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EAN : 9781090424785
136 pages
éditions Lunatique (01/02/2017)
4/5   3 notes
Résumé :
Lorsqu’il a étranglé la fille, elle se trouvait juchée sur sa table, jupe retroussée, cuisses écartées. A-t-on idée de grimper sur sa table quand on est élève à l’institution de la Mère-Dieu ? Ici, c’est genoux serrés et bouche cousue (ça devrait l’être, c’était comme ça, avant). Il se passe de drôles de choses à l’institution de la Mère-Dieu. Heureusement, l’ange gardien est là, qui veille sur tout le monde. Son grand oeuvre, tout compte fait, n’est peut-être pas d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La quatrième de couv' (qui est l'incipit) laisse sans voix. Mais où a-t-on mis les pieds ? Bienvenue dans l'institution de la mère-dieu ! Ne cherchez pas à savoir qui est de côté de quelle barrière, c'est très flou. de toute façon notre narrateur - homme à tout faire et peintre hors paire - ne nous laisse pas le choix, c'est lui qui nous fait visiter les lieux à sa manière. Une fois le drame posé, point d'enquête, on sait qui a fait le coup, l'affaire est réglée. Maintenant, voyons le plus intéressant : comment ça se passe là dedans ? Très bien mon cher. On piège des pies, on chourave la thune du distributeur automatique, on repeint les murs plusieurs fois si besoin, on chante, on joue au foot, la vie quoi... Ce roman étrange, dérangeant et surtout très drôle (un certain sens de l'humour, certes, mais moi je suis fan), m'a fait pensé à une pièce de Michel Viala "Est-ce que les fous jouent ils ?" Ici point de doute. On ne joue pas. On y va à fond dans le grand n'importe quoi absurdo-mystico-pratique. Et puis de toute façon, que peut-il se passer de plus ou de moins après tout ça ? "Ashes, to ashes, dust to dust". Si juste un truc, ça serait dommage de passer à côté de ce livre déjanté.
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Vous dire que j'ai tout compris à ce roman qui commence formidablement bien, serait exagéré :

"Lorsqu'il a étranglé la fille, elle se trouvait juchée sur sa table, jupe retroussée, cuisses écartées. A-t-on idée de grimper sur sa table quand on est élève à l'institution de la Mère-Dieu ? Ici, c'est genoux serrés et bouche cousue (ça devrait l'être, c'était comme ça avant. Avant, c'est-à-dire avant l'arrivée de monsieur Rouste, le nouveau directeur)." (p.9)

La suite, eh bien j'ai commencé en me perdant un peu entre les noms des différents personnages, leurs fonctions, leurs rôles dans cette histoire, leur folie, leur décalage total avec la réalité, jusqu'à ce que je me dise : "Mon petit gars, laisse-toi porter par les mots plus que par leur sens !" Et oui, lorsque je me parle, je m'appelle mon petit gars, parce que comme disait le regretté Pierre Desproges, si je m'appelle ma petite fille, ça m'excite et après je réponds plus de rien... Et c'est ce que j'ai fait. Et ça fonctionne. En fait, pour tout vous expliquer, je suis du genre à vouloir comprendre phrase par phrase voire mot par mot. Ce qui explique mon incapacité à lire et comprendre de la philosophie par exemple pour laquelle, il faut globaliser la compréhension par paragraphe voire par chapitre... Or, ce roman, comme d'autres nécessite un recul et un mode de lecture différent du mien, un lâcher prise sur le sens. Je l'ai donc lu de la même façon que lorsque j'ai lu des livres des surréalistes ou que je peux lire des livres absurdes. L'histoire est là avec beaucoup de digressions, d'apartés que je ne comprends pas forcément, mais dont j'apprécie le son, la couleur. Parce que ce qui est indéniable, c'est que Raymond Penblanc a une belle écriture, beaucoup de finesse, des jeux de mots, de l'humour, de la tendresse et de la vacherie aussi. Il n'est pas tendre avec ses personnages, même si certains bénéficient d'une description plus clémente, ceux en qui on peut encore avoir de l'espoir. Absurde, décalé, fou, que de beaux qualificatifs pour un roman.

Attention, ce n'est pas parce qu'il y a un meurtre que c'est un polar. Lire ce roman c'est accepter d'entrer dans une institution un peu particulière et de se laisser porter par les mots de l'auteur. Évidemment, cette chronique n'est qu'un ressenti très personnel et peut-être d'autres lecteurs y trouveront d'autres choses, ce qui ne m'étonnerait pas, c'est un livre à plusieurs lectures.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Homme à tout faire d'un collège menaçant et menacé, catalyseur d'une poésie troublante.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/04/01/note-de-lecture-lange-gardien-raymond-penblanc/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Aujourd’hui je me dis que j’aurais mieux fait de me laisser virer. (…) Partir me coûterait. Et pour aller où ? Je suis, pour ainsi dire, né ici, je n’y mourrai sans doute pas mais j’ai failli le faire, et pas plus tard que cette nuit (j’en ai rêvé). Je boite un peu, mais ça ne suffit plus. D’ailleurs, parfois je le montre, et parfois non. Traversant la cour, je me tiens droit comme un I, car c’est droit comme un I, mais couché cette fois, que du fond de ma boîte de sapin je les imagine, défilant devant la dépouille mortelle de celui qui fut, dans l’ombre, toujours dans l’ombre, l’âme de cette maison. Je ne me plains pas. Même quand Martial vient me voir. Martial est ce garçon qui me tient parfois compagnie. Il me regarde travailler. Réparer une prise électrique ou un robinet qui fuit, percer des trous dans les murs, faire un peu de maçonnerie, même ratisser le parc, balayer et nettoyer par terre sont des activités auxquelles il trouve certain intérêt, et j’accepte volontiers sa présence. Martial a quatorze ans, de grands yeux pâles et un regard tellement pensif qu’il en devient insondable. Il ne voit plus son père, qui n’est pas mort, qui vit simplement avec une autre femme, qui en a eu des enfants, mais dont il ne reçoit, lui, aucune nouvelle. Qu’il ne se croie pas seul dans son cas. Beaucoup se trouvent ici pour ça. Tous ces petits richards sont des paumés et je leur pardonne leur ingratitude. Mais je ne les aime guère. Si pour leurs pères et mères, si pour leurs maîtres, je ne suis pas grand chose, je reste pour eux un moins que rien, et je ne sais ce qui me retient d’en raccourcir quelques-uns, de trancher net leurs jolis cous de poulets.
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Il doit bien y avoir deux ou trois élèves difficiles dans cette classe de troisième, Mourad par exemple, mais Fellow a su le mater, Mourad se prend pour Omar Khayyam, il écrit des poèmes, Fellow les a lus, il l’a encouragé à poursuivre. Donc, Fellow reste sur le seuil, au fond. Et voilà qu’Océane, la fille à la bouche de travers, la fille de l’ingénieur (ou de l’architecte), se met à chanter, à singer une chanteuse à la mode, mais apparemment le succès se fait attendre. Alors, elle grimpe sur sa chaise (de là elle montera ensuite sur sa table). Ignore-t-elle que Fellow est en train de la fixer, à moins d’une dizaine de mètres derrière elle ? Non, bien sûr, elle le sait puisqu’il n’est toujours pas rentré. Sa petite voix aiguë domine le brouhaha, qui aurait donc tendance à s’amplifier. C’est ici que les témoignages divergent. Les uns disent avoir vu Fellow non seulement hésiter à intervenir, mais amorcer un mouvement de recul comme s’il se résolvait à céder la place. D’autres prétendent qu’il avait pleinement mesuré la situation, n’attendant qu’une seule chose, qu’elle se dégrade, pour intervenir. Ceux-là affirment avoir vu un sourire de contentement éclairer son visage. C’est ce sourire qui aura été interprété comme un signe de préméditation. Certains ont soutenu qu’Océane ne connaissait pas bien Fellow. Après moins de deux mois de classe c’est un peu vrai et en grande partie faux. Qu’elle aura voulu le tester (témoignage de sa copine Jasmine). Le provoquer serait plus juste, il ne devait pas s’être montré sensible à son charme, vu qu’elle la ramenait un peu trop. Déjà, à plusieurs reprises, elle s’était opposée à lui : refus de s’installer à la place désignée, bavardages, effronterie. L’orage couvait, voilà la vérité.
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Lorsqu’il a étranglé la fille, elle se trouvait juchée sur sa table, jupe retroussée, cuisses écartées. A-t-on idée de grimper sur sa table quand on est élève à l’institution de la Mère-Dieu ? Ici, c’est genoux serrés et bouche cousue (ça devrait l’être, c’était comme ça, avant. Avant, c’est-à-dire avant l’arrivée de monsieur Rouste, le nouveau directeur). Lui, c’est Fellow. Il n’a fait ni une ni deux, il a mis carrément les pouces. Quand on empoigne une gorge de pucelle et qu’on est ivre de colère, on serre, un poing c’est tout, on ne se pose pas de question. Les questions, c’est pour après. La petite avait le cou violacé, avec de profondes marques de strangulation, les yeux révulsés, un vrai travail de cochon, ont avancé certains, qui s’y connaissent. Alors que c’est faux. Un travail d’artiste au contraire. Fellow doit avoir de gros pouces, et porte une chevalière. Voilà pour les marques qui pourraient l’accabler. Après tout, un pianiste maltraite bien ses touches, il étreint son clavier dans ses grands bras tentaculaires, et pourtant on l’applaudit, on se précipite pour le congratuler, ce qui l’encourage à frapper plus fort, à agiter son torse avec encore plus de frénésie en s’arrachant au passage quelques touffes de cheveux.
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Merci de ne pas me prendre pour le débile de service. Je sais à peu près tout ici, et je fais à peu près tout aussi, l’un n’allant pas sans l’autre. J’entretiens le parc, je répare les toits, je repeins les salles de classe, je donne un coup de main à droite, un coup d’épaule à gauche, parfois, c’est vrai, j’écoute aux portes. Je suis tombé d’une échelle il y a six ans. Je travaillais au renforcement du mur de séparation entre le parc et les immeubles avoisinants quand le pied m’a manqué. Résultat, une mauvaise fracture, qui s’est mal remise. Depuis je traîne la patte. Je travaille moins, et surtout moins vite, forcément. Dès son arrivée, monsieur Rouste m’en a fait le reproche. Il a essayé de me balancer. J’ai tenu bon. Certains m’ont soutenu, dont Fellow, ainsi que Paris-Nice (oui, celui qui fait Paris-Nice en neuf heures, presque aussi bien que le TGV). Finalement, monsieur Rouste a dû réaliser qu’il faudrait me verser des indemnités importantes. Il a fini par céder.
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