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Critique de nilebeh



Réécrire Robinson Crusoé en le transportant au 21ème siècle, il fallait oser. Paasilinna l'a fait et avec brio. Daniel Defoe s'était contenté d'un seul naufragé, assez vite rejoint par un indigène, le tout à l'embouchure de l'Orénoque au Vénézuela.

Paasilinna, lui, met la barre plus haut : il ne s'agit pas d'un mais de cinquante-quatre naufragés, débarqués au large d'une île indonésienne après l'amerrissage de leur avion, un Trident (pour info, il existe vraiment, c'était un prototype français construit en 1953).

Arrivés à terre, les rescapés s'organisent, la vie se calque sur leurs us et coutumes : un Finlandais, ça boit et ça coupe du bois, une Suédoise, ça organise la vie intime des femmes en toute sécurité : pas de bébés sur l'île, SVP, donc à partir de matériel médical récupéré dans l'épave, on va fabriquer des stérilets.

Il faut dire que le matériel médical ne manque pas car les passagers étaient essentiellement des médecins ou infirmières, ainsi que des forestiers, tous avaient le projet humanitaire d'aller aider les habitants de pays sous-développés.

Et on va assister à la re-création d'un monde tout neuf, calqué sur nos pratiques, avec nos tentations d'organiser, de prendre le pouvoir, de régenter, de mettre en oeuvre un système basé sur l'effort collectif selon des principes établis par tous. Ou presque. Car, forcément, il y en aura pour vouloir agir selon leur idée et leur intérêt. Une société humaine reste une société humaine.

Arto Paasilinna décrit tout cela avec beaucoup de précision et un humour par moment hilarant. Il semble tout de même avoir une grande confiance en l'homme, capable de s'adapter, d'accepter, de lutter. Au point qu'il va créer une sorte de petit paradis sur cette île, tellement plus positive que ce qui attend les rescapés en Europe que certains envisagent d'y rester jusqu'à la fin de leurs jours.

Le Cantique de l'Apocalypse joyeuse nous invitait déjà à découvrir un monde en autarcie, écologique et solidaire. Prisonniers du Paradis est de la même veine.


Un moment de plaisir intelligent, de réflexion sur ce qu'est notre monde tellement tourné vers lui-même et dont il a fait bon s'échapper le temps de la lecture.




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