Pour Google, ces 9 secondes représentent un défi à la mesure de l’entreprise californienne : comment faire pour continuer à capter les regards d’une génération « distraite de la distraction par la distraction », pour reprendre les mots de T.S. Eliot.
Les ordinateurs de Google ont également réussi à estimer le temps d’attention de la génération des Millennials. Ceux qui sont nés avec la connexion permanente et ont grandi avec un écran tactile au bout des doigts. Ceux qui, comme nous, ne peuvent s’empêcher de sentir une vibration au fond de leur poche ; ceux qui, dans les transports en commun, avancent l’œil rivé sur le smartphone, concentrés dans l’espace-temps de leur écran. Le temps d’attention, la capacité de concentration de cette génération, annonce l’homme, est de 9 secondes. Au-delà, son cerveau, notre cerveau décroche. Il lui faut un nouveau stimulus, un nouveau signal, une nouvelle alerte, une autre recommandation. Dès la dixième seconde.
Nos rêves numériques se brisent sur cette durée dérisoire. L'infini nous était promis. Il était entendu que le cyberespace ne connaîtrait de limite que celle du génie humain. Au lieu de quoi, nous sommes devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au manège de nos alertes et de nos messages instantanés.