AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de daniel_dz


D'après la quatrième de couverture, "Arturo Pérez-Reverte nous livre ici son roman le plus intense et le plus dérangeant, et sans doute la clé de toute son oeuvre". Je n'ai pas encore lu suffisamment cet auteur pour me prononcer sur ce dernier point, mais assurément, ce livre est à recommander.

L'histoire: Faulques peint une fresque de bataille sur le mur intérieur d'une tour circulaire, à la façon d'un panorama (voyez ma note ci-dessous). Il s'inspire de scènes qu'il a vécues du temps où il était grand reporter, photographe de guerre. Débarque alors le Croate Ivo Markovic. Faulques l'a photographié en Bosnie. La photo a fait le tour du monde, attirant de graves ennuis au Croate, qui se présente au photographe, après l'avoir traqué des années. Pour se venger.

Mais d'abord, il veut lui parler, pour mieux le connaître. Ambiance lourde et lente. La tension s'installe. le Croate est poli, mais il ne cache pas ses intentions et sa menace est pesante. Faulques semble rester calme, mais sur ses gardes. Ni l'un ne l'autre ne bouge vraiment. Terrible huis-clos. C'est lent, mais je m'en suis délecté.

Les hommes se parlent, longuement. Et les sujets de conversation sont profonds. Ça aussi, c'est délectable: le sens de l'activité d'un photographe de guerre, son attitude envers ses sujets, sa responsabilité, l'efficacité de la photographie pour représenter la guerre, par rapport à celle de la peinture, etc. Il y a aussi la compagne que Faulques a perdue lors d'un reportage. Et la violence dont un être humain peut faire preuve. Intense...

J'avais eu la curiosité de lire ce livre juste après avoir tiré beaucoup de plaisir de "La patience du franc-tireur", un livre plus récent, qui se passe dans le milieu des graffeurs. Fascinant de constater qu'Arturo Perez-Reverte est capable d'écrire deux livres si différents en mettant dans les deux cas la forme en harmonie avec le fond: autant le rythme de "La patience du franc-tireur" est vif et rapide comme le sont ceux qui peignent sur des murs dans la clandestinité, autant le rythme du "Peintre des batailles" est lent et lourd pour faire sentir tout le poids de la lassitude d'un homme qui a vu trop de violence. Je vous recommande cette double lecture pour apprécier toute la maîtrise de l'auteur.

Note marginale: les panoramas. La fresque circulaire de Faulques me donne envie d'attirer votre attention sur une pépite trop peu connue: les panoramas. Avant l'apparition des images animées du cinéma, on pouvait se divertir en allant voir les images fixes des "panoramas". Un panorama est une rotonde plus grande que la tour de Faulques, dont une toile pendue à un rail circulaire couvre totalement le mur intérieur. Il en existait dans plusieurs villes d'Europe. Leurs dimensions étaient standardisées, de sorte que les toiles pouvaient circuler d'un panorama à l'autre. Il en resterait maintenant une quinzaine. Les Belges connaissent celui de la bataille, à Waterloo. Je me suis émerveillé comme un enfant dans le paysage côtier du panorama Mesdag à La Haye. Essayez donc ! Plus d'info: "panorama (peinture)" sur Wikipedia, par exemple.
Commenter  J’apprécie          136



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}