu es bonne, tu sais. Je te ferais bouffer des montagnes de piment, si c'était plus facile à trouver ». Oui, elle a été imprudente, et elle s'est fait gaver. Bertrand veut qu'elle porte plainte contre ses « fils de cuisinière », mais « tu es sûre que tu ne leur avais pas montré tes dents, même sans faire exprès, en les croisant ? »

Dans ce livre, la baise quasi obligatoire est insipide et le vocabulaire en est plat alors que, lorsque l'autrice parle de cuisine, de goût, il y a de la jouissance, des couleurs, des odeurs, du plaisir.

Juliette Oury renverse les rôles. Ici, la censure est culinaire. Tu peux montrer tes fesses, mais pas tes dents. Ce faisant, elle dénonce les tabous qui sont les nôtres quant à la sexualité. Elle parle également du désir, comment s'affranchir de certains tabous et profiter, découvrir son plaisir.

Un premier livre époustouflant, truculent et curieux. Juliette Oury, ne vous mettez pas la pression, prenez le temps et du plaisir pour votre second livre, je saurai attendre.

Coup de coeur
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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J'ai eu du mal à noter ce livre car pour moi il est à double tranchant.

Tout d'abord, j'ai trouvé l'idée vraiment originale, c'est du jamais lu. Dans un monde (dystopique, finalement) où ce n'est plus le sexe qui est tabou mais la nourriture, Laetitia cherche sa place au sein d'une société où le politiquement correct ne l'intéresse pas ou du moins, ne la comble pas assez.

L'histoire est bien menée, les jeux de mots, les références et les comparaisons sont nombreuses et on se prend à apprécier cette gymnastique du cerveau. Mais une fois le principe assimilé et la surprise redescendue, j'ai trouvé les personnages assez clichés et les situations plutôt grotesques. Surtout si on transpose.

De mon point de vue, il s'agit d'un exercice de style plus qu'un roman. Réussi cela dit !
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Un de mes gros coups de coeur de ce début d'année, Dès que sa bouche fut pleine est un récit original, riche et prenant. Sorte de dystopie inversant la nourriture et les relations sexuelles, le récit de Juliette Oury est mené de manière aussi intelligente que magnifique. Elle nous propose de suivre une jeune femme prisonnière d'une relation qui ne la satisfait pas, dans sa quête d'indépendance et dans sa découverte de son propre corps, de ses propres envies, de sa propre vie. Elle met ainsi en lumière le lien intrinsèque présent entre la nourriture et le désir au travers de ce parcours initiatique.

Le principe même du livre permet de soulever des questionnements importants quant au consentement, aux normes sociales, aux relations humaines et à notre image de nous-même. C'est une lecture curieuse, qui désarçonne et perturbe par moments. Elle est réalisée avec grand talent. La plume est fluide, douce, les descriptions sont riches et imagées. Les moments culinaires sont tellement bien travaillés qu'ils paraissent plus intimes que les relations charnelles.

J'ai absolument adoré ! La construction de l'intrigue est intelligente, le remplacement des termes tels que « salle à manger » en « salle à ba*ser », « brigade des moeurs » en « brigade des mets » et même « travailleuse du s*xe » en « travailleuse de la bouche »… toutes les expressions étaient exquises (je ne suis pas sûre d'avoir le droit d'écrire tout ça directement ici). À garder à l'esprit que le livre est (évidemment) très graphique et explicite, et donc, à ne pas mettre entre toutes les mains.
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Imaginez-vous vivre dans un monde où le rapport au sexe et à la nourriture sont inversés ! Vous couchez avec vos collègues, ne sautez jamais un rapport, surtout celui du matin, et le supermarché du coin est un PornoPrix. Par contre, vous mitonnez en couple, ne montrez jamais vos dents en public et vous contentez de vous nourrir de barres substantives insipides. La brigade des mets arrête les plus gourmands d'entre vous et des cours de cuisine clandestins fleurissent à Belleville.

Laetitia, petite amie de Bertrand, vit dans ce monde. Son compagnon est consciencieux et s'applique à faire l'amour comme il faut. Par contre, leur vie culinaire est depuis longtemps en berne et ils partagent un quotidien routinier mais réconfortant.

Un jour, Juliette se réveille avec un gros mal de ventre, un vide en elle à combler et elle comprend qu'elle a fin et que son appétit la titille. Dans cette société où les plaisirs de la bouche sont considérés comme une perversion, comment va-t-elle vivre cette situation ? Va-t-elle aller au bout de sa faim ? Va-t-elle manger avec Bertrand, ou pire, avec quelqu'un d'autre ?

Loin d'être anecdotique, le premier roman de Juliette Oury tient ses promesses jusqu'au bout. Ecrit dans un style simple, il suit le parcours initiatique de Juliette, en nous divertissant et en nous mettant l'eau à la bouche. Un texte qui étonne et questionne sur notre rapport à la cuisine et à la sensualité. Car la faim et le désir ne sont-ils pas finalement entremêlés, en atteste le fameux hashtag #foodporn ?

Original et fluide, je conseille cette lecture. Un bon premier roman.
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Dans ce roman, l'auteure soulève avec esprit et audace des questions sur nos normes sociales. Malheureusement, le personnage principal manque parfois de profondeur émotionnelle, j'ai donc eu du mal à m'attacher à Laëtitia. Malgré tout, l'audace de l'ouvrage ne laisse pas indifférent et pousse à la réflexion sur nos habitudes. Une lecture stimulante. Une très bonne lecture !
Mon avis détaillé :
Lien : https://lesparaversdemillina..
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