Citations sur Ma mère, le crabe et moi (91)
Tout arrive, dans la vie. Si le pire peut arriver, c'est que le meilleur aussi. Y'a pas de raison. Après tout.
J'ai voulu prouver à ma mère que c'était pas grave de perdre ses cheveux. Je crois qu'elle avait plus peur du regard des autres que de mourir pendant son opération. C'est débile, non ? Qu'on doive se cacher pour être malade, je trouve ça dingue ! Comme si ça suffisait pas de souffrir, faudrait encore le faire en silence ! Et puis quoi, encore ?
Je crois qu'elle avait plus peur du regard des autres que de mourir pendant son opération. C'est débile, non ? Qu'on doive se cacher pour être malade, je trouve ça dingue ! Comme si ça ne suffisait pas de souffrir, faudrait encore le faire en silence
OK, on habite près d'une forêt. Mais c'est un champ de tir militaire dont l'accès est interdit, alors pour batifoler dans les feuilles mortes avec son petit panier en osier tout en sifflotant, on peut rêver mieux. Si on traverse les barbelés malgré les panneaux à tête de mort, on trouvera plus de douilles de balles que de châtaignes, et si on en ressort, ce sera avec l'aide de Dieu et quelques champignons irradiés.
Seulement si ma mère persistait à me regarder comme si j'avais fait la plus grosse bêtise de l'univers, j'allais me mettre à pleureur, c'est sur... On a beau avoir des convictions, ça peut arriver de flancher. (Même Che Guevara, je parie qu'il avait ses mauvais moments.) Mais, heureusement, l'air apitoyé de ma mère s'est changé en une sorte de grimace, puis en sourire. Enfin n'y tenant plus, elle a éclaté de rire. Comme ça, paf !
- Dis-donc, ma louloute, tu es devenue un vrai puits de sagesse. Ça m'inquiéterait presque...
- Bah, faut pas. Appelle-moi Bouddha et prosterne-toi, disciple !
- Oh !
Le bombardement chimique qui se poursuivait dans ses veines, via la petite boîte magique, c'était son petit Hiroshima personnel. On n'aurait pas cru, à la voir, mais il y avait une guerre en elle. Et la guerre, ça dévaste.
p.66
C'était oui à l'unanimité.
Il y avait bien une tumeur. Grosse comme une boule de ping-pong, paraît-il. Une tu-meurs.
Ma copine Élodie réfléchit à un empoisonnement généralisé à la cantine. Comme ça, toute notre classe serait exemptée de cross. Pas bête. Ma copine Élodie, elle pense collectif : ça , c'est bien. Elle a l'esprit sportif, finalement.
J'ai pensé qu'elle avait fini sa chimio, que dans quelques jours, 2 semaines peut-être, ses cheveux allaient commencer à repousser. Est-ce qu'ils seraient comme avant? Une amie en voie de guérison lui avait confié que les siens repoussaient frisés. Une autre, châtain clair, était devenue blonde à la repousse. Et si ma mère devenait rousse? Ce serait marrant. Après tout, la maladie, ça change les gens en profondeur. Alors, autant que ça transparaisse à l'extérieur...