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EAN : 9782267020311
118 pages
Christian Bourgois Editeur (09/04/2009)
4/5   9 notes
Résumé :
Tandis qu'il regarde à la télévision le palais de la Moneda brûler à Santiago du Chili, le 11 septembre 1973, le narrateur d'"Histoire des larmes" ne parvient pas à pleurer. Malgré son jeune âge, il compte parmi les ardents partisans de la voie latino-américaine vers le socialisme, possède une solide formation marxiste et, à Buenos Aires où il vit avec sa mère, ne manque jamais d'acheter "La Cause péroniste" et autres revues révolutionnaires. S'il ne verse aucune la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Drôle et émouvant.
Au départ, le personnage central d' "Histoire des larmes", un petit garçon, déjà fanatique de lecture avant de savoir lire, tente à quatre ans d'imiter Superman, en se jetant, costumé dans l'habit de son super-héros, au travers d'une porte vitrée.

Premier volume de la trilogie d'Alan Pauls (précédant "Histoire des cheveux" et "Histoire de l'argent"), "Histoire des larmes" est, comme les deux autres, une exploration de la première moitié des années 1970 en Argentine, cette période d'espoir et de rêves de révolution, ensuite déçus avec le retour de la dictature militaire en 1976. Sous-titré "Un témoignage", cette histoire est vue, de côté, à travers le parcours familial, et politique, d'un enfant et d'un adolescent.

Dans ce récit néanmoins, le coeur de la douleur et des larmes n'est pas en Argentine, mais en septembre 1973, au Chili, alors que le narrateur, maintenant adolescent, est devenu un lecteur assidu de la littérature marxiste et de la presse révolutionnaire.

«À quatorze ans il donne déjà libre cours à une rapacité marxiste qui dévore tout sur son passage : Fanon, Michael Löwy, Marta Harnecker, Armand Mattelart, le couple Dorfman-Jofré, qui lui enseigne à quel point Superman, l'homme d'acier qu'il a toujours idolâtré et idolâtre encore, dans cette sorte de seconde vie légèrement déphasée qui court parallèlement à celle dans laquelle il s'use les yeux pour se former à la pensée révolutionnaire latino-américaine, est en réalité incompatible avec cette vie, en est l'un des principaux ennemis, un ennemi déguisé et donc mille fois plus dangereux que ceux qui laissent leur uniforme les trahir comme tels – tels ces tortionnaires, sans chercher plus loin, qui, à Santiago, mettent le feu au palais de la Moneda, passé de siège du gouvernement à tombe du socialisme à la chilienne, car la catastrophe a eu lieu il y a seulement un an, elle est encore toute fraîche.»

Lui, si proche de la douleur, pleurant au moindre prétexte en présence de son père lorsqu'il était enfant, est devenu précocement un être trop lucide, pas un super-héros mais un homme incapable de pleurer, même en ce 11 septembre 1973 devant les images du palais de la Moneda en feu.

Virtuoses, les phrases d'Alan Pauls ont la force des grandes vagues, entremêlant la fiction familiale, les sentiments intimes et l'histoire argentine. Une lecture nécessaire.
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HISTOIRE DES LARMES d'ALAN PAULS
Quand son père a quitté la maison pour ne plus y apparaître que les samedis matin, Il était parti avec ses chemises à monogrammes et sa montre à gousset. Lui avait quatre ans, c'était une oreille absolue, un confident, on se précipitait vers lui pour raconter, il écoutait, son père en était fier et en parlait à tous ses amis dans les réunions. Pendant qu'il jouait avec ses petites voitures sa mère venait s'asseoir près de lui et lui racontait ses malheurs, son mari parti, la pression de ses parents, sa grand mère qui avait été obligée de jeter au feu l'argent volé au grand père dans le but de s'acheter un rasoir pour éliminer son duvet…il aimait son père qui l'utilisait comme espion dans la maison et surtout c'était la seule personne au monde avec laquelle il pleurait, c'était si bon de verser des larmes.
C'est à tout cela qu'il pense lorsqu'il regarde la télévision ce 11 septembre 1973 qui voit le bâtiment de la Moneda où vivait Salvador Allende en feu. Aucune larme ne sortira de ses yeux désespérément secs bien qu'il fût un lecteur acharné du Manifeste du Parti Communiste et de la Cause Péroniste depuis l'âge de 14 ans.
Comme souvent avec Alan Pauls, un récit très intimiste ancré profondément dans l'histoire argentine.
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Alan Pauls est un écrivain argentin , fils d'un émigré allemand qui a fui le nazisme en 1936.
Le titre de ce livre est donc Histoire des larmes- Un témoignage, il n'est nulle part précisé , ce que le mot "témoignage" signifie ici. Et, bien sûr, le mot " roman" n'apparait nulle part, mais c'est de plus en plus fréquent.
Il appartient à une trilogie qui se complètera peut-être qui comprend successivement, du moins dans leur traduction française , cette Histoire des larmes, suivie de Histoire des cheveux et d'Histoire de l'argent. A suivre, donc..

C'est l'histoire d'un enfant très.. empathique, qui attire les confidences et devient, de ce fait , un parfait réceptacle des souffrances des autres. Ce n'est qu'en compagnie de son père qu'il pleure , jamais avec quelqu'un d'autre.

"Il considère les larmes comme un moyen, une monnaie d'échange avec laquelle acheter ou payer. Ou peut-être est-ce la forme que le Proche adopte chez lui quand il est avec son père. Quelque chose dans l'acte de pleurer lui rappelle le bout de ses doigts poli par le frottement contre le fond de la piscine. Si ses doigts pouvaient saigner, s'ils saignaient sans blessure, seulement parce que leur peau est devenue extrêmement fine, alors ce serait parfait."

Difficile de ne pas penser au Moi-Peau de Didier Anzieu..

Mais ce Proche?
" Il ne croit pas au bonheur, pas plus qu'à qu'à toute autre émotion telle que celui qui l'éprouve n'a besoin de rien d'autre. Pour quelque raison, il se sent proche de la douleur ou, très tôt, il a perçu la relation profonde qui existe entre la proximité , quelle qu'elle soit, et la douleur: ce qu'il y a de crucial dans le fait que la distance se réduise soudain, que l'air disparaisse et que les intervalles entre deux choses soient comblés. C'est là qu'il brille, lui, qu'il brille comme personne c'est là qu'il trouve sa place. S'il le pouvait, à L Heureux et au Bon, il opposerait ceci: le Proche."

Ce n'est que plus tard, le 11 septembre 1973, en regardant à la télévision la mort d'Allende en direct , qu'il va s'apercevoir qu'il ne peut plus pleurer. du tout. Par contre, il va agir et rompre immédiatement avec sa petite amie dont la famille appartient à la droite chilienne. Sans doute plus sain, finalement, comme réaction?

C'est un beau et surprenant texte , écrit en de très longues phrases pleines de digressions multiples qui s'entrecroisent.
Quant à la dimension métaphorique, qui existe sans doute, elle m'a beaucoup échappé...
Je préfère, à ce niveau , donner ce lien , trouvé en cherchant d'autres visions de ce livre, qui en dit plus:


Lien : http://table-rase.blogspot.c..
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Une histoire de larmes et de non larmes… le narrateur est un petit garçon qui a décidé très jeune qu'il ne pleurait plus, qu'il ne verserait plus de larmes. Il va nous raconter son enfance de fils de divorcé. Il vit dans un grand appartement ave sa mère, qui préfère rester couchée toute la journée. Lui, il est un petit Superman, qui un jour, s'est fracassé sur la baie vitrée du salon. Il est un petit garçon, qui aime faire du tricycle sur les trottoirs du quartier, un quartier où vit énormément de militaires. de temps en temps, son père passe le prendre et ils vont ensemble à la piscine ou au tennis. Nous sommes au Chili et le 11 septembre 1973, il est chez un ami devant la télévision. Lui, de cette journée, il n'a que le souvenir du goûter et des larmes de son ami face à l'écran de télévision et les images d'incendie de la Monada. Il va aussi nous raconter les larmes de sa première petite amie, qu'il a décidé de quitter après le coup d'état. Il y a aussi cet étrange voisin, à qui sa mère le confie quand elle a des courses à faire. Cet homme l'héberge de façon silencieuse, dans son appartement, mais qui est vraiment ce militaire si silencieux ??!! Avec de longues phrases, Alan Pauls nous entraîne dans l'esprit du narrateur. Nous sommes, en même temps, au moment actuel et dans ses souvenirs d'enfance. Les images s'entrechoquent, les souvenirs s'entremêlent. Il faut s'accrocher, pendant la lecture, mais on est tout de même vite happé par l'histoire du pays et la vie du narrateur.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
À un âge où les enfants meurent d'envie d'en parler, il peut passer des heures à écouter. Il a quatre ans, du moins c'est ce qu'on lui a dit. À la stupeur de ses grands-parents et de sa mère, réunis dans le salon du petit trois pièces situé rue Ortega y Gasset, d'où son père a disparu huit mois plus tôt, sans explications pour autant qu'il s'en souvienne, en emportant son odeur de tabac, sa montre de gousset, et sa collection de chemises Castillon, sur mesures et ornées de son monogramme, et où il revinbet désormais presque tous les samedis matins, sans doute pas aussi ponctuellement que son ex femme le souhaiterait, pour appuyer sur le bouton de l'interphone et intimer, de ce ton crispé qu'il apprend plus tard à interpréter, lui, comme un indicateur de l'état dans lequel se trouvent les relations de son père avec les femmes, après avoir eu des enfants avec elles, à quiconque lui répond, qu'il descende ! et il traverse donc la pièce à toute allure, dans le pathétique costume de Superman qu'on vient de lui offrir, les bras tendus vers l'avant et faisant grossièrement mine de voler, tel un canard muni d'attelles, une momie ou un somnambule, puis transperce et réduit en éclats la vitre de la porte-fenêtre qui donne sur le balcon.
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Videos de Alan Pauls (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alan Pauls
Vie de Guastavino et Guastavino, d'Andrés Barba Traduit de l'espagnol par François Gaudry
Devant la douleur des autres de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabienne Durand-Bogaert
le Style Camp de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Durand
le Passé, d'Alan Pauls Traduit de l'espagnol (Argentine) par André Gabastou.
Mumbo Jumbo, d'Ishmael Reed Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gérard H. Durand Nouvelle préface inédite de l'auteur
Dalva de Jim Harrison Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
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