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Citations sur Tenir sa langue (142)

En bas de notre immeuble, à côté du mur de la chaufferie, il y a une fenêtre avec une vendeuse derrière. On doit lui dire ce qu’on veut en fonction de ce qu'il reste. Elle pèse tout sur une grande balance bleue avec une flèche qui oscille. Sur un plateau elle pose ce qu'on achète, sur l’autre elle met des cylindres, quand la flèche du cadran est au centre, elle s'arrête. Ensuite elle fait claquer les perles en bois sur les tiges du boulier et annonce un chiffre. Ma mère tend les papiers carrés qui donnent le droit d’acheter et ensuite les roubles. Sans les papiers carrés, les roubles ne servent à rien. p. 39
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En montant dans l'ascenseur, mon avocate dit Il ne faut pas faire d'amalgames. S'il ne s'appelait pas Jallal, il se serait noyé quand même. N'importe qui aurait pu se noyer. C'était lui, ç'aurait pu être un autre.
Elle a raison mon avocate. N'importe qui aurait pu se noyer. Mais est-ce que pour n'importe qui on aurait parlé de dette ? Ah oui, dit l'avocate, mais ça c'est un peu le cas de tous les émigrés, non ?
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Au début, je pensais que parler français sans accent ça voulait dire sans qu'on sache que je suis russe. (...)
Mais à Saint-Étienne on peut parler français sans accent et avoir l'accent stéphanois. On peut le cumuler. Stéphanois + russe. Stéphanois + russe + banlieue. Il y a aussi le parler gaga. Le parler gaga, pendant longtemps, je ne savais pas que ça se cumule. Je ne savais pas qu'en dehors du Forez, personne n'est berchu quand il lui manque une dent.
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A Saint-Cyr, on ne dit pas bizutage, on dit bahutage ou transmission des traditions. (...)
le chef d'état-major (...) : "Mais vous vouliez, disiez-vous, rendre à la France un peu de ce qu'elle vous avait donné. Votre parcours remarquable illustre ce que notre beau pays peut offrir de mieux à tous ceux qui, animés par une saine ambition, se donnent les moyens de réussir." Il dit ça devant le cercueil d'un type noyé au milieu de la nuit dans une eau à neuf degrés au son de La Walkyrie pendant une séance de "transmission des traditions".
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A Sciences-Po, le premier jour de cours, on s'est retrouvés dans le même groupe d' "introduction à la sociologie". Je ne connaissais personne. Je me suis assise derrière une rangée de types de mon âge qui avaient déjà une cravate enfoncée dans la pomme d'Adam et un attaché-case en cuir. Je me suis dit qu'à part la calvitie ça ne leur laissait pas beaucoup de marge pour la suite.
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J’ai fixé la ligne et le ciel jusqu'à ce que le bleu me suce les yeux.
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Plus de mots. Que des sons. La bouche de l’immense femme- adulte en produit de toutes sortes.
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Pour distinguer les appartements, mes grands-parents les appellent « l’ancien » et « le nouveau ». Pour le nouvel an, ils reviennent dans « l’ancien ».
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Mon grand-père excelle à la chasse au mot. Moi je suis meilleure à l'accouchement par syllabes. Je me fais sage-femme de sa bouche. Avec ma grand-mère, c'est comme au pendu, il vaut mieux d'abord passer en revue les voyelles. C'est statistique. On commence par le A. Ba. Da. Fa. - Ta. Ra. Si la tête passe, tout passe. Ca. Na. La. Pa. Ga. Ga! Ga-mak! Gamak! Ma grand-mère expulse le mot puis le répète plusieurs fois de suite comme comme on annonce dans les films C'est une fille! C'est une fille!
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C'est un trop-plein de russe resté coincé pendant la materneltchik ou bien c'est le français qui s'installe et se met à l'expulser? Ma sœur se réveille, se relève d'un coup. Qu'est-ce que tu as? Qu'est-ce qui t'arrive? Pourquoi tu respires comme ça? J'ai la langue qui me gratte.
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