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Critique de Fanvin54


La statue de Bill Shankly vous accueille à l'entrée d'Anfield, le stade du Liverpool Football Club, juste sous le kop : il y est représenté bras levés, poings serrés, en signe de victoire. Et pour cause : Bill Shankly, manager du Liverpool Football Club de 1959 à 1974, est un mythe à Anfield. Ecossais d'origine, Il est l'homme à l'origine du renouveau du club, celui qui permet à Liverpool de remonter dans l'élite du football anglais, après plusieurs années passées en seconde division. Sous sa direction, le club va remporter de nombreux titres (3 championnats, 2 FA Cup, une coupe de l'UEFA). D'une grande humilité, très proche des supporters, adulé par ces derniers, Bill Shankly fut un infatigable travailleur au service de Liverpool, l'homme qui a d'ailleurs doté le club de ses couleurs actuelles (le rouge, uniquement le rouge, du maillot aux chaussettes), afin de rendre ses joueurs plus impressionnants pour leurs adversaires. Meneur d'hommes hors pair, capable de sublimer ses joueurs, il fut un manager charismatique, exigeant, impitoyable aussi dans le choix des hommes (il n'hésitera jamais à se séparer de joueurs pourtant parmi les plus fidèles des Reds). Il est surtout quelqu'un qui a fait passer le club au-dessus de toute individualité : on aimerait tant que le football actuel, tombé dans la starisation à outrance de certains joueurs (ou managers d'ailleurs…n'est-ce pas José ?), en tire quelques enseignements…

David Peace, déjà remarqué pour « 44 jours », offre ici un formidable portrait de Bill Shankly. Son style d'écriture, fait de répétitions, peut certes prêter à débat. Dans le cas présent, il traduit l'obsession d'un homme sans cesse obnubilé par son équipe et ses résultats, qu'il soit à Anfield ou chez lui, dans sa cuisine par exemple. Ce style répétitif, c'est aussi finalement l'image du côté redondant des saisons (la préparation, la compétition, la victoire, le nul, ou la défaite, l'entraînement, les matchs à nouveau… et ainsi de suite la saison suivante). La construction du bouquin, en deux mi-temps, avec comme point de rupture, la démission de Bill Shankly de son poste, est également à remarquer. Et si la première partie est faite de gloire et d'honneurs, la seconde partie, consacrée à la retraite de Bill Shankly, laisse un goût un peu amer au lecteur. Elle conte l'histoire d'un homme qui n'a vécu et ne vit que pour le football, et qui se retrouve un peu désoeuvré. L'histoire d'un homme que le club qu'il avait façonné a un peu laissé de côté suite à sa démission, comme un personnage du passé devenu trop encombrant, notamment par rapport à son successeur. Mais cette seconde partie développe aussi l'histoire d'un homme à la conscience politique forte, fidèle à ses origines prolétaires, se revendiquant socialiste.

« Rouge ou mort » est une oeuvre dense, magistrale, mais aussi exigeante. Un roman incroyablement marquant, une ode au « vrai » football.

Peut-être si vous lisez ce roman (je vous y encourage vivement !), vous ferez, comme moi, de fréquentes visites sur internet au fur et à mesure de votre lecture pour aller visualiser les images ou vidéos disponibles sur tel ou tel évènement évoqué (les matchs notamment), histoire "de se mettre dans l'ambiance". Cela rend la lecture d'autant plus vivante, concrète.

Un dernier mot pour dire que vivre un match à Anfield est une expérience extraordinaire pour tout amateur de football (j'en parle en connaissance de cause). Et n'oubliez pas à cette occasion d'aller saluer la statue de Bill Shankly, qui vous accueille à l'entrée du stade, juste sous le kop…
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