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Citations sur Le porche du mystère de la deuxième vertu (26)

C'est la nuit qui est continue. C'est la nuit qui est le tissu
Du temps, la réserve d'être
Et le jour n'ouvre là-dessus que par de méchantes fenêtres et des poternes.
C'est le jour qui rompt et le jour n'ouvre là-dessus
Que par de pauvres jours
De souffrance. C'est le jour qui crève et les jours sont comme des îles dans la mer.
Comme des îles interrompues qui interrompent la mer. Mais la mer est continue et ce sont les îles qui ont tort. Ainsi ce sont les jours qui ont tort et interrompus ils interrompent la nuit.
Mais ils ont beau faire et eux-mêmes
Ils baignent dans la nuit.
Comme la mer est la réserve d'eau ainsi la nuit est la réserve d'être.
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Ô nuit, ô ma fille la Nuit, toi qui sais te taire, ô ma fille au beau manteau.
Toi qui verses le repos et l'oubli. Toi qui verses le baume, et le silence et l'ombre
Ô ma Nuit étoilée je t'ai créée la première.
Toi qui endors, toi qui ensevelis déjà dans une ombre éternelle
Toutes mes créatures
Les plus inquiètes, le cheval fougueux, la fourmi laborieuse,
Et l'homme ce monstre d'inquiétude.
Nuit qui réussis à endormir l'homme
Ce puits d'inquiétude.
A lui seul plus inquiet que toute la création ensemble.
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C'est alors, ô Nuit, que tu vins.
O nuit la même.
La même qui viens tous les soirs et qui étais venue tant
de fois depuis les ténèbres premières.
La même qui étais venue sur l'autel fumant d'Abel et sur le cadavre d'Abel, sur ce corps déchiré, sur le premier assassinat du monde ;
ô nuit la même tu vins sur le corps lacéré, sur le premier, sur le plus grand assassinat du monde.
C'est alors, ô nuit, que tu vins.
La même qui étais venue sur tant de crimes depuis le commencement du monde ;
Et sur tant de souillures et sur tant d'amertumes ;
Et sur cette mer d'ingratitude, la même tu vins sur mon deuil ;
Et sur cette colline et sur cette vallée de ma désolation c'est alors, ô nuit, que tu vins.
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L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera.
Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera
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Madame Gervaise rentre

Madame Gervaise

La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance.



La foi, ça ne m'étonne pas.
Ça n'est pas étonnant.
J'éclate tellement dans ma création.
Dans le soleil et dans la lune et dans les étoiles.
Dans toutes mes créatures.
Dans les astres du firmament et dans les poissons
de la mer.
Dans l'univers de mes créatures.
Sur la face de la mer et sur la face des eaux.
Dans le mouvement des astres qui sont dans le ciel.
Dans le vent qui souffle que la mer et dans le vent
qui souffle sur la vallée.
Dans la calme vallée.
Dans la recoite vallée.
Dans les plantes et dans les bêtes et dans les bêtes
des forêts.
Et dans l'homme.
Ma créature.
Dans les peuples et dans les hommes et dans les
rois et dans les peuples.
Dans l'homme et dans la femme sa compagne.
Et surtout dans les enfants.
Mes créatures.
Dans le regard et dans la voix des enfants.
Car les enfants sont plus mes créatures.
Que les hommes
Ils n'ont pas encore été défaits par la vie.
De la terre.
Et entre tous ils sont mes serviteurs.
Avant tous.
Et la voix des enfants est plus pure que la voix
du vent dans le calme de la vallée.
Dans la vallée recoite.
Et le regard des enfants est plus pure que le bleu du
ciel, que le laiteux du ciel, et qu'un rayon d'étoile
dans la calme nuit.
Or j'éclate tellement dans ma création.
Sur la face des montagnes et sur la face de la plaine.
Dans le pain et dans le vin et dans l'homme qui
laboure et dans l'homme qui sème et dans la
moisson et dans la vendange.
Dans la lumière et dans les ténèbres.
Et dans le cœur de l'homme, qui est ce qu'il y a de
plus profond dans le monde.
Créé.
Si profond qu'il est impénétrable à tout regard.
Excepté à mon regard.
Dans la tempête qui fait bondir les vagues et dans la
tempête qui fait bondir les feuilles.
Des arbres dans la forêt.
Et au contraire dans le calme d'un beau soir.
Dans les sables de la mer et dans les étoiles qui sont
un sable dans le ciel.
Dans la pierre du seuil et dans la pierre du foyer et
dans la pierre de l'autel.
Dans la prière et dans les sacrements.
Dans les maisons des hommes et dans l'église qui
est ma maison sur la terre.
Dans l'aigle ma créature qui vole sur les sommets.
L'aigle royal qui a au moins deux mètres d'enver-
-gure et peut-être trois mètres.
Et dans la fourmi ma créature qui rampe et qui
amasse petitement.
Dans la terre.
Dans la fourmi mon serviteur
Et jusque dans le serpent.
Dans la fourmi ma servante, mon infime servante,
qui amasse péniblement, la parcimonieuse.
Qui travaille comme une malheureuse et qui n'a
point de cesse et n'a point de repos.
Que la mort et que le long sommeil d'hiver
(haussant les épaules de tant d'évidence.
devant tant d'évidence.)
J'éclate tellement dans toute ma création.
Dans l'infime, dans ma créature infime, dans ma ser-
-vante infime, dans la fourmi infime.
Qui thésaurise petitement, comme l'homme.
Comme l'homme infime.
Et qui creuse des galeries dans la terre.
Dans les sous-sols de la terre.
Pour y amasser mesquinement des trésors.
Temporels.
Pauvrement.
Et jusque dans le serpent.
Qui a trompé la femme et rampe pour cela sur
le ventre.
Et qui est ma créature et qui est mon serviteur.
Le serpent qui a trompé la femme.
Ma servante.
Qui a trompé l'homme mon serviteur.
J'éclate tellement dans ma création.
Dans tout ce qui arrive aux hommes et aux peuples,
et aux pauvres.
Et même aux riches.
Qui ne veulent pas être mes créatures.
Et qui se mettent à l'abri.
D'être mes serviteurs.
Dans tout ce que l'homme fait et défait de mal et
de bien.
(Et moi je passe par dessus, parce que je suis le
maître et je fais ce qu'il a défait et je défais ce
qu'il a fait.)
Et jusque dans la tentation du péché.
Même.
Et dans ce qui est arrivé à mon fils.
A cause de l'homme.
Ma créature.
Que j'avais créé.
Dans l'incorporation, dans la renaissance et dans la
vie et dans la mort de mon fils.

Et dans le saint sacrifice de la messe.

Dans toute naissance et dans toute vie.
Et dans toute mort.
Et dans la vie éternelle qui ne finira point.
Qui vaincra toute mort.

J'éclate tellement dans ma création.


Que pour ne pas me voir vraiment il faudrait que
ces pauvres gens fussent aveugles.




La charité, dit Dieu, ça ne m'étonne pas.
Ça n'est pas étonnant.
Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu'à
moins d'avoir un cœur de pierre, comment n'au-
-raient-elles point charité les unes des autres.
Comment n'auraient-ils point charité de leur frères.
Comment ne se retireraient-ils point le pain de la
bouche, le pain de chaque jour, pour le donner à
de malheureux enfants qui passent.
Et mon fils a eu d'eux une telle charité.

Mon fils leur frère.
Une si grande charité.


Mais l'espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne.
Moi-même.
Ça c'est étonnant.

Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se
passe et qu'ils croient que demain ça ira mieux.
qu'ils voient comme ça se passe aujourd'hui et qu'ils
croient que ça ira mieux demain matin.
Ça c'est étonnant et c'est bien la plus grande mer-
-veille de notre grâce.
Et j'en suis étonné moi-même.
Et il faut que ma grâce soit en effet d'une force
incroyable.
Et qu'elle coule d'une source et comme un fleuve
inépuisable.
Depuis la première fois qu'elle coula et depuis
toujours qu'elle coule.
Dans ma création naturelle et surnaturelle.
Dans ma création spirituelle et charnelle et encore
spirituelle.
Dans ma création éternelle et temporelle et encore
éternelle.
Mortelle et immortelle.
Et cette fois, oh cette fois, depuis cette fois qu'elle
coula, comme un fleuve de sang, du flanc percé de
mon fils.
Quelle ne faut-il pas que soient ma grâce et la force
de ma grâce pour que cette petite espérance,
vacillante au souffle du péché, tremblante à tous
les vents, anxieuse au moindre souffle,
soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi
droite, aussi pure ; et aussi invincible, et immortelle, et
impossible à éteindre ; que cette petite flamme du
sanctuaire.
Qui brûle éternellement dans la lampe fidèle.
Une flamme tremblotante a traversé l'épaisseur
des mondes.
Une flamme vacillante a traversé l'épaisseur des
temps.
Une flamme anxieuse a traversé l'épaisseur des
nuits.
Depuis cette première fois que ma grâce a coulé
pour la création du monde.
Depuis toujours que ma grâce coule pour la conser-
-vation du monde.
Depuis cette fois que le sang de mon fils a coulé
pour le salut du monde.
Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort.



Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.

Car mes trois vertus, dit Dieu.
Les trois vertus mes créatures.
Mes filles mes enfants.
Sont elles-mêmes comme mes autres créatures.
De la race des hommes.
La Foi est une Épouse fidèle.
La Charité est une Mère.
Une mère ardente, pleine de cœur.
Ou une sœur aînée qui est comme une mère.
L'Espérance est une petite fille de rien du tout.
Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint.
Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne.
Peints.
Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne
mangent pas.
Puisqu'elles sont en bois.
C'est cette petite fille pourtant qui traversera les
mondes.
Cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les
mondes révolus. (....)
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C'est-à-dire il dépend de nous
Que l'espérance ne mente pas dans le monde.

C'est-à-dire, il faut le dire, il dépend de nous
Que le plus ne manque pas du moins,
Que l'infiniment plus ne manque pas de l'infiniment moins,
Que l'infiniment tout ne manque pas de l'infiniment rien.

Il dépend de nous que l'infini ne manque pas du fini.
Que le parfait ne manque pas de l'imparfait.

C'est une gageure, il manque de nous, il dépend de nous
Que le grand ne manque pas du petit,
Que le tout ne manque pas d'une partie,
Que l'infiniment grand ne manque pas de l'infiniment petit.
Que l'éternel ne manque pas du périssable.

Il manque de nous (c'est une dérision), il manque de nous que le Créateur
Ne manque pas de sa créature.
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Par cette brebis égarée, Jésus a connu la crainte dans l'amour.
Et ce que la divine espérance met de tremblement dans la charité même.
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Car les chemins de la terre ne peuvent pas garder plusieurs couches de traces.
Mais les chemins du ciel gardent éternellement toutes couches de traces
Toutes traces de pas.
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Sur terre, sur nos chemins de la terre nos pas effacent nos pas.
Car les chemins de la terre ne peuvent pas garder plusieurs couches de traces.
[...] Sur nos chemins de la terre il n'y a qu'une seule matière, la terre,
Nos chemins de la terre ne sont jamais faits que de la même terre [...]
Une trace efface l'autre. Un pas efface un pas. Un pied efface un pied.
C'est pour cela que nous disons que nous faisons le même chemin.
C'est que ce même chemin est un chemin, un même chemin de la même terre.
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Vous faites vingt fois le même chemin terrestre.
Pour aboutir vingt fois.
Et vingt fois vous aboutissez, vous parvenez, vous atteignez
Péniblement, laborieusement, difficilement,
Peineusement
Au même point de déception
Terrestre.
Et vous dites: Cette petite Espérance m'a encore trompé.
J'aurais du me méfier. C'est la vingtième fois qu'elle me trompe. [...]
Et voici ce qui ne déçoit point: Ces vingt fois ne sont pas la même Si ces vingt fois sont vingt fois d'épreuve (s)
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