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Critique de Gaphanie


C'est avec un grand plaisir que je me suis plongée dans cet ouvrage de Michel Pastoureau, dont j'avais adoré le Loup : une histoire culturelle et le Roi tué par un cochon...

Ici, Michel Pastoureau étudie les Bestiaires du Moyen-âge. En précisant utilement dès le départ que le but de la zoologie médiévale n'est absolument pas l'étude descriptive des espèces, mais de créer des supports de significations morales et religieuses. Ainsi certains animaux vont être franchement du côté de la Lumière (Lion, cerf, éléphant, boeuf....), d'autres du côté des forces obscures (l'ours, le corbeau, hérisson...) et la plupart en fait assez ambivalents. Il va ainsi faire une sorte d'inventaire de ce qu'on trouve dans ces bestiaires, tout en respectant les catégories en usage à l'époque, à savoir :

- les quadrupèdes sauvages : le Lion, roi des animaux, star du bestiaire médiéval, effrayé uniquement par les coqs blancs, le feu et le grincement des roues de charrette, l'Ours, ancien roi des animaux détrôné par le Lion avec l'expansion du christianisme, le cerf, le sangler, le loup, la panthère... Très grosse surprise pour moi ce qu'on racontait au Moyen-âge sur la Panthère, positive, représentée avec des points multicolores…

- les quadrupèdes domestiques : cheval, âne, mouton, cochon, chien, chat, belette...

- les Oiseaux : l'aigle - et là j'ai appris que l'aigle n'était pas tellement un symbole nordique ou aryen, à la base, c'était plutôt le corbeau et/ou le faucon qui avaient une place prédominante, colombe, coq... A ce sujet, Michel Pastoureau explique que les artistes ne cherchent pas à faire des dessins ressemblants, on reconnaît les animaux non pas à leur aspect, mais à leurs attributs. Ainsi, un oiseau avec une pierre dans la patte est une grue, mais le même oiseau avec un un fer à cheval est une autruche. On reconnaît un chat parce qu'il y aura une souris près de lui, et on reconnaîtra la souris à la présence de fromage. du coup, les illustrations sont passionnantes à observer !

- les Poissons et les êtres aquatiques : dauphins, baleines, sirènes, crocodiles, hippopotames (maléfique au point de se voir attribuer le nom du démon Béhémoth !)

- Serpents et vers : surprise : le lynx, un grand ver blanc qui peut voir à travers murs et montagnes ! On retrouve aussi ici les dragons, les sangsues, les fourmis, les abeilles et parfois la souris, considérées par certains auteurs comme un ver….

Bref, c'est un ouvrage passionnant où on apprend vraiment des tas de choses sur la symbolique des différents animaux, mais pas que ! Par exemple, je sais maintenant pourquoi Marguerite était un prénom aussi répandu, pourquoi le Pélican a aussi bonne presse, à cause de qui on croit que les éléphants ont peur des souris…

Les Bestiaires étaient donc des ouvrages très prestigieux à avoir dans sa bibliothèque. Un genre littéraire, en fait, ni plus ni moins, qui parle la plupart du temps de Dieu et du Diable, cite beaucoup la Bible. Je retiens particulièrement des cette étude deux ouvrages : celui à l'origine de cette "mode" des bestiaires, le Physiologus, écrit au 2ème siècle avant notre ère, et le Bestiaire d'Amour de Richard de Fournival dont les extraits m'ont beaucoup amusée.

Et cerise sur le gâteau, je viens de découvrir que Michel Pastoureau avait aussi beaucoup écrit sur le Légende Arthurienne, j'ai hâte d'en savoir plus !
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