Citations sur Le feu de chaque jour (précédé de) Mise au net - D'un mot.. (59)
Suis-je âme en peine ou corps errant ?
LE TEMPS MÊME
...
Tout est calme
le monde naturel repose
c'est la ville autour de son ombre
cherchant toujours se cherchant
perdue en sa propre immensité
sans s'atteindre jamais
ni pouvoir sortir de soi
Je ferme les yeux et vois passer les autos
elles s'allument et s'éteignent, s'allument
s'éteignent
où vont-elles je ne sais
Tous nous allons mourir
Savons-nous autre chose ?
DURÉE
IV
Parle écoute réponds-moi
ce que dit le tonnerre
la forêt le comprend
/ Traduction * Claude Esteban * Roger Cailloix * Jean-Claude Masson
Ce que j'ai vu, ce que je dis,
le soleil, blanc, le dissipe.
Tout est porte
il suffit de la légère pression d'une pensée
la beauté ne suffit-elle ?
Je ne sais rien
Je sais ce qui est superflu
non ce qui suffit
La poésie n'est pas la vérité :
elle est résurrection des présences,
histoire
transfigurée en vérité du temps sans date.
La poésie,
comme l'histoire, se fait ;
la poésie,
comme la vérité, se voit.
J'ai dressé avec les mots et leurs ombres
une maison mobile de reflets,
tour ambulante, édifice de vent.
[...]
Spirale des échos, le poème
est air qui se sculpte et se dissipe,
allégorie fugace des noms
véritables. Parfois la page respire :
les essaims de signes, les républiques
errantes de sons et de sens,
en une rotation magnétique s'enlacent et se dispersent
sur le papier.
(in : Mise au net 18)
Maintenant je suis vivant et sans nostalgie
la nuit coule
la ville coule
j'écris sur la page qui coule
je passe avec les mots qui passent
Avec moi ne commença pas le monde
Il ne va pas finir avec moi
(in : Le temps même)
Intérieur
Pensées en guerre
veulent briser mon front
Par des chemins d’oiseaux
avance l’écriture
La main pense à voix haute
le mot en convie un autre
Sur la feuille où j’écris
vont et viennent les êtres que je vois
Le livre et le cahier
replient les ailes et reposent
On a déjà allumé les lampes
comme un lit l’heure s’ouvre et se ferme
Les bas rouges et le visage clair
vous entrez toi et la nuit