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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Émanations directes du corps des galères de l'Ancien régime les bagnes (…) d'abord maritimes ou portuaires (…) vont au milieu du XIXe siècle connaitre une orientation radicalement différente. La conjugaison de la révolution industrielle et de l'abolition de l'esclavage va amener le législateur à repenser l'utilisation de la main-d'oeuvre pénale. Ajouté à cela, la grande peur suscitée par les événements de 1848 et la tentation de se débarrasser à bon compte des opposants politiques, voilà grande ouverte la route des colonies pour les bagnards. Après un essai infructueux aux îles Marquises, jugées trop lointaines, et en Algérie, un peu trop près, c'est finalement la Guyane qui est désignée comme colonie pénitentiaire, dans l'article 1 de la loi sur la transportation du 7 mai 1854».

Les conditions de vie au bagne sont tellement épouvantables que les bagnards, qui doivent faire face à la dureté des travaux, aux maladies exotiques et à la malnutrition, ont une durée de vie moyenne qui ne dépasse pas cinq ans. L'anarchiste Eugène Dieudonné, incarcéré depuis dix ans pour un crime dont il est innocent, a tenté de s'évader de cet enfer, mais après avoir été repris, il est condamné à deux ans de réclusion dans un lieu pire encore, l'île Saint-Joseph surnommée « la mangeuse d'hommes » C'est là qu'en 1923, Albert Londres vient le rencontrer.

Dans cet album, imaginé à partir de l'enquête sur le bagne d'Albert Londres (publiée dans le Petit Parisien) - qui a eu pour effet la fermeture de ce lieu de malheur et de souffrance, la réalité des bagnards est parfaitement restituée. En effet, le dessin sombre et les couleurs tranchées de cette fiction historique nous plonge dans l'ambiance oppressante et malsaine du lieu. Et si le texte est souvent court, ce qui illustre plus encore la détresse physique et morale des bagnards, on est éclairé à la fin du livre par des explications historiques, claires et précises. Une vraie réussite pour cette création de Patrick Perna et Fabien Bedouel qui évoque un épisode peu glorieux de notre histoire.
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Le bagne. Une réalité qui nous paraît tellement loin. Et pourtant, il y a à peine un siècle, cela existait encore. Ce qui y a mis fin ? Le journalisme d'investigation et sa volonté farouche d'informer dans un soucis de vérité et d'impartialité, en la personne d'Albert Londres.

En 1923, le journaliste débarque au Bagne de Cayenne afin de découvrir la réalité de cette colonie pénitentiaire où sont envoyés, sans distinction, les assassins, les voleurs de pommes, les opposants politiques et tout individu a-social, débarrassant ainsi les honnêtes gens – et le territoire – de la racaille… Loin de France, qui peut bien se préoccuper de ces hommes dont l'espérance de vie ne dépasse pas les cinq ans, dans une nature tellement hostile qu'on en viendrait presque à préférer la cruauté de l'administration pénitentiaire, s'il n'y avait la liberté ?
Personne – ou si peu – avant la publication de l'article d'Albert Londres dans le Petit Parisien.

Le scandale et l'effroi que cela généra dans la population conduisirent à la fermeture du bagne. La république piquée au vif dans son orgueil, honteuse de cette barbarie d'un autre temps, qui s'accorde si peu avec son idéal, mais dont elle s'est si bien accommodée tout ce temps – quel outil merveilleux pour débarrasser la France et ses dirigeants politiques de toute persona non grata ! – jura qu'on ne l'y reprendrait plus. Donc Acte...

C'est cette enquête à travers les liens qui vont se tisser entre Albert Londres et Eugène Dieudonné – anarchiste accusé d'être membre de la bande à Bonnot, sans grandes preuves, mais parce que « ça en fait toujours un de moins» sur le territoire – que mettent en mots, dessins et couleurs Pat Perna et Fabien Bedouel dans ce tome 1 de Forçats : Dans l'enfer du bagne.

L'album est une petite merveille de justesse : l'ambiance est pesante, étouffante, les visages sont durs et sombres, les couleurs utilisées : noir, bleu sombre, métallique, rouge sang, donnent la réalité de ses lieux immondes.

Le texte nous donne à lire l'essentiel et les dernières pages nous apportent des précisions historiques utiles pour mesurer toute la répercussion de l'enquête effectuée par Albert Londres. On oscille entre récit d'aventure et récit historique, avec dans les deux cas, un fort militantisme qui fait écho aux convictions et au combat mené par le journaliste.

Une BD dont j'attendrais avec impatience la suite et que je vais m'empresser de faire connaître autour de moi. Un grand merci aux éditions les Arènes et à Babelio pour ses opérations masse critique.
Lien : http://page39.eklablog.com/f..
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Nous sommes ici directement plongés dans l'enfer de la jungle Guyanaise, l'album débute par une poursuite après une évasion du bagne.
Tout au long de cette lecture on passe de l'instant présent des personnages, alterné avec des flashbacks sur le pourquoi d'une condamnation.
Les personnages sont bien choisis et représentés avec de fortes personnalités, un plus pour la narration qui trouve donc ce côté très réaliste.

Dépaysement assuré avec des dessins en aplat (sans dégradés) superbement maîtrisés, on sent le grand soin apporté au choix des couleurs ce qui donne évidemment une ambiance très proche de la réalité du vrai paysage (et c'est une affirmation ayant moi même passé plusieurs mois en Guyane française et ayant visité les lieux présents dans la BD, notamment les îles du Salut, Saint-Laurent-du-Maronie ou encore Cayenne.) En lisant et voyant la moiteur des mangroves, on en transpirerait presque tellement le rendu est immersif.

Pour conclure, je conseillerai ce premier tome aux amoureux de la Guyane française, aux férus d'histoire, d'aventure, mais surtout aux amateurs de belles bandes dessinées, j'attend le second tome avec impatience.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
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Connaissant bien l'histoire de Dieudonné et d'Albert Londres après avoir lu le bouquin de l'un comme de l'autre sur le sujet (ainsi que bien d'autres), j'étais curieux de voir ce que valait cette adaptation en BD, même si le fait qu'elle soit en noir et blanc me rebutait un peu (la Guyane, on imagine ça coloré).
Pour autant, j'ai rapidement compris au moins une des raisons qui ont présidé à ce choix : l'extrême violence de certains passages aurait rendu le spectacle assez insoutenable.
D'ailleurs, le dessinateur s'en sort fort bien, ses scènes sont très dynamiques et les a-plats de noir sont très habilement utilisés.
Sur le plan du scénario, j'ai rapidement compris que l'auteur avait pris des libertés avec la véritable histoire, mais après tout pourquoi pas, c'est même quelque part plus intéressant pour quelqu'un comme moi qui connaît les faits.
Un petit bémol sur la partie relative à l'histoire de la bande à Bonnot (dont Dieudonné n'a en fait été qu'un sympathisant idéologique, car il n'a jamais participé à leurs crimes) : cet aparté en forme de flashback, qui ne pouvait prendre que quelques pages, est du coup trop vite bâclé pour être clair, de sorte qu'on se dit que l'auteur aurait carrément pu en faire l'économie plutôt que de le traiter de cette manière assez sibylline.
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Dès la première planche, le ton est donné.
Touffeur dans les corps, touffeur dans l'âme, dureté des éléments lors du flash-back racontant la tentative d'évasion de l'anarchiste Eugène Dieudonné condamné injustement au bagne en Guyane.
Nous pénétrons ensuite l'univers entourant les conditions de détention : jusqu'à l'abjection, jusqu'au degré zéro de l'horreur où l'homme perd toute identité.
Les dessins durs, sombres et acérés recréent ce monde parallèle et envoient parfaitement les ondes de la noirceur vécue par ces êtres (du plus petit délinquant au grand criminel) dont le retour était, pour le plus grand nombre, la mort ou la prolongation de leur peine en dehors du bagne où le pire était à venir. La France demeurait lointaine.
Le texte campe, réaliste, les paroles des uns, les citations des autres (l'extrait du réquisitoire du juge condamnant Dieudonné est éloquent d'une époque et de préjugés).
Puis apparaît Albert Londres, grand reporter, LE journaliste à l'éthique rigoureuse et dont la déontologie continue à rappeler en quoi consiste la grandeur du journalisme.
J'aime cette phrase "porter la plume dans la plaie". Elle résume parfaitement le regard que portait Albert Londres sur le monde et les hommes.
Une page d'histoire sociétale, une réflexion sur l'homme, un regard sur la justice, une interpellation sur les agissements de l'homme et de sa réponse à la violence, voilà ce qui ressort de cette bande dessinée qui ne peut laisser indifférent.
Le deuxième tome est vivement attendu.

Merci à Babelio et aux Editions Les Arènes BD
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Après l'excellent « Kersten, le Médecin d'Himmler », le scénariste Pat Perna et le dessinateur Fabien Bedouel se retrouvent pour un nouveau diptyque, qui se déroule dans l'enfer du bagne de Cayenne.

Toujours sur fond historique, les deux auteurs s'attaquent cette fois aux destins croisés d'Eugène Dieudonné, l'anarchiste condamné au bagne à perpétuité pour un crime qu'il n'a pas commis,
et d'Albert Londres, grand reporter venu dénoncer les conditions de détention inhumaines des forçats. Tandis qu'il croupit dans un cachot suite à sa deuxième tentative d'évasion, Eugène Dieudonné reçoit la visite du reporter français Albert Londres.

Du flash-back montrant comment Eugène Dieudonné se retrouve accusé d'être le quatrième complice de la Bande à Bonnot lors du braquage de la Société Générale, aux conditions de détention épouvantables, en passant par les tentatives d'évasion, les deux auteurs livrent à nouveau un récit historique romancé particulièrement réussi. En s'appuyant sur des personnages historiques, ils restituent avec brio la dure réalité de cette prison à ciel ouvert où la durée de vie moyenne n'excède pas cinq ans et où les prisonniers sont prêts à payer pour attraper la lèpre ou la tuberculose, dans l'espoir de s'extraire de l'enfer du bagne en passant quelques jours tranquilles à l'infirmerie.

Le trait anguleux et réaliste de Fabien Bedouel (« L'Or et le Sang ») et l'utilisation de grands à-plats noirs contribuent à retranscrire l'ambiance suffocante et inhospitalière de cet univers carcéral sans pitié.

Vivement la suite !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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