En plein coeur est ma première incursion dans l'univers du détective Armand Gamache, cet inspecteur-chef de la Sûreté du Québec. Il était plus que temps : depuis plusieurs années déjà je repousse la lecture des romans policiers de cette série sans trop savoir pourquoi. Pourtant, ils se déroulent dans ma belle province et l'autrice
Louise Penny accumule les reconnaissances, incluant le prestigieux prix Agatha. Un des romans a même été adapté pour la télévision. Eh bien, je m'y suis enfin attelé et ma longue attente fut pleinement récompensée. J'ai adoré. Pourtant, ma première impression fut légèrement assombie par le nom du personnage principal. Quelle drôle d'idée d'affubler son détective vedette par un prénom possible mais plutôt désuet ! Pourtant, l'intrigue semble se dérouler à notre époque, pas cinquante ans en arrière. Pareillement pour d'autres personnages comme Yvette Nichol, Jean-Guy Beauvoir, etc. N'empêche, en faisant fi de ce détail, le reste est parfait. Un roman policier comme je les aime.
Justement, parlons-en, de ce crime. Jane Neal est retrouvée morte, une flèche transperçant son coeur. Un crime ? Ou plutôt un simple accident de chasse ? C'est fort possible puisque la victime est une enseignante retraitée, active dans sa communauté et apparemment appréciée de tous. Et c'est là où la plume de
Louise Penny m'a complètement charmé. L'intrigue est réussie mais c'est son évocation des Cantons-de-l'Est qui m'a conquis. Il y a bien ces lieux, incluant le village fictif de Three Pines, mais c'est le style de vie qu'on y mène qu'elle a reproduit fidèlement.
Je n'y suis pas allé souvent. D'ailleurs, j'ai un peu honte d'avouer que je suis allé plus souvent à Paris (à six ou sept heures de vol d'avion) qu'en Estrie (à une ou deux heures de voiture). Néanmoins, les quelques sauts que j'y ai faits corroborent l'image que l'auteure dépeint. Les gens, leur mentalité. Parce qu'il y a bien une mentalité propre à cette région. C'est qu'on y retrouve des gens attachés à leur communauté, des retraités actifs, des artistes en tous genres (peintres, potiers, poètes, etc.) qui s'y sont intégrés. Ils s'occupent de leur jardin, participent à des foires, à des lancements de livres dans les librairies locales, se promènent dans les parcs et les forêts avec leur chien, pratiquent le tir à l'arc ou d'autres activités de plein air. Il y a bien quelques jeunes qui s'ennuient à la campagne et jouent quelques mauvais tours. Et puis ces anglophones qui se rappellent comment c'était avant les lois restreignant la présence de l'anglais et imposant le français. Penny ne pouvait passer sous silence le débat linguisitque, y est allée de quelques remarques (par la bouche de personnages) sans s'y embourber ni tomber dans le cliché. Bravo !
Bref, c'est l'atmosphère qui se dégage du roman
En plein coeur qui m'a conquis. L'enquête en elle-même est assez réussie. L'inspecteur-chef Armand Gamache, même si je n'ai pas l'impression de l'avoir découvert autant que les Cantons-de-l'Est, pourrait avoir l'étoffe d'autres grands enquêteurs du monde des romans policiers. Il est très professionnel, efficace et semble avoir du flair. J'ai hâte de le voir à nouveau à l'oeuvre.