Pour moi la réconciliation ne se décrète pas. Tout comme le pardon, qui n'est pas un projet, mais un domaine fragile. Le seul projet, c'est la connaissance du crime.
Dès lors qu'un avocat accepte de défendre, il veut gagner. A tout prix. Il n'y a plus de chemin intermédiaire. Je prouverai donc qu'il n'y a pas eu crime . Et si crime il y a eu, mon client n'y est pour rien. Peut-être le témoin a-t-il inventé ? Menti ? Lui-même tué ? La défense est aussi une idéologie.
Il y a l'écriture de la négation. Il y a l'oubli, l'esquive, le chagrin, la colère. Et il y a de la paix. C'est celle que je propose...
Je vois les morts. Je vois leurs visages. Je vois leur peau pâle, enfantine. Je vois leurs mains ardentes, mais qui peut les saisir ? Je scrute leurs yeux et je ferme les miens.
Rien de plus trouble que la compassion ou la négation : la même approche de l'oubli, en réalité.