Le Matricule des anges défriche souvent des nouvelles terres dans le domaine de la poésie et l'excellent journal littéraire montpelliérain a pu amener tout rôti dans mon écuelle cabossée une pitance de roi. Je découvrais
Pierre Peuchmaurd, poète français né à Paris en 1948. le temps de solliciter mon libraire nîmois, d'obtenir l'ouvrage de l'auteur chez l'éditeur Simili Sky à Saint-Ouen,
Scintillants squelettes de rosée, de le lire et de l'annoter, je découvrais, éperdu, la mort de
Pierre Peuchmaurd, le dimanche 12 avril 2009, d'une « cruelle » maladie venue probablement par le poumon gauche : « D'abord ce sera plus chaud/et ça irradiera/je dirai que ça ira. […] Et puis je refuserai./De quelle taille le refus ?/Plus qu'une rose, moins qu'une rose ?/C'est comme ça qu'on compte […] On compte en oiseaux,/en cerceaux sur le pré,/en ruisseaux dans l'été/et en éternités. » Ainsi parle le poète dans
Parfaits dommages et autres achèvements aux éditions L'Oie de Cravan, 2007. Dans les
Scintillants squelettes de rosée,
Pierre Peuchmaurd sème ses visions à l'aide de mots ordinaires comme des cailloux blancs polis par un regard incandescent. La centaine de pages du recueil divisée en six courtes sections n'est peut-être pas d'emblée facile à saisir car tout fait image et symbole. L'écriture lumineuse invite cependant à y revenir puiser sans soif. le poète est secret et pudique mais c'est bien sa vie avec ses ruptures et ses souvenirs qui constituent l'ossature du livre. La mort est omniprésente : « elle court dans le couloir ». le travail d'écriture est remarquable. Sous l'apparente facilité du vers, les mots ont été travaillés jusqu'à la fibre et retrouvent intacte une élégance native. Les assonances et les allitérations sont utilisées avec maîtrise. L'émotion fulgure aussi de métaphores inédites : « Il y a l'oiseau marqué qui/ file plein sang vers la fenêtre/ et qui explose, il y a le soleil. »
Petit livre précieux à la sobre mise en page et dont la photographie de couverture, en contre-jour, frissonne d'une poésie vibratile. Livre dense et léger à prendre avec soi pour marcher et garder l'azimut même s'il arrive qu'un jour, comme le poète, on perde « la trace de l'avenir ».