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Critique de Ogrimoire


Ce livre, le premier d'une série, regroupe visiblement les centres d'intérêt de nos deux auteurs, Chris Brookmyre, auteur de romans policiers, et son épouse, que l'histoire de l'anesthésie doit motiver.

Et, en effet, on se retrouve à Édimbourg, alors que l'éther commence à se faire une place dans la pharmacopée, mais se heurte à de sérieuses résistances, notamment du côté de l'église, qui s'accroche à la lettre des textes, et, en particulier, à l'idée qu'il faut enfanter dans la douleur. On comprend aisément, et cela est souligné dans le livre, que dans un tel contexte, quelques erreurs de manipulation auraient suffi à faire renoncer pour de longues années encore à l'emploi des narcotiques… laissant tous ceux qui devaient se faire opérer subir le martyre. Heureusement, l'arrivée du chloroforme, moins délicat d'usage que l'éther, et que le professeur Simpson adopte dans ce livre, a permis d'éviter cet écueil.

De plus, la condition féminine, en ce milieu du XIXe siècle, est particulièrement fragile. Même dans les classes favorisées, hors du mariage, point de salut, comme le montre Mlle Grindlay, qui consacre tous ses efforts à se trouver un parti acceptable, alors même qu'elle est cultivée et intelligente. Et, pour celles qui doivent travailler, c'est évidemment pire, puisqu'elles sont en permanence soumises au risque d'être renvoyées. Ainsi, nombre d'entre elles sont contraintes à tout accepter, pour éviter de se retrouver sans emploi, ce qui signifie alors sans logis, et, souvent, prostitution.

Sarah, pour sa part, incarne ces femmes qui se heurtent à l'impossibilité d'être reconnues pour leurs compétences. Femme de chambre, elle lit et serait parfaitement capable de suivre des études de médecine… mais elle n'est pas un homme. Elle aurait également les capacités de travailler comme préparatrice dans une pharmacie, mais les clients n'auraient pas confiance dans des médicaments préparés par une femme. Bref, elle se sent totalement engluée dans cette société machiste qui ne lui laisse d'autre choix que d'être femme de chambre. Et, comme en contrepoint, on nous rappelle au détour d'une page que Charlotte Brontë, pour publier Jane Eyre, l'avait fait sous un pseudonyme masculin, Currer Bell.

Le petit jeu entre les deux protagonistes de ce livre – et de la série qui va en découler, et dont le deuxième tome est paru en grand format cette année -, Will et Sarah, qui commencent par se regarder comme chien et chat, avant de s'apprivoiser, est assez amusant. Et l'on imagine tous les développements auxquels cela pourrait nous amener par la suite…

L'ensemble donne un livre efficace, avec une intrigue de facture assez classique, mais qui nous apporte beaucoup d'éléments sur la société et la médecine à l'époque. Sans être un véritable coup de coeur, cela fonctionne bien, la lecture est agréable – à l'exception de quelques descriptions, comme celle d'une craniectomie… -, ce qui devrait convaincre une bonne partie des amateurs de polars historiques !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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