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Critique de Nastasia-B


Quel conte est plus emblématique de l'oeuvre de Charles Perrault que ce Petit Chaperon Rouge ? Parmi la dizaine de contes qu'il nous a légué, qui sont bien évidemment tous très connus, seul le Petit Poucet semble être en mesure de lui tenir la dragée haute car même les infatigables Peau d'Âne, Barbe Bleue, Cendrillon, Chat Botté et autre Belle Au Bois Dormant ne jouent pas dans la même catégorie dans l'imaginaire populaire, et cela en dépit du fait que dernièrement (c'est-à-dire depuis une cinquantaine d'années), les Américains se soient donnés beaucoup de mal pour faire grimper la cote de certains de ces outsiders.
Il n'empêche que « Tire la bobinette et la chevillette cherra. » ou « Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents ! — C'est pour te manger. » et tout le tremblement, c'est assez inégalable, et même les frères Grimm qui eux aussi avaient de grandes dents se les sont cassées sur leur piètre remake du Petit Chaperon Rouge.
C'est tout d'abord un style de langage, qui n'avait rien d'exceptionnel au XVIIème siècle mais qui est, depuis lors, passé de mode et qui donne une partie de son charme, de sa saveur à ce conte.
Ensuite, c'est le frisson qu'on endure à voir trépasser la petite victime, qu'on sait si frêle et si gentille (le destin de la malheureuse mère-grand nous laisse tout de même un peu plus indifférents, il faut bien l'admettre, c'est notre côté loup, qui parle.). Quelle erreur magistrale messieurs Grimm d'avoir saboté cette fin terrible et qui est justement la raison d'être de ce conte.
De même, la valeur allégorique de la petite fille lâchée dans le vaste monde sans en connaître les périls est absolument merveilleuse.
Il n'y a aucune forme de rapprochement avec une quelconque morale judéo-chrétienne chez Charles Perrault, contrairement aux frères Grimm, et c'est donc beaucoup plus philosophique, une morale beaucoup plus comparable avec La Fontaine, une sorte de philosophie de vie qui pourrait se résumer ainsi : Mesdemoiselles (Mesdames aussi, parfois), méfiez-vous de ces beaux parleurs, plaisants de leur personne, qui, une fois entrés dans votre foyer vous dévoreront si vous n'y prenez garde.
Un conte évidemment admirable, incontournable et bien plus profond qu'il n'y paraît, mais ce n'est là que mon avis, un petit avis vêtu de rouge en cette vaste forêt, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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