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Critique de Nadael


Le 17 avril 1975, la capitale du Cambodge, Phnom Penh, tombe entre les mains de communistes radicaux, les Khmers rouges, menés par Pol Pot. Ces derniers imposent à la population le Kampuchéa démocratique, un régime politique d'une violence effroyable.
Ce jour-là, l'existence de Rithy Panh, alors âgé de treize ans bascule dans l'horreur. Sa famille est contrainte d'abandonner son foyer, et d'évacuer au plus vite la ville. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants quittent ainsi Phnom Penh et entreprennent une longue marche vers la campagne. Démunis, ils luttent pour survivre à la famine et à la terreur et assistent, impuissants à leur propre déshumanisation ; les lunettes sont proscrites, les vêtements – sortes de pyjamas – ne peuvent être que bleus ou noirs, les coupes de cheveux sont identiques pour tous les individus, ils vivent dans des conditions hygiéniques désastreuses, doivent travailler durement alors que le manque de nourriture les affaiblit et les fragilise. de 1975 à 1979, 1,7 millions de cambodgiens meurent.
Par son témoignage, Rithy Panh lève le voile sur un régime totalitaire fait de persécutions, de tortures, de viols, d'exécutions. Ajoutons à cela, les prises de sang et autres expériences médicales... L'homme n'est plus rien. Il est assimilé à du bétail. Il devient un instrument qu'on peut manipuler à souhait. Plus de dignité. C'est l'élimination à tout prix. Un génocide que Rithy Panh rapproche évidemment des méthodes nazies.
Devenu cinéaste il n'a de cesse de parler de cette époque tragique, qu'il décortique pour mieux la comprendre et la faire comprendre surtout. Dans cet essai, il va au plus juste pour expliquer ce pan de l'histoire cambodgienne. Avec l'aide de Christophe Bataille, il va à l'essentiel : les choses sont posées clairement avec réalisme et âpreté. Les mots sont simples sans fioritures. Pas d'apitoiement, pas de jugement, mais une description précise et fidèle des faits.
Rithy Panh relate ainsi ses entretiens avec Duch – le responsable du S21, centre de tortures et d'exécutions – et en parallèle expose en détail et chronologiquement ses quatre années de survie. Duch nie évidemment tout ce qu'on lui reproche. Froid et très calme, il répond aux questions avec un détachement incroyable. A côté de l'Histoire avec un grand H, Rithy Panh évoque sa propre histoire, la disparition de sa famille, la mort qui rôde en permanence, la quête de nourriture...
Une réflexion sur l'humanité. Un témoignage bouleversant, mais nécessaire sur la folie des hommes.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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