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Critique de Alfaric


Commençons par le commencement : très bel livre-objet ! Merci Bragelonne.

Laissons les fantaisix penser que l'auteur marche sur les plates-bandes du best-seller de G.R.R. Martin… Ce "Haut-Royaume", c'est du Pierre Pevel à la sauce David Gemmell. Les easy readers vont adorer, les hardcore readers pourront plus ou moins tiquer à l'occasion... Un Pierre Pevel assez sombre d'ailleurs, encore plus désabusé que "Le Chevalier de Wielstadt" qui n'était pas très gai. Dans tous les cas nous avons affaire à un tome d'introduction bien rempli et bien troussé qui inaugure un cycle qui ambitionne de concurrencer les classiques anglo-saxons du genre.

On retrouve les dracs, les vyvernes, les intrigues draconiques et l'Obscure qui remplace la Rance des "Lames du Cardinal", dont plusieurs personnages auraient pu intégrer le présent opus et inversement. On peut retrouver "Les Royaumes d'épines et d'os" de Greg Keyes dans les mystères mystérieux et l'ambiance très automne du Moyen-âge, et dans les aspects pessimistes et intimistes un petit côté John Marco. Mais cela va plus loin car on retrouve tous ces mêmes éléments dans les autres livres de l'auteur qui fait preuve d'un chouette imaginaire rôlistique très "swashbuckling and sorcery". On pourrait sentir "7th Sea", "Prophecy" ou la nouvelle mouture de "Heroes of Might and Magic".

Et ce proscrit qui s'immisce dans des intrigues courtisanes baignant dans une fin de règne rappelle très fortement "Le Fléau de Chalion". Mais là où le roman de Loïs Mac Master Bujold constituait un véritable pot-pourri de l'Espagne moderne, "Haut-Royaume" s'inspire d'autres sources historiques : derrière Célyane, Estévéris, Yrdel et Alan on pourrait deviner les figures de Marie de Médicis, Concini, Louis XIII et Gaston d'Orléans. On retrouve d'ailleurs dans ce roman beaucoup d'éléments empruntés à cette 1ère modernité des XVIe et XVIIe siècles : derrière les affres de la petite noblesse d'épée, on sent la nostalgie d'une époque d'honneur et de courage qui n'a sans doute jamais existé tant les crevards TPLG s'acharnent à vouloir pourrir la société. Un esprit très capes et épées donc voire un esprit très dumasien facilement perceptible dans côté éminemment Edmont Dantès de Lorn Askarian.


Malgré son indéniable efficacité, le Pevel's style n'est pas infaillible pour autant :
- le prince-dragon est affublé par 2 fois d'exactement la même description de ses pouvoirs, on pourrait qualifier Lorn d'acrophile au vu de ses propensions à se jeter dans le vide, les discours à la William Wallace ne font pas forcément mouche…
- on insiste beaucoup sur l'Obscure dans la 1ère partie avant de presque l'oublier par la suite
- les POV des intrigants sont trop dispersés pour véritablement imprégner le récit.
- les nombreux whodunits n'ont pas l'effet escompté dans la mesure où on les a longtemps laissés de côté
- mais surtout les personnages manquent de coffre même si on sent un peu de l'auteur dans le personnage de Lorn (c'est ainsi que je me le suis imaginé)

J'ai trouvé la 1ère partie hachée avec ses chapitres très courts, l'inclusion des POV des intrigants et une ellipse assez difficile à digérer (on ne cesse décrire les conséquences d'un événement dont on aura les clés qu'à la toute fin du roman). Ni le héros, ou plutôt l'antihéros, ni les autres personnages ne se livrent, donc pas facile d'entrer dans le roman, d'autant plus qu'on ressort le thème de la prédestination (ou de la prophétie autoréalisatrice ?).

La 2e partie qui se déroule en territoire ghelt (celte ?) permet de poser davantage récit, ambiance et personnages. Mais d'un autre côté, on peut aussi se demander si elle ne fait pas un peu pièce rapportée tant l'intrigue principale n'avance pas d'un pouce. Mais on devine à posteriori qu'elle était là pour… Laissons le plaisir de la découverte aux lecteurs / lectrices.

La 3e partie est très plaisante. Est-ce qu'on suit les traces du western spaghetti ou de ses inspirations ? J'ai eu moult réminiscences des films chambara d'Akira Kurosawa : "Les Sept Samourais", "Sanjuro", "Yojimbo". Nous suivons une phase de recrutement où Lorn affronte la voyoucratie sponsorisée par les notables et les élites. On apprend à s'attacher aux personnages… et on apprend aussi que Lorn est bien plus trouble qu'il n'y paraît !

La 4e partie renoue avec les intrigues politiques : on change de lieu et on change d'échelle. Et après le twist, on suit les trace de David Gemmell : de l'héroïsme, du sang et des larmes !

Et quant au dénouement… Mais Pierrot, mais c'est quoi cet énorme cliffhanger ? J'espère que le tome 2 est déjà bien avancé, parce que l'attente va être insupportable pour ceux qui ont aimé.
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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