Je crois qu'il faudrait toujours aller voir un spectacle en se disant que peut-être ce à quoi l'on assistera pourrait bouleverser de fond en comble notre existence.
Il y a des choses chez nos parents que nous préférerions ne jamais voir.
Il a travaillé dans l'insouciant effort de la création en repoussant l'idée qu'un jour ses forces l'abandonnent.
Anne est professeure de français, un jour l'enfant comprendra ce que cela signifie d'enseigner du lundi au vendredi, et David, lui, est comédien, comédien à terre, comédien sans projet, sans planche de salut, sans espoir pour l'instant d'un jour remonter sur scène. Comédien au plus bas, lessivé, naufragé lui aussi. Comédien marqué par la faillite de ses espoirs, par l'abandon, la poisse. C'est Anne qui ramène mois après mois son salaire à la maison, c'est grâce à elle que tous trois vivent, cahin-caha, avec ce peu.
Durant l'antiquité, les riches romains souffrants allongeaient un esclave contre eux, dans l'espoir que la fièvre quitte le corps du malade pour s'installer dans le corps sain. C'était exactement ce qu'il s'efforçait de faire en entremêlant ses doigts chauds entre les glacés d'Anne : lui donner par magie un peu de son énergie.
Une mâchoire fend le sol en deux et avale les véhicules en glougloutant, le vent déchire l'atmosphère, ce pauvre politicien de frère est coupé en deux par la peur et l'effort, son souffle lui échappe, la confusion voile son regard, des flammes sautillent, une colonne de détritus se lève, bande vers le ciel et s'effondre avant d'avoir pu jouir, c'est la fin du monde, la fin des temps
Mieux vaut être mal à l'aire que de se donner une contenance. Il faut se débrancher le cerveau, débrancher le jugement pour arriver à l'essentiel. C'est de l'ordre du mécanique.