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Critique de ClaireG


Voilà une lecture gentillette, une écriture bien tournée, bien que l'auteur s'en défende, devenue totalement désuète aujourd'hui, remplie d'expressions d'autrefois.

Il s'agit du journal que tient un jeune instituteur de campagne entre 1902 et 1914. Il entrevoit son avenir comme un chemin de plaine, « où ne passent que des laboureurs, un de ces chemins étroits, mais sûrs, où l'on marche en se balançant parce que la terre colle aux
pieds ».

Maximin Tournemine a vingt-trois ans, il est pauvre et bien décidé à exercer sa profession d'enseignant sans s'encombrer de femme et encore moins d'enfants puisqu'il en a une cinquantaine à gérer dans cette petite école rurale des Deux-Sèvres.

Nous ne saurons pratiquement rien de sa vie d'instituteur car Maximin a décidé de consigner dans son cahier la vie quotidienne de son village et ses rapports avec ses collègues. Les jalousies et les commérages ne manquent pas. Voilà un jeune homme, beau gars, réservé à souhait, ne se mêlant pas à la vie villageoise, ne courant pas le guilledou et ne fréquentant pas l'église. Sa petite maison de fonction lui suffit amplement et de temps en temps, pour faire plaisir à son copain Evrard déçu par le mariage, l'accompagne à la pêche.

Rien de folichon donc. Sauf qu'un jour, ce célibataire convaincu tombe sous le charme du rire d'une jeune demoiselle qu'il n'aura de cesse de connaître. Alors, peu à peu, en catimini, le garçon maladroit se déride. Josette est la fille d'un marchand de boeufs cossu, qui vient de se remarier à une donzelle qui espérait beaucoup de Maximin. Josette fréquente sa cousine, mère d'un petit Dédé qui reçoit des cours particuliers de son instituteur. L'occasion faisant le larron, c'est chez Dédé que les jeunes gens se rencontrent. « Dédé avait saisi la main de sa cousine et y frottait sa joue. J'aurais voulu en faire autant. Ce désir niais faisait cavalier seul dans ma grande courge de tête. J'ai bien été là deux longues minutes à essayer vainement de pauvres mots, tel un individu qui cherche, en pleine nuit, à ouvrir un chalet de nécessité avec un trousseau de fausses clefs ».

Les jeunes amoureux se retrouvent en cachette, font des projets d'avenir et Maximin s'ouvre de son amour à son ami Evrard dont la femme quelque peu revêche lui assure que « Josette est un parti détestable. D'abord, elle ne sait rien faire. Elle est instruite d'accord ! mais est-ce une ménagère ? Experte en broderies, en dentelles, en chiffons, serait-elle capable de faire seulement une soupe aux choux ? ». L'amoureux transi décide d'aller demander la main de sa belle à son père. Par malheur, il tombe sur la belle-mère qui ne se remet pas d'avoir été éconduite.

La méchanceté et les ragots s'insinuent, le drame commence.

Ernest Pérochon a obtenu le prix Goncourt pour Nêne en 1920. Il a écrit aussi Les Gardiennes, livre remarquable celui-là, sur la vie des femmes de la campagne qui remplacent les maris partis au front lors de la Première Guerre mondiale. Je lirai encore Nêne pour me rendre compte de ce qu'était un prix Goncourt au début du XXe siècle.
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