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Critique de Laureneb


J'ai découvert cette oeuvre grâce à une émission de France Culture sur la poésie où intervenait Danièle Robert qui livre cette nouvelle traduction ; elle m'a convaincue, notamment en parlant d'un dialogue entre Ovide et Homère, et de la volonté d'Ovide d'analyser la psychologie féminine, de restituer les sentiments féminins.
En effet, la plupart des lettres sont écrites par des femmes. Sauf Sapho qui a vraiment existé, les autres sont des personnages littéraires bien connues des Romains lettrés, venues majoritairement de l'Iliade ou de l'Odyssée, ou de l'Enéide. Pénélope pleure Ulysse, Briséis Achille... Car, l'un des points communs, c'est la tristesse de l'amante abandonnée, trahie, trompée et abandonnée. Beaucoup d'entre elles sont mariées, par une union légitime, souvent avec des enfants. Ces femmes écrivent donc pour pleurer, pour souffrir, parfois juste avant de se tuer. On peut donc parfois éprouver un certain sentiment de répétition, d'autant que je ne connaissais pas forcément tous les couples évoqués et les mythes auxquels ils se rattachent, j'ai donc dû vérifier pour certains.
Mais l'une des forces de ces lettres, c'est que ces femmes ne font pas que se plaindre. Pénélope ouvre le recueil comme incarnation de la vertu de l'épouse, mais son texte est moins intéressant que d'autres, car certaines femmes regrettent surtout les baisers de l'amant, évoquant clairement la sexualité et le plaisir physique. Oenone parle de la couche d'herbe dans les bois, Héro n'attend que les baisers de son amant en regardant son lit vide, Canacé ne regrette pas son union incestueuse avec son frère, Sapho ne regarde plus les femmes pour son jeune et bel amant...
Certaines sont jalouses comme Déjanire trompée par Hercule, d'autres sont prêtes à se tuer ou à tuer l'amant infidèle. Et puis, il y a Médée. Déjà une figure à part dans la tragédie grecque, à part aussi dans la tragédie classique. C'est une étrangère, elle le dit et le revendique, la civilisation grecque ne l'a donc pas policée, et c'est une sorcière. Ayant été abandonnée, elle est prête à user de ses sorts pour se venger.
Une découverte intéressante, oui, Ovide a plutôt bien donné la parole à ses femmes pour exprimer la diversité de leurs sentiments. On révise en plus - ou on découvre - certains mythes.
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