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EAN : 9782246813248
180 pages
Grasset (22/01/2020)
3.79/5   12 notes
Résumé :
« Une petite fille nous aborde : Qu’est-ce que vous cherchez ? Elle a un regard joueur et curieux, je lui explique. Ici, il y a des années, sous le régime khmer rouge, c’était un hôpital, et j’ai enterré de très nombreux corps dans des fosses. Puis l’eau a englouti ce lieu, et on a bâti des maisons. Elle joue avec un petit bout de bois, un peu gênée : Je sais. On dort sur les morts. La nuit, parfois, on les entend parler. J’insiste un peu : Mais tu as peur ? E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Selon la tradition cambodgienne, lorsqu'une personne meurt d'une mort violente et sans sépulture, son âme erre, et sa famille a charge de la retrouver et de l'apaiser. Un jour Rithy Panh a pris la route. Il a dit à ses proches qu'il allait retrouver ses parents, ses soeurs, ses frères qu'il allait parler aux morts, s'asseoir à leurs côtés et leur donne un tombeau. En 1975, en quelques heures la ville de Phnom Penh a été vidée de ses deux millions d'habitants. Rithy Panh va donc suivre le chemin des morts et nous raconter leur histoire.

J'aime beaucoup les livres-témoignage qui rendent compte d'une réalité aussi cruelle soit-elle, ici il est question du génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge.
Ce m'a intéressé dans cet ouvrage c'est la méthode utilisée par Rithy Panh pour faire témoigner, des victimes, des survivants, des bourreaux dont le terrible Duch, directeur du camp S21 un camp de torture et d'extermination, Duch qui ne reconnaît rien de ses crimes. On ne ressent aucune haine, simplement la recherche de la paix, d'une sorte de sérénité.
J'ai apprécié la démarche de l'auteur, mener le combat de la connaissance, échapper aux désirs de vengeance. Mais dire la vérité, même si elle est crue, la vérité doit être dite, ne pas la raconter est un aspect de la négation.

Alors Rithy Panh nous raconte l'insoutenable. Les camps d'extermination, les tortures, les cadavres à perte de vue, femmes hommes, enfants, bébés le crâne fracassé, même si c'est cru, la vérité doit être dite. Les interrogatoires et les confessions obtenues à coups de fils électriques et d'os brisé. Organiser la famine, car la faim est un outil de mort. Des corps de partout que les charrues des agriculteurs font ressortir. Les rats qui déterrent les cadavres, tout mort est devenu de l'engrais. Les gens dorment sur des morts.

Rithy Panh aborde deux thèmes récurrents des grands crimes contre l'humanité le négationnisme et le rôle des avocats qui défendent les criminels.
« Dès lors qu'un avocat accepte de défendre, il veut gagner. À tout prix. Il n'y a plus de chemin intermédiaire. Je prouverai donc qu'il n'y a pas eu crime. Et si crime il y a eu, mon client n'y est pour rien. Peut-être le témoin a-t-il inventé ? Menti ? Lui-même tué ? La défense est aussi une idéologie. »

Livre après livre, Rithy Panh revient inlassablement sur le génocide perpétré par les Khmers rouges dans son pays natal, le Cambodge entre 1975 et 1979, dans cet étrange voyage il semble s'apaiser, il a réussi à faire la paix avec ses morts. Sans aucun doute, c'est cette sérénité, cette quiétude cette paix intérieure qui m'a interpellé. Un livre émouvant, dur, profond et lumineux malgré le sujet évoqué.
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POIGNANT.
Que l'histoire du génocide cambodgien est méconnue.
Les crimes de la dictature du Kampuchea démocratique, alias les Khmers rouges, ont fait 1,7 millions de mort sur une période allant de 1975 à 1979. Les potes à Pol Pot, c'étaient pas des tristes.
Rithy Panh est un cinéaste cambodgien qui a perdu une grande partie de sa famille pendant ce génocide. En France depuis 1980, il retourne à Phnom Pehn sur les traces de ses morts pour se souvenir et être en paix.
Il a été témoin des pires atrocités et tout au long de ce petit témoignage il se souvient des lieux, des gens, des torturés, des camps (et du S21 plus spécifiquement).
C'est un hommage à tous ces disparus hommes, femmes, enfants, exterminés ou parqués dans des camps de travail à cause de la folie de quelques uns.

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Rithy Panh cinéaste Cambodgien et Christophe Bataille écrivain et éditeur ont unis leurs talents pour nous emmener à leurs côtés en voyage pour un retour sur les chemins de l'enfance de Rithy dans son pays d'origine jadis si doux avant que les Kmers rouges n'exterminent 1,8 millions de leurs compatriotes intellectuels ou seulement coupables de porter de lunettes et ne transforment ce pays bouddhiste et pacifiste en un champ de morts dont les os et les tissus ensanglantés sont toujours présents dans les rizières tant ils ont été nombreux à y avoir été déportés, torturés et assassinés dans ce Lycée transformé en centre d'extermination: le S21. Un retour sur son adolescence où contraint d'enterrer les morts dans les fosses, il part à la recherche de la sépulture des siens. «S'échapper vers la mémoire. Suivre le ruban de bitume à travers le temps. Une quête, une nécessité ? Une perdition.» Rithy Panh cherchant à apaiser les âmes qui errent, en quête d'explications d'une cause secrète : celle de l'absolutisme au nom du peuple qui fut la destruction programmée d'innocents. Ce retour aux sources est une quête, celle de trouver la paix avec les mortsDont les âmes errent toujours. Un récit puissant et profond !
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Chemin de l'intime et recherche historique, les deux volets d'une même quête animent Rithy Panh dans sa recherche de la vérité. Une histoire qui le hante, l'habite au plus profond de lui même, le porte à entreprendre un retour vers l'horreur, l'arbitraire et la violence sans fin.
Rithy Panh est à la fois victime d'un régime idéologique et de ses conséquences désastreuses, témoin d'une époque gouvernée par la haine et acteur de sa propre reconstruction. Alors que la négation guette, il s'efforce de retranscrire par l'image et les mots, les douleurs d'un passé qui le hante. Car les morts ne sont jamais bien loin, ils le suivent, l'exhortent à raconter, à livrer au monde sa version des faits. En faisant parler les anciens bourreaux, les photographies, en invoquant les fantômes, Rithy Panh dénude son passé, le charge de symboles et d'une vérité pure. C'est dur, cru et terriblement violent. Impossible de refermer ce roman sans un sentiment d'abandon et de révolte. En sacrifiant une certaine culture de la pudeur au profit d'une exposition dure des faits, Rithy Panh forge un chemin de lumière et de liberté. A découvrir.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
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Témoignage dur mais bouleversant où le cinéaste cambodgien revient dans son village retrouver sa famille mais les traces des morts ont disparu de cette tragique période pas assez connue du grand public...
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critiques presse (2)
LeFigaro
12 mars 2020
Il faut d’abord dire ceci: La Paix avec les morts est un récit essentiel, de ceux qui font honneur à la littérature. Rithy Panh est un survivant des massacres perpétrés par les Khmers rouges, il témoigne de sa voix douce sublimée par la plume de Christophe Bataille.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
24 janvier 2020
A la fois journal de la mémoire et carnet de bord d’une funeste et lancinante itinérance, la Paix… est un récit chamboulé, en tensions, qui oscille entre l’apaisement avec les morts et l’agacement face aux négateurs. Rithy Panh règle ses comptes avec les relativismes de Noam Chomsky ou les euphémismes d’Alain Badiou face aux crimes de masse.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dès lors qu'un avocat accepte de défendre, il veut gagner. A tout prix. Il n'y a plus de chemin intermédiaire. Je prouverai donc qu'il n'y a pas eu crime . Et si crime il y a eu, mon client n'y est pour rien. Peut-être le témoin a-t-il inventé ? Menti ? Lui-même tué ? La défense est aussi une idéologie.
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Pour moi la réconciliation ne se décrète pas. Tout comme le pardon, qui n'est pas un projet, mais un domaine fragile. Le seul projet, c'est la connaissance du crime.
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Je vois les morts. Je vois leurs visages. Je vois leur peau pâle, enfantine. Je vois leurs mains ardentes, mais qui peut les saisir ? Je scrute leurs yeux et je ferme les miens.
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Il y a l'écriture de la négation. Il y a l'oubli, l'esquive, le chagrin, la colère. Et il y a de la paix. C'est celle que je propose...
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Rien de plus trouble que la compassion ou la négation : la même approche de l'oubli, en réalité.
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Vidéo de Rithy Panh
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