Pablo, le narrateur, est un jeune Turinois qui vit à l'époque de l'Italie fasciste. Il tient à l'occasion le comptoir-tabac familial, il sort le soir avec les copains, il joue (très bien) de la guitare, mais dès les premières pages, il fait part de son amertume : « Je voulais comprendre pourquoi j'en avais marre et pourquoi, précisément maintenant je me sentais comme un chien, je ne voulais plus entendre parler des autres ». Un sentiment de vie gâchée, comme celle de son ami Amelio victime d'un accident de moto. Jusqu'au jour où, presque sur un coup de tête, il part pour Rome. Là-bas, il se frotte à la résistance antifasciste.
Une action lente, mais un récit tendu. le ton est sec et distant, à l'image du narrateur, et le texte n'offre que peu de descriptions et de développements psychologiques. Malgré sa simplicité apparente, ce style exige une attention de lecture particulière pour interpréter les faits et les paroles, souvent chargées de sous-entendus.
Pavese, comme
Carlo Levi, a été assigné en résidence surveillée dans un village du sud de l'Italie en 1935. Autant le ton de Levi est chaleureux dans le Christ s'est arrêté à Éboli (voir ma critique), autant celui de Pavese est froid dans
le camarade. Les deux auteurs se connaissaient et j'ai trouvé très intéressant de confronter leurs approches opposées de la littérature, de la vie même (sachant que Pavese s'est suicidé à 41 ans), malgré un combat politique partagé.