Voilà un moment qu'il est en train de se salir les doigts avec le dos poussiéreux des livres, sans doute le seul objet capable d'accumuler autant de saleté que l'argent.
On pense qu'une fois la dernière plinthe posée, le dernier luminaire installé, la dernière vis de la dernière poignée de porte vissée, c'est fini : la maison cesse d'exiger, et c'est enfin le tour des autres, de ceux qui vont y habiter. (...) c'est le contraire. C'est une fois achevée qu'une maison commence réellement à vivre, à avoir des besoins, à réclamer sans cesse qu'on s'occupe d'elle.
C'est un argent perdu, stérile et glorieux en même temps, aussi désolant que ces fossiles qu'on déterre et qu'on fête comme de providentielles retrouvailles pour l'humanité, tant ce qu'ils semblent expliquer du monde est unique, mais un peu plus tard, examinés avec plus d'attention et patience, ils ne procurent que de l'amertume et finissent par décourager, car la langue dans laquelle ils semblent l'expliquer est une langue morte, non pas impénétrable mais littéralement morte, que seules deux personnes ont parlée et presque toujours sans savoir qu'elles la parlaient et souvent sans même savoir non plus ce qu'elles disaient, ni pourquoi, ni quelle valeur particulière, quel éclat, quel obscur privilège honorait ce que, aveugles, elles prenaient pour monnaie courante.
Libre, oui, mais libre pour quoi faire ?
Qu'il soit riche ou pauvre, l'important est qu'il se sente libre.