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Critique de Pecosa


Arturo Pérez-Reverte est de retour avec un grand roman d'aventure qui fleure bon les péripéties et l'érudition.
Sous le règne de Carlos III, deux honorables membres de la Real Academia Española, le bibliothécaire Hermógenes Molina et " l'amiral" don Pedro Zárate, sont chargés d'acquérir les 28 volumes de L'Encyclopédie mis à l'Index par le clergé espagnol. Les deux Persans de Castille s'en vont par les chemins, impatients de découvrir Paris et ses merveilles tant vantées. Entre bandoleros, compagnons de voyage inattendus et accortes filles de salle, nos deux rats de bibliothèque sexagénaires se lient d'amitié et se lancent à corps perdu à la recherche des précieux volumes, sans se douter que dans l'ombre, un mystérieux sicaire à la solde des obscurantistes les suit à la trace.
A l'instar d'Usbek et de Rica, Hermógenes et Pedro observent, s'émeuvent, s'émerveillent et s'interrogent. Relativisme culturel et social, nous voici. Pérez-Reverte, comme Montesquieu, évoque les courtisans, les salons, les groupes sociaux, les femmes, et surtout les belles lettres. La recherche de l'Encyclopédie est en effet prétexte à ressusciter le Paris des gazettes et des cafés, des bouquinistes et des colporteurs, des ouvrages licencieux et des pamphlets. On y croisera Benjamin Franklin, Condorcet, D Alembert et la belle et érudite Madame Dancenis (Teresa Cabarrus?). Les hommes de bien sont ceux qui par les temps obscurs luttent pour offrir progrès et connaissance à leurs compatriotes. Les lumières françaises parviendront-elles à éclairer l'Espagne? A travers le périple de nos deux hommes de bien, Perez Reverte rend un magnifique hommage à Don Quijote et Sancho Pança, dont les lecteurs vont se délecter au fil des pages.
Ce roman qui mêle habilement personnages historiques et personnages de fiction nous offre donc un beau voyage vers l'esprit, ce qui est plutôt appréciable par les temps qui courent… s'il n'y avait le petit jeu auquel se livre Pérez-Reverte le diabolique. le romancier se met en scène au début de chaque chapitre. Il est l'un des personnages de Hombres buenos, l'écrivain qui fait part des ses recherches documentaires, de ses entretiens avec ses collaborateurs, de ses voyages pour préparer le périple de ses héros….du méta-roman comme on l'aime, nous pauvres lecteurs avides de connaître par le menu la genèse d'un livre aimé….Mais...Comme il l'avait fait jadis avec les aventures du capitaine Alatriste, en révélant au lecteur qui ne demandait qu'à y croire, l'existence de fameux documents appartenant à Balboa et conservés à la Bibliothèque nationale, qui n'existaient que dans son imagination, l'auteur s'appuie sur des ouvrages dont certains n'existent pas, à commencer par les siens! Arturo Pérez-Reverte m'a bien eue, et j'ai aimé ça.
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