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EAN : 9782211212175
127 pages
L'Ecole des loisirs (12/03/2013)
4.01/5   1602 notes
Résumé :
Cet ouvrage, qui rassemble la totalité des Contes de Perrault et près de 80 illustrations de Doré, nous replonge dans les frissons délicieux de l’enfance avec : Le Petit Chaperon rouge, La Belle au bois dormant, Cendrillon, Le Chat botté, Peau d’Âne, La Barbe-Bleue, d’autres encore…
Inspirée de l’édition originale de 1862 conservée à la Réserve des livres rares, cette publication offre au lecteur de tous les âges les textes indémodables et universels du moral... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (82) Voir plus Ajouter une critique
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On trouve généralement regroupés, dans les diverses éditions disponibles, sous l'appellation " contes ", en ce qui concerne Charles Perrault les 8 contes en prose avec morale en vers qui constituent Les Contes de Ma Mère L'Oye auxquels viennent s'adjoindre un (rare), deux (fréquent) ou trois (rare) contes en vers qui sont légèrement antérieurs aux huit précédents.
Les deux contes en vers les plus fréquemment inclus sont évidemment Peau D'Âne et communément Les Souhaits Ridicules. On rencontre parfois Griselidis mais pas à chaque fois, et je dirais même, pas très souvent.
Les huit contes en prose sont bien évidemment La Belle Au Bois Dormant, le Petit Chaperon Rouge, La Barbe Bleue, le Chat Botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet À La Houppe et le Petit Poucet.
Pratiquement tous ces contes peuvent aussi se trouver à l'unité chez une myriade d'éditeurs jeunesse, sauf peut-être Les Souhaits Ridicules. Voilà pourquoi je vais commencer par vous parler de ce conte.
C'est une forme encore très bâtarde, à mi-chemin entre la fable de type La Fontaine et le conte, qui prendra une forme canonique traditionnelle et dont le Petit Poucet pourrait être cité à titre d'exemple typique.
D'ailleurs, l'amorce des Souhaits Ridicules rappelle beaucoup la fable intitulée La Mort Et le Bûcheron. On y rencontre donc un misérable bûcheron, gémissant et courbé, marchant à pas pesants. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? Je vous le demande : rien ! nada ! que dalle ! peau de zobi !
Il peste contre le sort et la malchance qui s'acharnent sur lui. Si seulement un jour il avait de la chance !
Or, par une entremise céleste, sa requête va être entendue et il lui sera permis de formuler trois voeux, mais trois seulement. Passée cette triple aubaine, il devra retourner à la vie sans sortilèges.
La bonne affaire, vous dites-vous ? Sans doute, mais voilà déjà un voeux de grillé en boudin, parce que le vieux voulait se taper du boudin à tout prix.
Imaginez le sourire de sa bergère quand elle apprend comment son idiot de mari gaspille ses voeux en aune de boudin !...
Bref, un conte drôle et très atypique loin du canon initié par Peau d'Âne. L'histoire de Peau D'Âne, battue et rebattue, narre les déboires d'un couple royal dont la sublime reine se meurt et sur son lit de mort fait jurer à son royal époux de ne point se remarier avec une quelconque prétendante dont la beauté serait inférieure à la sienne, espérant par là qu'il ne se remarierait point tout court.
Après une brève période de deuil, le fougueux monarque se sentant du feu dans les veines et peut-être même ailleurs se lance en quête d'une digne prétendante mais... en vain.
Le subtil stratagème de la défunte épouse serait presque imparable si elle n'avait au préalable donné naissance à une fille en tous points semblable à elle et, de l'avis de tous, supérieure encore.
Peu regardant sur les risques héréditaires d'un tel appariement incestueux, le roi est tout disposé à épouser sa propre fille, laissant la frêle jeune femme dans un effroi sans nom.
L'adorable enfant se rend alors près d'une marraine, sans doute un peu foraine, un peu bohème et un peu magicienne. Cette dernière conseille à la princesse de demander au roi des robes d'une étoffe telle qu'il ne s'en peut trouver.
Mais, fort d'une richesse sans borne issue de l'anus luxuriant d'un quadrupède à longues oreilles dont les fientes à haute valeur vénale ne font braire personne, le roi parvient sans peine à accéder à chacune des demandes de sa fille en matière textile, quelque improbable qu'elle soit.
La marraine, devant ces échecs stratégiques à répétition, conseille alors le tout pour le tout, demander carrément la toison de l'âne pondeur aux vertus alchimiques intéressantes, certaines que le roi hésitera à sacrifier sa source unique de guano d'or.
Or (c'est le cas de le dire), si elle manie fièrement la baguette, cette fée ne vaut pas la première boulangère venue quant à la psychologie humaine et royale en particulier car le magnanime souverain n'hésite pas à faire remettre à sa fille la crasseuse peau du baudet au croupion fertile quitte à y perdre du même coup l'opulence dont il parait sa cour.
Fuir ! Fuir ma belle ! Voilà ce qu'il te reste à faire si tu ne veux pas coucher avec ton géniteur.
Fuir, couverte de son drap de honte ; fuir, couverte de cette vilaine Peau d'âne qui la dissimule aux regards ; fuir le plus loin possible au plus sombre de n'importe quel bouge infâme quitte à se faire traiter de souillon.
La semaine durant elle laisse les senteurs troubles autant qu'animales envelopper son corps pour dissuader quiconque de risquer une approche. Mais les dimanches venus, recluse au fond de sa chambrette glauque, après un brin de toilette elle revêt les joyaux de ses plus belles parures, si péniblement acquises...

Les huit autres contes regroupés sous l'étiquette Contes de Ma mère L'Oye ont pris depuis le seconde moitié du XIXème siècle une telle importance dans l'imprégnation de la culture littéraire enfantine qu'il est difficile de rencontrer un seul enfant qui n'ait jamais entendu parler, de près ou de loin, de tout ou de partie d'au moins l'un d'entre eux.
C'est donc devenu un patrimoine commun de la culture occidentale et désormais mondiale en raison des productions de films d'animation largement diffusés qui s'en inspirent.
Les Contes de Ma Mère l'Oye sont souvent assimilés ou désignés comme l'archétype du conte " de fées ", au sens que ce mot avait à l'époque, c'est-à-dire, faisant appel à la magie, au surnaturel. Par exemple la clef de Barbe-bleue ou les bottes de l'Ogre dans le Petit Poucet peuvent être désignées comme étant " fées ". La forme ancestrale de Peau D'âne, c'est-à-dire une structure rimée ne figurera plus désormais dans le canon des contes.
On rencontre quelques constantes dans ces huit contes :
- un héros apparemment désavantagé mais qui saura tirer son épingle du jeu grâce à certaines qualités jugées essentielles (ruse, droiture, beauté, gentillesse, générosité) ou grâce à l'entremise d'un tiers doué de certains pouvoirs.
- un personnage masculin (plus rarement féminin) terrifiant ou brutal ou inflexible (lequel personnage aura plutôt tendance à être plus fréquemment une femme dans les contes des frères Grimm) qui souhaite s'en prendre à l'infortuné héros.
- un personnage ou un objet doué de pouvoirs surnaturels qui peuvent être bénéfiques ou maléfiques.
- un rôle de la famille parfois très trouble voire malfaisant et dont le héros a souvent bénéfice à s'extraire pour faire sa voie par lui-même dans le vaste monde.
- un destin qui n'est jamais totalement définitif, malgré les apparences, et qui peut toujours être infléchi.

En somme, cet ensemble de contes doit servir à l'édification des jeunes âmes qui les lisent et les inviter à s'émanciper. Ces contes les avertissent que le monde qui les attend sera semé d'embûches et d'adversaires parfois tenaces, qu'il ne leur faudra pas forcément compter beaucoup sur le secours de leur famille mais plutôt sur leurs qualités propres et, plus que tout, s'attendre à ce que la chance, à un moment se présente, et donc à ne pas rater l'occasion de s'en saisir à cet instant-là. Il faut seulement qu'ils abordent l'avenir avec confiance et qu'ils croient en eux-même.
À cet égard, il est à noter cinq contes semblent plus particulièrement s'adresser aux jeunes filles (La Belle Au Bois Dormant, le Petit Chaperon Rouge, La Barbe-bleue, Cendrillon et Les Fées) et les trois autres plus spécifiquement aux garçons (Le Chat botté, Riquet à la houppe et le petit Poucet).

Bref, un pan entier de notre patrimoine culturel — irremplaçable — soutenu par des tirades intemporelles du genre " C'est pour mieux voir, mon enfant. ", " Anna, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? ", " Tire la chevillette et la bobinette cherra. ", sans compter que nombre d'entre eux ont été ré-assaisonés par les frères Grimm pour en faire d'autres contes eux-aussi hyper connus comme Hansel et Gretel ou Blanche-Neige, par exemple. Je ne vous cache pas que tant le fond que la forme ont beaucoup vieilli et ne sont quasiment plus accessibles directement par des enfants moyens du XXIème siècle et nécessitent de sérieux remaniements pour refleurir à chaque saison sur les étal de nos libraires dans des formes digestes à nos chers bambins. Donc, un incontournable, certes, mais qui sent tout de même assez fort la naphtaline en l'état et qui nécessite un bon dépoussiérage. Nonobstant, ce n'est que mon misérable avis blottit dans les buissons d'une immense forêt habitée par un ogre ÉNORME, GIGANTESQUE, SANGUINAIRE, BRUTAL, FATAL, c'est-à-dire, pas grand-chose (à moins qu'il ne découvre très vite une paire de bottes à sa taille ou, à défaut, une petite pantoufle de verre).
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La Belle au bois dormant est l'un des plus célèbres contes de Charles Perrault. On y lit qu'un roi et une reine désespèrent d'avoir un enfant. Enfin, vient le temps où ils accueillent la plus jolie des petites filles sur qui les sept fées vont se pencher et accorder de nombreux dons de sorte qu'elle puisse incarner la perfection dont la grâce, la beauté, l'intelligence, les talents musicaux. Cela se fait lors d'une fête somptueuse. Mais l'une d'elles la huitième, a été invitée tardivement et c'est là que le bât blesse. Après les offrandes des bonnes fées vient celle de la vieille fée mécontente de ne pas avoir été invitée à temps et de ne pas manger avec des couverts en or.
Elle jette alors un mauvais sort à la jeune fille ; lorsque la princesse atteindra l'âge de 16 ans, elle se piquera avec un fuseau et en mourra, mais une jeune fée atténue ce maléfice en plongeant la jeune fille dans un profond sommeil qui durera cent ans, un prince viendra l'en sortir. le roi quant à lui supprime tous les fuseaux du royaume.
Lorsqu'elle atteint ses seize ans, la jeune fille monte dans un donjon où une vieille femme est entrain de filer une quenouille. La princesse éprouve de l'intérêt à cette activité et souhaite en savoir davantage. Elle se pique le doigt, la prédiction se réalise. Une fée plonge tout le château dans un profond sommeil afin que tous puissent servir la princesse du mieux possible lorsque celle-ci s'éveillera. Au bout de cent ans un jeune prince arrive poussé par le désir de gloire et l'amour, il rejoint la jeune fille. Il entre dans le château endormi. Devant cette beauté, il est émerveillé. La princesse s'éveille et ils s'éprennent l'un de l'autre.
Une fête somptueuse a lieu et ils se marient dans une chapelle. Ils vivent deux ans ensemble et ont deux enfants, la fille est prénommée l'Aurore et le garçon le Jour. Ceci reste secret pour les parents du prince. La mère de celui-ci, en effet est une ogresse ; la rumeur dit qu'elle mange les enfants… le prince s'en va à la guerre.
Le reste de l'histoire confirme les dires de la rumeur malheureusement, La Belle au bois dormant de Perrault, n'est pas le conte que nous présente Disney qui est seulement un résumé et une version adaptée de la première partie du conte de Perrault. La version de Disney est vraiment plus romanesque, colorée et édulcorée ; la princesse ne s'appelle pas Aurore, le prince n'est pas seulement celui qui embrasse même s'il est aimant et charmant, d'ailleurs il ne s'appelle pas Charmant, il n'y a aucune hésitation sur la couleur de la robe de la princesse (bleu ou rose ?), la méchante fée ne se nomme pas Maléfique. le conte de Perrault, ne correspond pas non plus à la version adaptée des autres contes pour enfants. Celui de Perrault est plus cruel dans la dernière partie que je ne raconterai pas et que je laisse découvrir car elle est moins connue et la morale à la fin est toute autre que celle que l'on connait.

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Ma critique portera ici sur "Le Chat botté" :

Quel plaisir de se replonger dans ce conte ! Et j'y ai pris d'autant plus de plaisir que je ne m'en souvenais plus. C'est donc avec un oeil neuf, ou presque, que j'ai relu ce court texte mettant en scène un chat et son propriétaire, surnommé le Marquis de Carabas par le félin. L'histoire en est simple : le chat, qui est l'unique héritage du dernier fils d'un meunier, veut faire épouser à son maître la fille du Roi. Il parvient même à bout de l'ogre dont la taille physique n'est en rien comparable à la petitesse du cerveau.

La morale en est la suivante : rien n'est plus important que le savoir-faire et l'ingéniosité. Ces deux aspects sont représentés ici par le chat qui mettra tout en oeuvre pour arriver à ses fins. Cependant, est-ce vraiment une morale ? On peut se poser la question. Car le chat utilise le mensonge pour que son maître devienne un grand de ce monde. Serait-ce une critique cachée de la bourgeoisie ?

Ce conte est apparu dans le recueil des "Contes de ma Mère l'Oye", en 1697. On peut y reconnaître les statuts sociaux de l'époque : le Roi (guère plus futé, finalement, que l'Ogre) représente le plus haut rang de la société, la noblesse incarnée. Sa fille n'est ici décrite que physiquement. Elle n'a pas vraiment de rôle dans le conte. Comme dans la société, elle est "la fille du roi" et rien d'autre. le fils du meunier est le symbole du "petit", celui à qui on ne laisse pas la parole. Les personnages humains sont dépassés par le chat qui démontre que l'on peut survivre dans ce bas monde grâce à la feinte, à la ruse, à l'escroquerie. Alors, le Chat botté est-il un conte amoral ?
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Désespérant de trouver enfin une belle édition rassemblant l'oeuvre de Charles Perrault, je me suis dis qu'au lieu de me priver de ses textes, je ferais mieux de choisir la plus complète et la moins moche des éditions proposées. Après un examen des différents ouvrages en rayon, j'ai opté pour celle de Pocket qui propose les textes dans leur intégralité et dans l'ordre de parution ainsi que les illustrations de Gustave Doré avec en supplément tout un dossier d'analyse et de compléments à l'oeuvre.

Je vais d'ailleurs commencer par ce dernier étant donné que je l'ai parcouru en diagonales et donc que j'aurais assez peu à en dire. le livre est structuré de sorte que les pages de droite donne le texte original et celles de gauche analysent ce texte, renvoient vers d'autres textes (pour comparer et élargir l'horizon de nos lectures en faisant des rapprochements entre diverses oeuvres) et lorsque c'est le cas nous indiquent l'illustration correspondante et son analyse.
Cette partie-là est donc vraiment pour ceux qui veulent travailler sur ce texte ou tout simplement approfondir leur lecture.
En fin d'ouvrage, on retrouve également la biographie de l'auteur, une bibliographie sélective et un guide d'analyse supplémentaire abordant notamment les thèmes, les procédés, les contes et la psychanalyse, etc…
Bref, tout cette partie de l'ouvrage semble très complète mais ne correspondait pas à mon but premier : lire et redécouvrir les contes de Perrault.

Les Souhaits Ridicules :
Quelque part entre la fable et le conte, ce petit texte en vers a été une totale découverte. On sent l'influence des fables de l'antiquité notamment par la présence ici de références à Jupiter ou à l'Achéron. Assez surprenant mais drôle, j'ai plutôt bien accroché à cette entrée en matière.

Peau d'Âne :
Le seul conte en vers de Perrault, je dois dire que j'ai adoré. C'est magnifiquement écrit et tout empreint de ce charme propre à cette langue désuète qu'était le français de l'époque. Un véritable enchantement que de redécouvrir ce texte que je n'avais pas lu depuis mon enfance et dont jusqu'à aujourd'hui je n'avais pu entretenir le souvenir que par le biais du film de Jacques Demy visionné très récemment.

La Belle au bois dormant :
Conte en prose, on retrouve un format beaucoup plus traditionnel, ou en tout cas, plus répandu. le style est parfait, un vrai régal à lire comme tous les contes qui suivent. Charles Perrault avait un véritable don de conteur.
Relire cette version est l'occasion de quelques surprises comme l'absence du baiser pour réveiller la Belle ou encore le fait que la mère du Prince soit une ogresse…

Le Petit Chaperon Rouge :
Ou la preuve que tous les contes ne doivent pas forcément finir par un happy end pour être aussi plaisant que fascinant. Un texte dont les répliques sont connu de tous même de ceux ne l'ayant jamais lu mais aussi le plus court de tous les contes. Il n'en est pas moins excellent.

La Barbe bleue :
- "Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?"
- "Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie"
Répliques cultes pour un conte sur l'obéissance. Plutôt sexiste d'autant que le rôle des femmes et leur statut à heureusement beaucoup évolué. Malgré tout, le texte reste remarquable et témoigne de son caractère moralisateur pour l'époque. Relire ce texte m'a également permis d'apprécier encore plus le travail d'adaptation de Georges Méliès dans son film de 1901.

Le Chat botté :
Le conte qui a déverrouillé une multitude de souvenirs d'enfances enfouies à lire et écouter les contes. Au fur et à mesure de cette relecture, l'histoire me revenait en mémoire comme quoi les contes s'ancrent dans l'esprit des enfants pour ne plus jamais les quitter. Un très beau conte.

Les Fées :
Un conte que je ne connaissais absolument pas. Un des plus courts avec "Le Petit Chaperon rouge" mais pas forcément un des plus emblématique de Perrault. Il n'en reste pas moins plaisant à découvrir et fait travailler, à l'instar des autres contes, l'imagination à plein régime.

Cendrillon :
La version française d'où est née la polémique entre "vair" et "verre" par l'intervention De Balzac, parait-il. Une version où il n'y a pas un mais deux bals, où Cendrillon est aussi surnommée Cucendron, où les belles-soeurs ne sont pas aussi mauvaises l'une que l'autre…bref là aussi quelques surprises lors de la relecture. le conte est l'un des plus beaux de ce recueil.

Riquet à la houppe :
Un autre conte que je ne connaissais absolument pas. Pas mon préféré et celui dont Perrault semble atténuer la magie en fin de récit puisque le pouvoir de l'amour apparaît finalement comme plus puissant que celui de la fée. Là où l'amour change la vision de l'être aimé, le pouvoir de la fée change littéralement les êtres. On choisit donc la version que l'on préfère : magie ou simplement la force de l'amour. Aussi l'un des rares contes où tout ne fini pas bien pour tout le monde puisque la soeur dotée d'esprit est complètement oubliée à la fin…

Le Petit Poucet :
Comme pour le "Chat Botté", l'histoire m'est très vite revenue au cours de ma lecture. Beaucoup de thèmes communs avec "Hansel & Gretel" comme l'abandon en pleine forêt des enfants, la ruse de l'un d'eux pour marquer le chemin avec d'abord des cailloux puis des morceaux de pains, la pauvreté, la famille de bûcheron, la rencontre avec une créature friande d'enfants, le virement de fortune à la fin grâce à la débrouillardise des enfants, le retour triomphant à la maison…
J'aime les deux, je ne saurais dire lequel des deux contes à ma préférence. Peut-être le "Petit Poucet" pour la qualité du texte dans sa forme…

Griselidis :
Un mélange de poésie, de conte et de nouvelle pour ce texte. Celui que j'ai le moins aimé. Autant les vers sont magnifiques pour "Peau d'Âne" autant j'ai trouvé une certaine lourdeur ici. Probablement parce que le texte est un peu long et que ça devient vite fastidieux de lire une nouvelle en vers. de plus, l'histoire est à mon sens l'une des plus horribles ou sadiques de part cette façon que le Prince a de traiter son épouse par simple jalousie et cynisme. le côté "bonne poire" et "femme soumise" de Griselidis m'a autant énervé qu'attristé. Heureusement tout fini bien mais alors que dans les autres contes, les héroïnes et les héros endurent parfois le pire pour atteindre le bonheur et un meilleur statut, Griselidis elle endure le mauvais traitement de son époux le prince alors qu'elle vivait paisiblement en tant que bergère et après avoir épousé le Prince. On se demande alors pourquoi tant d'acharnement sur cette jeune fille ?
Griselidis ou la seule qui n'a pas rencontre le Prince Charmant !

Un recueil de contes magnifiques que je ne me lasserais pas de lire et relire maintenant que je l'ai de nouveau en ma possession. Les illustrations de Gustave Doré accompagnant les différents textes sont à la hauteur des textes de Perrault et le seul reproche que j'aurais à faire est pour les éditeurs qui ne proposent plus d'éditions reliées rassemblant ces textes incontournables tout en replaçant les gravures de Gustave Doré au sein des contes qu'elles mettent en image. Je rêve d'une édition comme a su le faire Barnes & Noble avec les contes de Grimm et ceux d'Andersen.

Je conclurai ma chronique avec une citation extraite de la présentation de la version Pocket (2006) pour ceux qui hésiteraient encore à se plonger ou à se replonger dans ce recueil qui se dévore très rapidement :
"Trois pièces en vers, huit en prose : le "père" du conte de fées à la française est si bien tombé dans le patrimoine public que l'on ne prend même plus la peine de lire son texte. Mais pour qui choisit d'entrer dans l'univers de ses contes, que de surprises... et que de préjugés à laisser de côté pour goûter - enfin ! - le plaisir d'une écriture unique."
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A l'orée de la période de Noël j'ai décidé de lire les Contes de Perrault afin de la saupoudrer d'un peu de ce merveilleux désormais tapi derrière l'Ogre Consumériste (auquel je cède volontiers).
Bon, pour le merveilleux ça n'a pas marché. Il faut l'avouer, mes souvenirs de Cendrillon ou de la Belle au Bois Dormant proviennent avant tout des dessins animés Disney, où les gentils sont vraiment gentils, les méchants très méchants, les animaux rigolos et où la joie explose à la fin. Je ne raille pas, j'adore ces dessins animés et le merveilleux des contes y est pour moi associé, c'est comme ça.
Ici la structure même du livre (éditions Livre de Poche) s'oppose à une lecture purement "merveilleuse". La présentation des contes par Catherine Magnien est très intéressante (quoiqu'un poil longue). La biographie de Perrault, la guerre des Anciens et des Modernes (Perrault est un Moderne), l'insertion des Contes dans leur temps, la recherche des sources, tout cela est agréable à lire pour qui aime un tant soit peu L Histoire. Mais cette forme "historisante" s'étend ici au sein même des contes: de nombreuses notes de bas de page - bien que très intéressantes comme celle qui rappelle la valeur accordée aux miroirs au XVIIe siècle - parasitent le récit. On est invité à en sortir régulièrement pour examiner le texte d'un point de vue extérieur. Sur des textes aussi courts l'impact est important.
Ceci dit je ne connaissais pas plusieurs de ces Contes comme Griselidis ou Riquet à la houpe. Notre amie NastasiaBuergo a bien raison de dire qu'ils "doivent servir à l'édification des jeunes âmes". Avec le recul des siècles cependant, certaines morales peuvent faire tiquer. Je pense en particulier à la place qu'à l'époque une honnête femme doit occuper. Les pauvres en prennent quand même plein la figure. Dans Griselidis le roi, pour éprouver l'amour de sa femme, la répudie, la remplace par une plus jeune, la prive de ses enfants. Elle supporte tout cela sans jamais éprouver de haine. Convaincu le roi la reprend et lui rend ses enfants et la morale nous dit que c'est là le comportement digne d'une honnête femme. Dans Peau d'Âne la princesse doit fuir le roi son père pour éviter l'inceste et se cacher sous des haillons et aucune morale ne s'attache au comportement du roi. Dans le Petit Poucet la femme de l'Ogre craint en permanence d'être battue. Dans les Souhaits Ridicules c'est la femme du bucheron qui subit les désagréments des souhaits émis par son mari. Pauvres femmes de toutes conditions dans la France du XVIIe siècle.

Pour résumer, j'ai pris plaisir à ce livre mais plus sous l'aspect historique qu'il véhicule.
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Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
A ces mots Jupiter dans les Cieux remonta,
Et le gai Bûcheron, embrassant sa falourde,
Pour retourner chez lui sur son dos la jeta.
Cette charge jamais ne lui parut moins lourde.
"Il ne faut pas, disait−il en trottant,
Dans tout ceci, rien faire à la légère ;
Il faut, le cas est important,
En prendre avis de notre ménagère.
Çà, dit−il, en entrant sous son toit de fougère,
Faisons, Fanchon, grand feu, grand chère,
Nous sommes riches à jamais,
Et nous n'avons qu'à faire des souhaits."
Là−dessus tout au long le fait il lui raconte.
A ce récit, l'Epouse vive et prompte
Forma dans son esprit mille vastes projets ;
Mais considérant l'importance
De s'y conduire avec prudence :
"Blaise, mon cher ami, dit−elle à son époux,
Ne gâtons rien par notre impatience ;
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Le fréquent usage du monde,
Où l'on ne voit qu'Epoux subjugués ou trahis,
Joint à l'air jaloux du Pays,
Accrut encor cette haine profonde.
Il jura donc plus d'une fois
Que quand même le Ciel pour lui plein de tendresse
Formerait une autre Lucrèce,
Jamais de l'hyménée il ne suivrait les lois.
Ainsi, quand le matin, qu'il donnait aux affaires,
Il avait réglé sagement
Toutes les choses nécessaires
Au bonheur du gouvernement,
Que du faible orphelin, de la veuve oppressée,
Il avait conservé les droits,
Ou banni quelque impôt qu'une guerre forcée
Avait introduit autrefois,
L'autre moitié de la journée
A la chasse était destinée,
Où les Sangliers et les Ours,
Malgré leur fureur et leurs armes
Lui donnaient encor moins d'alarmes
Que le sexe charmant qu'il évitait toujours.
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MORALITE
On ne s'afflige point d'avoir beaucoup d'enfants,
Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,
Et d'un extérieur qui brille ;
Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelquefois cependant c'est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille.
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Courant toujours bien devant le carrosse, le chat se retrouva,
soudain, face à un immense château que possédait un ogre.
Le plus méchant ogre qu'on puisse
imaginer mais, aussi, le plus riche de tous.
« Monsieur l'ogre, on m'a dit mais j'en doute que vous avez le don de vous
transformer en toutes sortes d'animaux.
Vous en doutez, eh bien, regardez ! »
Et l'ogre se transforma en lion.
De peur, le chat fit un énorme bond jusqu'au toit où il regretta de porter des
bottes, pas très pratiques pour marcher sur les tuiles.
« Oh ! Quelle peur vous m'avez faite. Mais vous pouvez aussi vous changer en toute
petite bête, une fourmi, une mouche, encore plus fort, une souris ? »
Et l'ogre se transforma en une petite souris blanche... et le chat, en bon matou
qu'il était, se jeta, aussitôt, sur la souris et la croqua d'un seul coup de dents.

(Le Chat botté)
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" Les hommes, disait-il, pour souffrit sont bien nés !
Peste soit du Boudin et du Boudin encore ;
Plût à Dieu, maudite Pécore,
Qu'il te pendit au bout du nez ! "
La prière aussitôt du Ciel fut écoutée,
Et dès que le Mari la parole lâcha,
Au nez de l'épouse irritée
L'aune de Boudin s'attacha.
Ce prodige imprévu grandement le fâcha.
Fanchon était jolie, elle avait bonne grâce,
Et pour dire sans fard la vérité du fait,
Cet ornement en cette place
Ne faisait pas un bon effet ;
Si ce n'est qu'en pendant sur le vas du visage,
Il l'empêchait de parler aisément,
Pour un époux merveilleux avantage,
Et si grand qu'il pensa dans cet heureux moment
Ne souhaiter rien davantage.

LES SOUHAITS RIDICULES.
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Les « Contes », de Charles Perrault c'est à lire au Livre de Poche.
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Les Contes de Perrault : Morales

La curiosité malgré tous ses attraits, Coûte souvent bien des regrets ; On en voit tous les jours mille exemples paraître. C'est, n'en déplaise au sexe, un plaisir bien léger ; Dès qu'on le prend il cesse d'être, Et toujours il coûte trop cher.

Le Petit Poucet
Riquet à la houppe
Cendrillon
Les Fées
Les Souhaits Ridicules
Peau d'Ane
La Barbe bleue
Le Petit Chaperon rouge
La Belle au bois dormant
Le Chat botté

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