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Critique de ahasverus


Voici le texte intégral de seize contes, de 4 à 40 pages chacun, qui ont marqué notre inconscient culturel pour peu qu'on ait grandi en France : le Chat Botté, Cendrillon, le Petit Chaperon Rouge, Barbe Bleue, Peau d'Âne, le Petit Poucet, La Belle et la Bête, La Belle au Bois Dormant, etc.

Ces histoires, précise l'auteur, "excitent dans les enfants le désir de ressembler à ceux qu'ils voient devenir heureux, et en même temps la crainte des malheurs où les méchants sont tombés par leur méchanceté."
Il y a donc un côté édifiant dans les contes du moraliste, qui, par images, met l'enfant en garde à grands coups de cadavres ensanglantés (Barbe Bleue), de pères incestueux (peau d'âne), ou de parents indignes (presque tous !), contre les ogres ou les loups de tout poil.

Voila de quoi cauchemarder dans les dortoirs des Louveteaux, ainsi par exemple la morale du Petit Chaperon Rouge :

""""""Tous les loups ne sont pas de la même sorte :
il en est d'une humeur accorte,
sans bruit, sans fiel et sans courroux,
qui privés, complaisants et doux,
suivent les jeunes demoiselles
jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas qui ne sait que ces loups doucereux
de tous les loups sont les plus dangereux."""

Tiens, à ce propos : j'étais persuadé que la môme Chaperon était sauvée par les chasseurs, pas vous ? Mais non, contrairement a la plupart des contes qui finissent bien, Chaperon termine dans l'estomac du loup. Il faut dire qu'elle provoquait un peu, à s'habiller en rouge...

Sous forme d'images symboliques, les contes sont loin d'être une simple littérature enfantine. Ils mettent en scène des fantasmes ou des problèmes dont l'enfant doit se prémunir (rivalité fraternelle, pédophilie, etc) en l'incitant à développer ses propres valeurs, à être le gardien de lui-même, et ils apportent des solutions, (pas parler aux inconnus aux grandes dents !). Ces images s'adressent directement à l'imaginaire et à l'inconscient de l'enfant.

La curiosité m'a conduit à consulter sur le net des analyses psychanalytiques de l'oeuvre et je ne puis m'empêcher de recopier celle-ci :

"""LE CHAT BOTTE expose une cure où, pour conjurer la castration, il a fallu régresser jusqu'au sadisme oral. C'est une histoire d'hom­mes : un benjamin a été féminisé par son père. Dans l'héritage le mauvais père a donné le moulin à l'aîné, l'âne au second, et un petit chat ou châs, au dernier. Mais dès qu'il lui fait faire des bottes (dès qu'il peut avoir des érections) il est rassuré sur sa virilité et devient un Maître chat rephallisé. Cela fait surgir l'agressivité orale dans la chasse cruelle, pour faire des cadeaux au roi. Puis il doit régresser jusqu'au niveau utérin en se jetant nu dans l'eau de la mère, le lac. Alors, grâce aux ruses du chat, il peut affronter l'agressivité orale de l'Ogre, le terrible père castrateur qui accepte de se changer en lion puis en souris, vite avalée par le chat. le marquis de Carabas reçoit alors l'héritage du bon père (le roi), de grands biens et une femme passive. le chat, devenu grand seigneur, ne courut après les souris que pour se divertir. """

Hem hem... Nawak ! Preuve que Perrault a raison : "La curiosité malgré tous ses attraits coûte souvent bien des regrets."

En résumé un livre intéressant d'histoires à raconter. En matière d'écriture, mes préférences vont aux contes en vers, (les premiers).
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