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Je tiens à remercier la maison d'édition Belfond et l'opération masse critique de Babelio pour la découverte de ce très beau roman. Un roman que j'ai eu du mal à lâcher au point de m'accompagner devant la gazinière et au fond du jardin.

On a envie de garder espoir pour Lutie, cette jolie jeune femme qui attire bien des regards et qui vit à Harlem dans les années 40. Car de l'espoir elle en a besoin. Trop de déception. Des déceptions car elle est une femme noire alors elle a droit à toutes sortes de préjugés partout où elle met les pieds. Elle fait de son mieux pour élever son fils loin des débauches de "la rue". Elle suit des formations pour ne plus à avoir à élever les enfants des autres et passer des journées entières à faire la lessive des autres. Mais toutes sortes de difficultés vont la contrer. Son mari à qui elle envoyait son salaire la quitte, son nouveau concierge l'aborde avec sauvagerie, sa voisine lui propose de gagner de l'argent facilement dans son bordel, le patron du bar qui devait l'employer pour chanter ne peut finalement lui verser de salaire… L'espoir s'en va à chaque fois. Et la colère grimpe chez Lutie grimpe au point de rappeler sans cesse à son fils que chaque sou compte l'entrainant à faire de bien grosses bêtises...

Elle veut partir, déménager loin de cette 116ème rue et de son appartement lugubre pour offrir une belle vie à son fils. Mais il y a tant d'obstacles. C'est un bon roman, bien écrit et émouvant. Je recommande.
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Tout d'abord merci aux éditions Belfond et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir cette perle noire.
Paru en 1946, ce roman dépeint avec réalisme, humanité et beaucoup de poésie la vie dans le Harlem de cette époque où le sordide côtoie le sublime.
Ann Petry a une écriture fluide, riche et touchante. Elle sait nous plonger dans le quotidien sans pathos mais aussi sans artifice de ce quartier ghetto de New York. Les portraits des personnages sont ciselés avec une précision d'orfèvre et nous suivons l'héroïne Lutie dans son parcours et ses espoirs pour sortir de cette condition à laquelle la destine sa couleur de peau. Je ne peux que vous conseiller ce livre attachant plein d'émotions diverses et qui nous fait aussi fermer les poings de rage.
Bravo aussi aux éditions Belfond pour la création de cette collection "vintage noir" qui nous fait découvrir ou redécouvrir des auteurs oubliés mais ô combien précieux.
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Dans ce livre, qui, à l'époque, avait rencontré un vif succès, l'auteure nous raconte l'histoire de Lutie Jonhson qui, dans les années 40, vit dans le quartier New-yorkais d'Harlem. Belle, intelligente et ambitieuse, elle élève seule son petit garçon de 8 ans, Bub, après avoir quitté un mari au chômage et infidèle pendant qu'elle était au service d'une famille de blanc. Quand le roman débute, elle et son fils emménagent dans un petit appartement crasseux de la 116ème rue, un endroit froid, où la violence règne. L'objectif principal de Lutie est d'offrir un avenir meilleur que celui qui se dessine à Bub, elle ne veut surtout pas qu'ils deviennent, comme la plupart des hommes de leur condition, chômeur et alcoolique dans le pire des cas, cireur de chaussures dans le meilleur. Pour cela, ils doivent quitter cet appartement au plus vite mais elle n'est pas prête à tout pour cela. Guidées par ses rêves, sa haine va se faire de plus en plus forte…

A travers l'histoire de Lutie, racontée par une multitude de personnages parmi lesquels, le concierge de son immeuble prêt au pire pour qu'elle soit sienne ; Mrs Hedges, une entremetteuse qui passe ses journées à observer depuis sa fenêtre ce qu'il se passe dans la rue ; ou encore le chanteur Boots Smith qui rêve de la mettre dans son lit ; Ann Petry nous propose une véritable immersion dans son époque. Racisme, violence, perversion et conditions de vie déplorables, voilà, entre autre, ce à quoi le lecteur est confronté durant cette lecture. Malgré cela, j'ai passé un chouette moment avec ce roman. J'ai bien aimé le personnage de Lutie, attachante et touchante et, j'ai aussi beaucoup aimé le style de l'auteure, simple et agréable.

Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Belfond pour cette découverte.
Lien : https://desflaneriesetdesmot..
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Livre reçu grâce à l'opération Masse Critique.

C'est l'histoire d'une femme : Noire, jeune, jolie, pauvre, célibataire et mère d'un garçon de huit ans. Elle vit à Harlem, quartier que le mot "miteux" enjolive encore, survivant en faisant des ménages et divers travaux domestiques dont la teneur lui rappelle que, même libres, les Noirs sont socialement inférieurs aux Blancs. Dans ce New York de l'année 1944, Lutie Johnson essaie de s'en sortir : pour elle-même et pour que son fils, Bub, grandisse dans un environnement qui ne le fera pas basculer dans la délinquance. Déjà le garçonnet joue à cirer les chaussures, comme d'autres garçons de son âge, pour quelques cents.
Lutie a du courage : il en faut pour emménager seule dans un appartement crasseux de la 116ème rue. En plus du courage, elle a de la force, physique et morale, pour supporter les fatigues de la journée et les déceptions. Et aussi les prédations des hommes, dont aucun ne ressort grandi du roman. Tous, Blancs ou Noirs, sont immondes moralement : le père de Lutie est alcoolique, son ancien mari l'avait allègrement trompé pendant qu'elle travaillait dans le Connecticut, le gardien de son immeuble est un dangereux pervers, le chanteur Boots Smith ne la veut que pour son corps, Junto, le patron du bar éponyme, hésite entre la faire sienne et la mettre sur le trottoir.

Jones, principalement, est le grand artisan de la décrépitude de Lutie. Son regard pesant, ses apparitions presque fantomatiques dans les couloirs de l'immeuble, voire ses menaces physiques sur la jeune femme finissent de condamner Lutie à une vie miséreuse. Mais dans cet enfer quotidien que décrit le roman, cette condition noire aussi bien que féminine qu'Ann Petry décrit, quelques difficultés se font jour.

Le roman souffre, sur certaines pages (principalement au début du roman), de phrases simples voire simplistes ainsi que de longueurs (par exemple : la scène où Bub, seul dans l'appartement, a peur de l'obscurité) qui alourdissent le rythme. le manque de nuance, aussi, dans les caractères présentés, ainsi que l'immoralité de tous les personnages, donnent une impression de lourdeur à la lecture. Pourtant, le propos serait très moderne : une femme élevant seule son enfant, travaillant et espérant quitter la misère dans laquelle est est engluée. C'est aussi tout un contexte historique que Ann Petry décrit : celui d'une Amérique en guerre contre l'Allemagne nazie et qui pourtant, comme le dit Boots Smith, vit aussi une guerre intérieure entre les Blancs et les Noirs. le ressentiment souvent exprimé par Lutie ou par Boots envers les Blancs s'explique et se comprend. Si les femmes noires trouvent du travail, c'est que leurs qualités domestiques sont reconnues et que cela les enferre dans un rôle social déterminé et considéré comme inférieur. Les hommes Noirs, eux, ne trouvent pas de travail : on s'en méfie. de fait, condamnés à l'inaction, ils tournent en rond, s'ennuient, badinent et même, parfois, se bagarrent, au risque de se tuer.
Jusqu'à la dernière page, le lecteur est sur un fil : l'espoir d'une vie meilleure d'un côté, la menace d'un déraillement généralisé de l'autre. Avant de basculer.
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Pour débarrasser un peu ma Pal j ai fait une pause dans les nouveautes
J ai beaucoup aimé ce livre paru en 1946.
Ce livre comme son titre nous le précise nous décrit la vie dans la rue plus précisément dans le quartier de Harlem
Les gens sont très mal logés les histoires d Amour les traffics d argent et de toutes sortes se passent dans la rue
Noirs Blancs difficile de cohabiter et difficile de s integrer pour la societe noire
Un très bon moment de lecture d une auteur que je connaissais pas.
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Encore un livre édifiant, qui est passé sous les radars, écrit dans les années 40 ! Il s'est bien vendu sa sortie, certes,mais qui le connaît maintenant, aux Etats-unis et plus encore en Europe.
J'ai lu ces pages tellement facilement, une écriture fluide, précise, et souvent belle aussi, dépeignant un climat, un contexte individuel, social et sociétal si dur... ces murs entre les races... Et de penser qu'au final même si le colosse blancopatriarcat est ébranlé il est encore dans les esprits, insidieusement ou clairement.
Ce livre est une perle. Pas le mieux écrit, pas le plus spectaculaire en termes d'horreurs, mais Ann Petry a trouvé un rythme et une fluidité étonnante, qui fait plaisir.
Ce livre m'a fait penser par moments aux Misérables de Hugo, bien sûr au plus connu Baldwin, mais étrangement ? j'ai eu par moments l'impression de lire du Selby Jr, quand est décrit ce qu'il se passe dans la tête de certains personnages assez affreux avant ou pendant la commission d'actes affreux. Ce livre a inspiré, je ne peux pas croire autre chose.
Soit, si vous le trouvez lisez-le. Ou commandez-le, il sera peut-être réédité.
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Quelle belle découverte que ce roman écrit en 1946.
Une histoire de femme.
Une histoire de noire
Une histoire de Harlem
Une histoire de la pauvreté.
A lire sans moderation
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Premier roman de Ann Petry, La rue s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires à sa parution en 1947, propulsant son auteure à la place de 1ère écrivaine afro-américaine à atteindre de tels chiffres de ventes. Véritable critique sociétale, La rue met en exergue toute la misère sociale prévalant dans le Harlem des années 1940 en brossant les portraits terriblement et tristement réalistes de plusieurs habitants de la 116ème rue, l'une de ces rues comme il y en a tant où prédominent la saleté, la pauvreté, la violence et la laideur et où les Noirs "sont parqués dans la plus petite surface possible, privés d'air et de lumière".

S'il alterne différents points de vue, le roman puise sa force et sa lumière dans le sublime et très poignant portrait de Lutie Johnson, une belle jeune femme noire élevant seule son fils de 8 ans après que son travail de bonne à tout faire chez une famille blanche lui a coûté son mariage.

Lutie. Jeune femme travailleuse, ambitieuse, furieusement déterminée à échapper à sa misérable condition de femme, de Noire et de pauvre et à réussir dans "le pays le plus riche du monde". Lutie. Jeune mère qui lutte avec acharnement pour protéger son fils, lui offrir un avenir meilleur et l'aider à devenir beau et fort, loin de la rue. Parce qu'il est hors de question que son fils devienne un cireur de chaussures! Lutie, qui pour éviter le piège de la pauvreté qui avilit et emprisonne travaille le jour et suit des cours le soir et qui, comme tant d'autres femmes qui triment, n'a pourtant pas d'autre choix que de laisser la rue faire l'éducation de son fils. Lutie. Qui s'abandonne dans la musique et rêve de s'échapper à tout jamais du spectre d'un avenir fait de pauvreté et de violence. Lutie. Femme admirable dont la dignité et le respect de ses valeurs forcent le plus grand respect. Lutie. Femme forte. Femme inoubliable. Lutie. Qui finit pourtant par sombrer.

Un roman puissant. Révoltant. Bouleversant et tristement humain.

À lire. Absolument.
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Reçu dans le cadre de « Masse critique », ce roman est, pour moi, une petite merveille. Il est d'une grande intelligence, d'une redouble efficacité. Il raconte avec justesse la misère de la discrimination, les conséquences de la ségrégation raciale. C'est la pauvreté, le racisme, les préjugés, les représentations erronées. C'est l'absence d'espoir et de rêve. Ce sont des volontés brisées. C'est la condamnation perpétuelle de la population noire qui n'a que peu de moyens pour vivre avec dignité. Ce sont des hommes et des femmes qui ne peuvent sortir de leur misère qu'au moyen de la corruption et de l'illégalité. Ce sont des êtres enfermés par toute une organisation de la société; une organisation à bannir et à condamner. C'est un cercle vicieux duquel il est difficile de s'échapper: le Noir finit par devenir, en raison de la condamnation sociale dont il fait l'objet, une réalité pour les préjugés de ce Blanc détestable. Avec ce roman, Ann Petry donne toute sa puissance et sa raison d'être à la littérature. Elle tend à la société ce miroir qui doit l'aider à se voir, à se penser, à se corriger. C'est brillant, clairvoyant. C'est une pépite dorée qui a eu raison de son succès.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Dans le New York des années 40, cette rue dont nous parle Ann Petry est la 116e, dans le quartier de Harlem, une rue réservée aux nègres ou aux mulâtres, synonyme de peur, de dangers et de mauvaise influence.
Y habiter, pour Lutie, le personnage principal du roman, c'est déjà une victoire en soi. Pouvoir subvenir à ses besoins, élever son fils Bub, loin de l'influence de son père et de sa copine. Elle prend donc la seule chambre qu'elle trouve et qu'elle puisse se permettre, rêvant d'un jour où ayant un meilleur travail et ayant économisé assez d'argent, elle pourra donner à Bub une vie meilleure. Lutie est une battante. Elle ne veut pas se laisser gagner par l'atonie ou la molle résignation. Mais malgré toutes ses tentatives pour aller de l'avant dans ce monde sans vendre son âme, elle ne peut se battre contre les forces qui l'opprime.

Ann Petry décrit très bien les conditions de vie difficiles dans ce Harlem. Tout contribue à accentuer le ressentiment de noirceur et d'insécurité de la rue, personnage à part entière, que ce soit les forces naturelles et les autres protagonistes, habitants de l'immeuble et autres qu'elle va rencontrer.

« Mais le silence était plus fort même que les paroles. Il était là assis à côté d'elle. Il la suivait partout. Dans la rue, elle croirait peut-être s'en être débarrassée. Ce serait une erreur. Il marchait tout simplement plus vite qu'elle, et, en ouvrant la porte de son appartement, elle le verrait venir à sa rencontre. Insaisissable. Impalpable. Mais présent. Toujours présent. »

« Et le vent recommençait sans se lasser, jusqu'à ce que les passants soient forcés de s'arrêter et d'arracher le journal. Il s'attaquait alors à leur chapeau, les étranglait avec leur écharpe et s'engouffrait dans leurs vêtements. »

L'auteure tente aussi d'expliquer les difficultés existentielles des gens de couleur et des femmes en particulier en analysant les habitudes comportementales des Blancs vis-à-vis d'eux, des Blancs qui avaient érigé en dogme leur supériorité sur les Noirs.

« Ce devait être une réaction automatique chez les Blancs. Si une jeune femme était de race noire et suffisamment attirante, c'était de toute évidence une catin. Ou si elle n'en était pas exactement une, c'était du moins facile de coucher avec elle, il suffisait de le lui demander. D'ailleurs, les hommes blancs n'avaient même pas à se donner cette peine, la fille le leur demandait elle-même.
Cela l'irritait davantage au fur et à mesure qu'elle y pensait. Certainement, ils ne savaient rien de la grand-mère qui l'avait élevée, et qui répétait toujours avec la régularité d'une horloge :
- Lutie, baby, ne laisse pas les hommes blancs te toucher. Ils courent toujours après les femmes noires. Comme si ça les rendait malades de ne pas coucher avec elles. Ne les laisse pas porter la main sur toi. »

« Les Blancs regardaient avec mépris les Noirs qui les dépassaient en voiture. Un moment, un bref instant, en laissant Le Blanc loin derrière sur la route, le Noir pouvait se sentir son égal et même son supérieur. Après avoir risqué sa vie dans les virages et escaladé les montagnes, il se sentait la force d'affronter le monde qui ne voulait pas l'adopter et qui le rabaissait systématiquement. Quand il dépassait l'auto d'un Blanc, le Noir se sentait victorieux, et le sentiment de sa victoire lui permettait de porter la tête haute pendant au moins deux jours. Et les Blancs détestaient cela, car ils avaient besoin eux aussi d'affirmer leur supériorité. »

« Partout les femmes avaient à travailler pour entretenir leur famille, car nulle part les hommes ne trouvaient de travail. Ils s'ennuyaient et sortaient. Les enfants restaient seuls, sans foyer, car personne ne pouvait en former le coeur. Oui. Partout les gens étaient trop pauvres pour faire autre chose que travailler, et leur force physique était leur seule source de revenus ; pour vivre, ils ne pouvaient compter que sur elle. C'est ce qui vieillissait prématurément les femmes. »

Dans ces conditions, la noirceur s'amplifie au fil des pages. Lutie est acculée vers un destin qu'elle n'arrive plus à contrôler.

Bien que publié en 1946, il est regrettable de constater que, septante ans plus tard, cette suprématie des Blancs sur les Noirs reste encore bien ancrée dans certaines contrées, avec des conséquences qui font l'actualité.

La Rue d'Ann Petry est une exploration magnifique et brutale des difficultés et obstacles auxquels doit faire face une jeune mère, noire et célibataire, dans le Harlem des années 40, en faisant tout son possible pour améliorer la vie de son fils.
Loin d'être joyeux, c'est plutôt un roman noir qui vaut la peine d'être lu.

Mon blog : http://bibli-oli.blogspot.be
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