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Critique de Kenehan


Désespérant de trouver enfin une belle édition rassemblant l'oeuvre de Charles Perrault, je me suis dis qu'au lieu de me priver de ses textes, je ferais mieux de choisir la plus complète et la moins moche des éditions proposées. Après un examen des différents ouvrages en rayon, j'ai opté pour celle de Pocket qui propose les textes dans leur intégralité et dans l'ordre de parution ainsi que les illustrations de Gustave Doré avec en supplément tout un dossier d'analyse et de compléments à l'oeuvre.

Je vais d'ailleurs commencer par ce dernier étant donné que je l'ai parcouru en diagonales et donc que j'aurais assez peu à en dire. le livre est structuré de sorte que les pages de droite donne le texte original et celles de gauche analysent ce texte, renvoient vers d'autres textes (pour comparer et élargir l'horizon de nos lectures en faisant des rapprochements entre diverses oeuvres) et lorsque c'est le cas nous indiquent l'illustration correspondante et son analyse.
Cette partie-là est donc vraiment pour ceux qui veulent travailler sur ce texte ou tout simplement approfondir leur lecture.
En fin d'ouvrage, on retrouve également la biographie de l'auteur, une bibliographie sélective et un guide d'analyse supplémentaire abordant notamment les thèmes, les procédés, les contes et la psychanalyse, etc…
Bref, tout cette partie de l'ouvrage semble très complète mais ne correspondait pas à mon but premier : lire et redécouvrir les contes de Perrault.

Les Souhaits Ridicules :
Quelque part entre la fable et le conte, ce petit texte en vers a été une totale découverte. On sent l'influence des fables de l'antiquité notamment par la présence ici de références à Jupiter ou à l'Achéron. Assez surprenant mais drôle, j'ai plutôt bien accroché à cette entrée en matière.

Peau d'Âne :
Le seul conte en vers de Perrault, je dois dire que j'ai adoré. C'est magnifiquement écrit et tout empreint de ce charme propre à cette langue désuète qu'était le français de l'époque. Un véritable enchantement que de redécouvrir ce texte que je n'avais pas lu depuis mon enfance et dont jusqu'à aujourd'hui je n'avais pu entretenir le souvenir que par le biais du film de Jacques Demy visionné très récemment.

La Belle au bois dormant :
Conte en prose, on retrouve un format beaucoup plus traditionnel, ou en tout cas, plus répandu. le style est parfait, un vrai régal à lire comme tous les contes qui suivent. Charles Perrault avait un véritable don de conteur.
Relire cette version est l'occasion de quelques surprises comme l'absence du baiser pour réveiller la Belle ou encore le fait que la mère du Prince soit une ogresse…

Le Petit Chaperon Rouge :
Ou la preuve que tous les contes ne doivent pas forcément finir par un happy end pour être aussi plaisant que fascinant. Un texte dont les répliques sont connu de tous même de ceux ne l'ayant jamais lu mais aussi le plus court de tous les contes. Il n'en est pas moins excellent.

La Barbe bleue :
- "Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?"
- "Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie"
Répliques cultes pour un conte sur l'obéissance. Plutôt sexiste d'autant que le rôle des femmes et leur statut à heureusement beaucoup évolué. Malgré tout, le texte reste remarquable et témoigne de son caractère moralisateur pour l'époque. Relire ce texte m'a également permis d'apprécier encore plus le travail d'adaptation de Georges Méliès dans son film de 1901.

Le Chat botté :
Le conte qui a déverrouillé une multitude de souvenirs d'enfances enfouies à lire et écouter les contes. Au fur et à mesure de cette relecture, l'histoire me revenait en mémoire comme quoi les contes s'ancrent dans l'esprit des enfants pour ne plus jamais les quitter. Un très beau conte.

Les Fées :
Un conte que je ne connaissais absolument pas. Un des plus courts avec "Le Petit Chaperon rouge" mais pas forcément un des plus emblématique de Perrault. Il n'en reste pas moins plaisant à découvrir et fait travailler, à l'instar des autres contes, l'imagination à plein régime.

Cendrillon :
La version française d'où est née la polémique entre "vair" et "verre" par l'intervention De Balzac, parait-il. Une version où il n'y a pas un mais deux bals, où Cendrillon est aussi surnommée Cucendron, où les belles-soeurs ne sont pas aussi mauvaises l'une que l'autre…bref là aussi quelques surprises lors de la relecture. le conte est l'un des plus beaux de ce recueil.

Riquet à la houppe :
Un autre conte que je ne connaissais absolument pas. Pas mon préféré et celui dont Perrault semble atténuer la magie en fin de récit puisque le pouvoir de l'amour apparaît finalement comme plus puissant que celui de la fée. Là où l'amour change la vision de l'être aimé, le pouvoir de la fée change littéralement les êtres. On choisit donc la version que l'on préfère : magie ou simplement la force de l'amour. Aussi l'un des rares contes où tout ne fini pas bien pour tout le monde puisque la soeur dotée d'esprit est complètement oubliée à la fin…

Le Petit Poucet :
Comme pour le "Chat Botté", l'histoire m'est très vite revenue au cours de ma lecture. Beaucoup de thèmes communs avec "Hansel & Gretel" comme l'abandon en pleine forêt des enfants, la ruse de l'un d'eux pour marquer le chemin avec d'abord des cailloux puis des morceaux de pains, la pauvreté, la famille de bûcheron, la rencontre avec une créature friande d'enfants, le virement de fortune à la fin grâce à la débrouillardise des enfants, le retour triomphant à la maison…
J'aime les deux, je ne saurais dire lequel des deux contes à ma préférence. Peut-être le "Petit Poucet" pour la qualité du texte dans sa forme…

Griselidis :
Un mélange de poésie, de conte et de nouvelle pour ce texte. Celui que j'ai le moins aimé. Autant les vers sont magnifiques pour "Peau d'Âne" autant j'ai trouvé une certaine lourdeur ici. Probablement parce que le texte est un peu long et que ça devient vite fastidieux de lire une nouvelle en vers. de plus, l'histoire est à mon sens l'une des plus horribles ou sadiques de part cette façon que le Prince a de traiter son épouse par simple jalousie et cynisme. le côté "bonne poire" et "femme soumise" de Griselidis m'a autant énervé qu'attristé. Heureusement tout fini bien mais alors que dans les autres contes, les héroïnes et les héros endurent parfois le pire pour atteindre le bonheur et un meilleur statut, Griselidis elle endure le mauvais traitement de son époux le prince alors qu'elle vivait paisiblement en tant que bergère et après avoir épousé le Prince. On se demande alors pourquoi tant d'acharnement sur cette jeune fille ?
Griselidis ou la seule qui n'a pas rencontre le Prince Charmant !

Un recueil de contes magnifiques que je ne me lasserais pas de lire et relire maintenant que je l'ai de nouveau en ma possession. Les illustrations de Gustave Doré accompagnant les différents textes sont à la hauteur des textes de Perrault et le seul reproche que j'aurais à faire est pour les éditeurs qui ne proposent plus d'éditions reliées rassemblant ces textes incontournables tout en replaçant les gravures de Gustave Doré au sein des contes qu'elles mettent en image. Je rêve d'une édition comme a su le faire Barnes & Noble avec les contes de Grimm et ceux d'Andersen.

Je conclurai ma chronique avec une citation extraite de la présentation de la version Pocket (2006) pour ceux qui hésiteraient encore à se plonger ou à se replonger dans ce recueil qui se dévore très rapidement :
"Trois pièces en vers, huit en prose : le "père" du conte de fées à la française est si bien tombé dans le patrimoine public que l'on ne prend même plus la peine de lire son texte. Mais pour qui choisit d'entrer dans l'univers de ses contes, que de surprises... et que de préjugés à laisser de côté pour goûter - enfin ! - le plaisir d'une écriture unique."
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