Citations sur Le temps de la prophétie (48)
Le halo lumineux éclaire les rangées de livres à mesure que je les parcours, même si je sais bien que le livre que j’espère trouver ne sera pas là, posé en évidence. À supposer qu’il soit là, pour commencer. Mais si Dee a raison et que Henry Howard est derrière le vol du livre d’Hermès Trismégiste survenu à Oxford il y a quelques années, il est très probable qu’il soit caché quelque part dans sa bibliothèque. J’espère que j’aurai assez de temps pour fouiner à mon aise et retrouver sa trace.
Chapitre 15
Je profite de la bibliothèque de John Dee, comme vous savez. Il accueille volontiers les savants qui veulent la visiter et il a beaucoup de livres qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
Chapitre 13
La maison de Dee est vieille et biscornue, l’escalier noirci et patiné par les générations d’habitants qui l’ont foulé. Les marches craquent comme des créatures vivantes fatiguées par le poids des ans, et du coin de l’œil je crois discerner des ombres, le halo lumineux qui me suit plongeant tout le reste dans l'obscurité.
Chapitre 11
Je songe au chemin tracé en ce monde pour toute jeune femme de noble extraction : elle n’a droit de briller qu’une brève saison, pendant laquelle elle parade, admirée de tous, et cette saison dure exactement le temps qu’il lui faut pour se trouver un mari. Le jour de son mariage est le zénith de sa courte floraison ; après cela, elle se fane, se couvre les cheveux et se contente du reflet glorieux que lui renvoient son mari et ses enfants. Pour une femme comme Marie, être condamnée à s’effacer ainsi doit être un supplice.
Chapitre 9
(...) mon ars memoria est bien plus qu’une simple technique utile aux orateurs ou à ceux qui veulent améliorer leurs capacités mémorielles. C’est un art profondément magique, mis au point lors de mes mois de fuite en Italie et affiné au fil de longues années d’études, dans les bibliothèques et les archives de Gênes, de Toulouse et de Paris. C’est une réalisation merveilleuse, je n’hésite pas à le dire, bien que peu d’hommes soient capables de le comprendre pleinement ; mon système est le premier du genre à combiner l’art classique de la mémoire et la philosophie enseignée par Thomas d’Aquin, puis transmise par l’enseignement de l’ordre auquel j’appartenais, les dominicains, mais j’ajoute à cela le plus puissant des ingrédients, l’antique sagesse égyptienne d’Hermès Trismégiste. Sans cet élément de magie, mon œuvre n’aurait eu aucun intérêt pour le roi Henri de France, un homme dont l’enthousiasme pour les sciences occultes talent en la matière.
Chapitre 9
J’en ai assez vu ici-bas pour croire que Dieu nous a donné la raison afin que nous nous en servions et que le diable n’existe que dans le cœur des hommes.
Chapitre 8
Enfin, je pose les yeux pour la première fois sur la reine. Avant même mon arrivée sur cette île, j’ai porté en moi l’image d’Elisabeth Tudor, la souveraine protestante qui a osé défier trois papes successifs au cours de ses vingt-cinq années de règne. C’est prétentieux et idiot, je le sais, mais j’ai toujours pensé que si j’arrivais à lui faire écouter mes paroles ou lire mes mots, elle ressentirait une sorte d’affinité instinctive avec moi. Comme moi, elle a été excommuniée pour hérésie et déclarée ennemie de l’Église à cause de ses idées, le Saint-Office veut sa mort autant qu’il souhaite la mienne ; en dépit de tous les efforts de ses conseillers les plus raisonnables, tels Walsingham et Burghley, elle encourage des hommes comme John Dee et s’intéresse sincèrement aux sciences occultes. S’il y a un souverain digne d’être le patron d’un philosophe hérétique aux points de vue hétérodoxes et provocants, c’est certainement cette femme à l’esprit ouvert, effrontément intellectuelle, qui, derrière les sourires aimables qu’elle accorde en cet instant à ses serviles courtisans, doit posséder une volonté d’acier pour avoir régné si longtemps sur un monde d’hommes.
Chapitre 7
Cette porte était fermée quand je suis parti, je suis prêt à le jurer sur tout ce que j’ai de plus cher ; je suis minutieux jusqu’à l’obsession sur ce point. En six mois, je ne suis jamais sorti en oubliant de fermer le verrou : il y a dans mon coffre des livres et des écrits qui ne seraient pas du goût de tout le monde dans ce bastion catholique.
Chapitre 6
Si l’univers est infini, comme je le crois, il contient sans nul doute un nombre infini de possibilités que nous n’avons pas imaginées ou tenté d’explorer, mais plus j’y réfléchis, plus je découvre en moi un scepticisme instinctif envers les tours faciles des alchimistes et des charlatans en tout genre qui prétendent agir par transmission de pensées à l’arrière d’un chariot devant une foule crédule.
Chapitre 6
Mais je vous le demande : ce quinzième livre perdu, que croyez-vous qu’il contienne ? — Personne ne le sait vraiment. C’est ce qui fait son irrésistible attrait. Nous savons seulement que le grand philosophe et astrologue Marsile Ficin refusa de le traduire pour Cosme de Médicis parce qu’il avait peur des conséquences pour la chrétienté.
Chapitre 6