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Ann Petry nous décrit la vie des noirs vivant dans Harlem dans les années 40 au travers de son roman "La rue". L'héroïne du livre s'appelle Lutie Johnson, son fils Bub; Lutie refuse d'accepter la fatalité qui est de mise à Harlem: vivre dans la pauvreté,la résignation,la soumission...Les logements sont sales, exigus, parfois sordides,les hommes ne trouvent pas de travail, les femmes sont au service des blancs, de ce fait les enfants sont livrés à eux-mêmes à la sortie de l'école, c'est ce qu'on appelle l'école de la rue. Lutie se bat pour un avenir meilleur pour elle-même et pour son fils, mais rien n'est simple pour eux: le concierge de l'immeuble, obsédé par la chair à force de vivre dans des caves, Madame Hedges, une habitante ayant transformé son appartement en bordel et trafiquant avec un blanc influent, Pop le père de Lutie, vieil ivrogne...
Tous ces personnages vont interférer dans la vie de Lutie et Bub mais sans les aider vraiment!
La peinture de la vie à Harlem est réaliste, poignante et on s'attache aux personnages dont le sort est le fil conducteur du livre que, de ce fait on ne peut lâcher avant de connaître la fin.
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J'ai très envie de partager avec vous mon dernier coup de coeur : « La rue ».

Je venais de terminer « Tant que je serai noire » de Maya Angelou (autobiographique) lorsque j'ai entamé sa lecture. Il y avait une certaine continuité, très intéressante.

Transportons-nous à Harlem dans les années 1940. Là vit la communauté noire : des femmes qui partent très tôt le matin rejoindre les quartiers blancs où elles travaillent comme domestiques, des hommes qui errent toute la journée car ces mêmes Blancs ne leur donnent pas de travail, et enfin les enfants qui dès la sortie de l'école en début d'après-midi sont livrés à eux-même dans la rue.

Lutie, personnage principal de ce roman, est une jeune femme courageuse. Pour que sa famille puisse vivre, elle a accepté un emploi de nourrice chez un riche couple blanc. Elle trime 7j/7j, ne rentrant que de temps en temps pour voir son mari et son jeune fils Bub.

Quand elle s'aperçoit que son mari s'est installé avec une autre femme, elle n'hésite pas et part avec Bub. Elle sera hébergée par son propre père dans un minuscule logement. Pendant 4 ans, le temps de suivre des cours du soir et une formation de secrétaire, Lutie va supporter cette situation.

Lutie a un rêve : louer son propre appartement où elle pourra élever tranquillement son fils. Mais ses moyens financiers sont limités et c'est dans la 116ème rue qu'elle s'installera dans un taudis au 5ème étage d'un immeuble géré par un concierge plus que louche.

L'euphorie des premiers jours d' avoir trouvé un « chez soi » laissera vite la place à un sentiment d'insécurité : « Oui, pensa-t-elle, elle et Bub devaient quitter la 116ème Rue. C'était une rue pernicieuse, comme les autres rues. Elle n'était pas la seule à lui faire peur. Toutes les rues où les gens étaient entassés comme des sardines dans une boîte. Et il n'y avait pas que cette ville. Dans chaque ville, il existait une ligne de démarcation entre les Blancs et les Noirs. Les Noirs parqués dans la plus petite surface possible, privés d'air et de lumière. »

Dans cette 116ème rue, où pourtant tous les habitants sont logés à la même enseigne, il n'y a aucune solidarité entre les voisins, bien au contraire. D'ailleurs, tout le quartier est sous la coupe d'un certain Junto, sorte de parrain Blanc, qui telle une araignée tisse sa toile autour de la belle Lutie.

Cette dernière va se démener pour tenter de quitter cette rue, résister de toutes ses forces face à ceux qui veulent avoir une emprise sur sa vie.

Je ne vous dirai pas si elle va y parvenir : à vous de lire ce magnifique roman, écrit et publié en 1946, dont la lecture vous prend aux tripes.

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En 1940 , Lutie a une parfaite conscience de la place qu'on lui a donnée à savoir celle d'une noire, pauvre, femme et mère dans un pays où les blancs ne perçoivent les noirs qu'au travers de leurs préjugés, projetant sur eux leurs propres déviances et leurs peurs.Du côté de Harlem et des noirs , là où habite Lutie, la vie n'est pas plus simple. La pauvreté, l'alcool, la violence sont le quotidien des habitants du quartier.

Lutie veut elle aussi profiter du rêve américain et sortir de sa condition et plus encore, offrir à son fils une autre vie.Elle a fait pour cela des choix , laisser son mari et son fils pour trouver du travail, mais son mari l'a quittée.Elle décide de trouver une locationpour elle et son fils où elle pourra le mettre à l'abri de l'alcoolisme de son père chez qui elle était hébergée. Elle emménage donc dans la rue, un minuscule appartement qui représente pour elle une ouverture vers ses projets. Malgré tous ses efforts, la vie est rude, l'argent une obssession permanente , la violence constante, rien n'adoucit les habitants du quartier. Il n'y a pas de place pour les sentiments les rapports sont tendus entre tous et particulièrement entre hommes et femmes.

Lutie aperçoit à un moment une opportunité de gagner plus d'argent mais le rêve sera de courte durée et Lutie sera rattrapée brutalement et happée par la violence du quartier .

Roman noir où l'espoir parait impossible ,la vie est racontée du côté des noirs , tant dans leurs relations avec les blancs et la haine furieuse qui relie les deux groupes , que dans les relations entre noirs de Harlem où l'humanité semble s'effacer pour laisser place à des rapports de force qui contraignent encore plus les femmes. Lutie est une femme attachante, une combattante et férocement consciente du danger d'être engluée par la rue et pourtant....

Un beau roman , triste et sombre mais qui sonne juste , j'aimerais dire que les choses ont changé aujourd'hui ... je n'oserais l'affirmer .

Je remercie Babelio et les éditions Belfond pour ce roman.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Un livre très poignant et intéressant écrit au sortir de la Seconde guerre mondiale par une actrice afro-américaine et qui décrit le quotidien tragique d'une femme dans le Harlem de l'après 1945...
le livre possède indéniablement une certaine force tragique. On est, avec un style moins puissant, dans un réalisme social qui n'est pas sans rappeler l'Assommoir de Zola. Toutefois le livre est sans doute "survendu" par l'éditeur français sur la Quatrième de couverture, eu égard sans doute au parcours atypique et à vrai dire exceptionnelle de son autrice.
Je recommande à ceux qui s'intéressent à l'arrière plan historique de ce beau roman la lecture d'un excellent livre d'histoire, Black America: Une histoire des luttes pour l'égalité et la justice (XIXe-XXIe siècle) remarquable
livre de Caroline Rolland-Diamond.
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Le récit se passe à Harlem au début du XXe siècle. Luthie, une jeune noire, tente de survivre avec son fils dans un endroit miséreux. Espérant un avenir meilleur pour eux deux, elle va rencontrer l'espoir et les désillusions.
Ce roman décrit très bien le Harlem de cette époque, constituée de misères, de violences. Vraiment un roman passionnant !
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Après Main Street de Sinclair Lewis en 1920, voici The Street en 1946 d'Ann Petry. Malgré tout ce qui circule comme légende sur la mobilité des américains au cours de leur vie professionnelle, mobilité issue d'une histoire de pionniers déracinés du vieux continent, l'idée qu'une vie puisse être (pieds et poings) liée à une et une seule rue qui vous colle à la peau est également une caractéristique que l'Europe ne connait pas. Une ville, un quartier, oui, mais qui songerait à écrire la vie d'une personne cherchant à fuir la rue principale de Bagnolet ou de Marly-Gomont !
Ann Petry, quoique née et ayant grandi dans la classe moyenne du Connecticut, connait Harlem et la fatalité qui fait le thème de ce livre de l'intérieur puisqu'elle y a été institutrice à partir de l'âge de 30 ans. Tel le système de caste des indoues, les enfants nés là ont une vie tracée d'avance que les efforts désespérés de Lutie Johnson, jeune mère célibataire noire qui tente de s'élever au-dessus de sa condition et d'arracher son fils à cette destinée, ne pourront modifier en rien. Dans la veine des romans durs de Simenon ou de la trilogie noire de Leo Malet, le poids de la condition sociale est un rouleau compresseur qui ne laisse pas d'issue favorable aux efforts de l'individu. Tous sont décrits comme des victimes d'un système dans lequel le choix est limité à se situer du coté des prédateurs ou des proies. Victime ou oppresseur, les noirs de Harlem resteront à Harlem et reproduiront ce schéma social pour le plus grand bien des blancs exploitant cette misère pour avoir de la main d'oeuvre à salaire de misère. le racisme, la misère sociale et la condition de victime des victimes de la femme noire.
Comment conclure un tel constat ? Ann Petry pouvait nous laisser sur une Lutie brisée par l'inutilité de ses efforts, passant à la prostitution pour gagner sa vie, voire trouvant une issue dans le suicide collectif avec son fils. Ann Petry fait très fort en nous proposant une autre « solution », à la fois dans la lignée d'un roman social archi-désespérant et profondément originale… mais que je ne vais pas spoiler ici !
Ann Petry, avec ce premier roman d'une auteure afro-américaine, ouvre une voie qui attendra encore longtemps avant d'être suivie.
Un roman qui mérite largement sa place aux cotés des Chester Himes de S'il braille, lache le et Richard Wright de l'Enfant du pays, même si, léger bémol, la rage aux tripes des réprouvés de la société ne passe pas aussi fort quand la plume est tenue par quelqu'un qui n'a pas connu dans sa chair la vache enragée et les coups de bâton (comme Chester Himes).
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La lecture de ce livre s'est révélée décevante.
En guise de fine analyse de la pauvreté, de l'exclusion dont souffraient les afro-américains des métropoles américaines dans les années '40, on se retrouve avec le récit très idéalisé d'une femme qui tente de s'élever au-dessus de sa condition, de les extirper, elle et son jeune fils, de leur quartier, de leur appartenance sociale, d'un univers où le déterminisme social les voue à l'échec.

Le récit pulse grâce aux divers points de vue très contrastés des nombreux personnages qui habitent dans son immeuble et qui scandent le roman en autant de chapitres.

Néanmoins, ce personnage de femme qui refuse la fatalité n'échappe pas à la caricature. Je l'ai pour ma part trouvée trop idéalisée, on devine de façon trop évidente derrière le personnage, l'alter-ego littéraire de l'auteure qui tente de prouver aux yeux du monde qu'elle sort du lot.
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" L'univers où nous vivons présente de grands contrastes. Mais puisqu'une barrière si haute La séparait du monde de la richesse, elle aurait préféré naître aveugle pour ne pas voir sa beauté, sourde pour ne pas entendre ses rumeurs, insensible pour ne pas être effleurée par sa douceur. Mieux encore, elle aurait préféré naître idiote et incapable de comprendre quoi que ce soit, même de soupçonner l'existence du soleil, du confort des enfants heureux. "

Lutie est une belle femme, plutôt bien instruite, mais voilà elle est noire, et ce n'est pas la façon dont on la traite qui lui fera oublier cet état. Nous sommes dans les années 1940, la condition des femmes n'est guère reluisante mais si en plus votre couleur de peau est différente, le paradis sur terre n'est pas pour vous.

Lutie a fui son mariage avec son fils Bub. Après avoir tout tenté pour préserver sa famille et leurs biens, elle se retrouve dans un appartement lugubre, petit, sombre, du quartier de Harlem.


"- Non, décida -t- elle, pas cet appartement. Alors elle pensa à Bub qui avait huit ans et apprenait à aimer le gin. "

La survie est à ce prix. Tout mettre en oeuvre pour donner une bonne éducation à son fils et le préserver au maximum.

" Toutes ces rues débordent de violence, pensa- t- elle. On tourne un coin, on longe un pâté de maisons, et la crise éclate tout à coup, sans prévenir."

Jour après jour s'ensuit un combat permanent pour garder sa dignité et bien élever son fils. Une lutte sans relâche contre le chemin qu'on tente de lui faire prendre.

" Si une jeune femme était de race noire et suffisamment attirante, c'était de toute évidence une catin."

" Bien sûr, pensait Lutie en marchant, si vous vivez dans cette rue, vous êtes censée vous faire de petits extras de temps en temps. En couchant un peu partout. Avec des blancs tout à fait charmants. "


Lutie aime son fils par dessus tout, tout comme Bub aime et respecte sa mère. Mais cet immense amour réussira - t- il à les préserver du mal qui les entoure. du mâle en la personne du concierge de l'immeuble complètement obsédé par la beauté de Lutie.

" Je suis jeune, je suis forte, Il n'y a rien que je ne puisse faire. "

À travers ce premier roman absolument poignant par une auteure injustement oubliée, Ann Petry nous offre le portrait d'une femme, mère célibataire noire pleine de bravoure. Une femme qui tente de sortir de cette rue où siègent le bordel de Mrs Hedges et la cruauté du concierge de son immeuble. Un quartier où règne en maître la corruption, la misère sociale, la saleté et le froid..

Un magnifique roman noir qui met en lumière avec une grande lucidité l'injustice raciale.

Une oeuvre majeure de la littérature américaine, un très très grand roman.

Publié aux États- Unis en 1946, La Rue a paru en France en 1948 à l'instigation de Philippe Soupault Et n'avait jamais été réédité depuis. Un beau cadeau que nous font les Éditions Belfond. Ce livre avait été vendu à plus d'un million d'exemplaires, souhaitons-lui autant de succès de nos jours.

La rue traduit de l'américain par Martine Monod, Nicole et Philippe Soupault.

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Dans La Rue, c'est un Harlem des années 40 que nous découvrons. C'est sale, c'est crade et l'optimisme est remisé au fin fond d'un mouchoir de poche. Dans l'immeuble insalubre où vit Lutie et son fils Bub au prix de nombreux sacrifices, plusieurs personnages se côtoient : un concierge repoussant, lubrique (genre il passe son temps à monter des stratagèmes pour mettre Lutie dans son lit) et profondément méchant qui bat sa maîtresse, une petit chose fragile et soumise, et une matrone intraitable qui gère un bordel d'une main tout en zieutant le monde d'un oeil ironique.

Différents points de vue s'alternent, donnant au récit un effet choral et montrant une vision plus large des conséquences que la rue, la misère et la ghettoïsation raciale ont de néfastes sur les destinées humaines.

Quant à Lutie, fière et ambitieuse, elle est prête à corriger son fils d'une bonne gifle si elle le surprend à être cireur de chaussure ou vendeur de cigarettes alors que ça pourrait aider le foyer à mieux vivre. Mais Lutie résiste. L'espoir qu'un jour elle pourra sortir de cet appartement aux murs moisis et que son fils atteindra un meilleur statut social l'empêche de s'effondrer. Seulement voilà, nous sommes en 1946, dans le quartier le plus pauvre de New-York et Lutie n'a pas la bonne couleur de peau pour réaliser ses rêves. La descente aux enfers n'en sera que plus poignante.
Lien : https://leslecturesdumonstre..
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