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Citations sur Les os des filles (92)

Son prénom est Gao. Cela me fait sourire, car Gao signifie grain de riz en Vietnamien. À une époque de famine, porter "Grain de riz " pour prénom était comme s'appeler Bonheur, Chance, ou Soleil.
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«  On ne naît ni par hasard ni nulle part. On naît neuf, entouré d’anciens os. Dans le cœur et dans le ventre, il y a les os de la guerre, de la grand- mère, des os de vétérane, il y a les os laissés par les bombes, les os d’une vitesse, de trois filles, les os des non qu’elle leur a dits, les os de ses pensées . Il y a ces os qu’on n’avait pas désirés et qui vont , quoiqu’il en soit se former..... »
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Tu as guéri. Tu as retrouvé un corps de vivant, un cœur de vivant, un visage de vivant. La mort est partie. La petite fille est revenue. Et tu as décidé, en ce retour, parce que tu pouvais enfin marcher et vivre, de te rendre toi-même sur les lieux de ton enfance - ceux que tu avais perdus, ce qui t'avait tué. Tu avais dix-sept ans alors, à peine, et tu as pris l'avion, seule, pour retourner à Hanoï.
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On enterre les gens dans une tombe à leur taille pendant trois ans, au Vietnam. Puis, ce délai passé, la chair évaporée, on transvase dans un coffret plus chétif ce qu’il reste du corps : les os. Les cimetières sont donc faits de petits coffrets d’os. Ce sont eux qui demeurent, singuliers. Le premier cercueil est temporaire, public, il ne sert qu’à désosser et reçoit, tous les trois ans, différents morts. C’est un lieu de repos passager. Ensuite, dans l’unique boîte, il n’y aura plus que les os propres, comme si la chair importait peu, modifiable telle qu’elle est le long d’une vie, tantôt fraîche, tendre, lisse, tantôt ridée, malade, tavelée, tantôt douce, serrée, tantôt rêche, distendue, tantôt cisaillée tantôt… À la fin, il n’y a plus que les os qui s’entrechoquent.

Les sentiments de la chair, dégoulinants, sont passés. L’émotion terrestre est partie. Ne restent plus que les sentiments des os – essentiels. Nous finissons tous ainsi, après tout, et c’est doux. C’est doux parce que c’est commun. Il y aura eu bien des injustices, bien des secousses, bien des dangers ; il y aura eu des joies, des rires, des peurs, des amours, des haines, des ressentiments, des passions ; il y aura eu des accidents, des voyages, des crises, des maladies… Nous aurons été chacun à notre manière déformés par la vie. Il restera les os des humains – ce que nous avons été au minimum, ce que nous avons tenté d’être au maximum. Maintenant, j’ai compris jusqu’à quel point il faut descendre pour aimer sans retour et pardonner sans regard : jusqu’à cette ultime poche d’os.
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«  Face à cette pagode, un cimetière chancelle sur les rizières, ses coffrets d’os suspendus entre les nuages célestes et leur reflet dans l’onde.
Le soleil fait miroiter une larme de chagrin ou de joie.
Des femmes au chapeau conique, courbées, se cassent en deux pour ramasser d’infinies récoltes.
Les ancêtres reposent à leurs côtés . »
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Autour de toi, c'est noir de visages et de vociférations : c'est la vie telle qu'on l'aime - telle que tu l'aimes. Et au-dessus de ce capharnaüm, le soleil explose, humide et lourd comme il l'est au Vietnam ; personne n'y échappe. Des odeurs c'est direct, c'est foutu on en a plein le nez : viande grillée, bun cha, herbes, charbon, gaz. Tu nais là-dedans, bébé sale, bébé de sang, jamais lavée, et à quoi bon avec ces cris et ces senteurs qui enrobent autant que ces draps troués. C'est mieux que tout d'être dans cette crasse, parce qu'il y a de l'amour dans ces draps, dans ces exclamations, dans ces parfums, l'amour d'une ville qui vit enfin sa vie, sans complexe et d'une ville qui aime ses filles sans complexe.
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Mais en France, il n'y avait plus ses cousines. Puis, bientôt, plus personne. C'était elle seule sur son banc, à attendre. Et quand on est un enfant, vous savez, et que rien ne vient, vous savez, à force d'attendre, on meurt.
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Elles se font mal et elles n'ont pas mal .
Elles veulent mourir vivantes,
elles veulent vivre mortes.
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Elles devinrent étrangères. L'étrangeté se déclinait dans la rue, sur la peau, dans la langue, sur les gestes, dans les manières et la voix, dans les accents et le cœur. Soudain, une femme devenait étrangère dans un pays ; soudain, une femme devenait étrangère au cœur de son enfant. L’étrangeté, si on ne la soignait pas, était contagieuse et mortelle, mais elles l’ignoraient encore.
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Les moustiques le savent bien: quand les pieux traversent les ponts en costume traditionnel vers leur lieu de prière, ils viennent les y piquer.
P°14
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