- En politique, mieux vaut ne pas trop s'inquiéter des raisons qui motivent chacun. Seul le résultat compte, non ? Qu'importe si tel est guidé par l'intérêt et tel autre par l'ambition, s'ils parviennent à s'entendre ? Plutôt que de sonder le cœur des hommes, mieux vaut mesurer ce qui ressortira de leurs actes et ne pas trop faire la fine bouche. En politique, je doute que quoi que ce soit ait déjà été fait pour le bien commun par bonté d'âme.
Un voile de tristesse ternit son regard.
Deux mois s'étaient écoulés depuis que sa mère était venue la chercher dans la villa Livia. Elle allait mieux. Elle dormait et, même si elle n'en avait pas toujours le goût, elle mangeait. Il lui arrivait de rire et d'oublier. Quant à la blessure de son amour assassiné, elle la faisait encore souffrir mais au moins ne saignait-elle plus. Résignée à vivre, elle avait compris qu'il lui resterait à l'âme comme une cicatrice, comme une callosité sensible qui, chaque fois que la mémoire l'effleurerait, lui provoquerait un frisson secret et réveillerait des souvenirs heureux, malheureux, doux-amers, insupportables et délicieux.
-AU NOM DU ROI....
-Ta gueule.
Les détails. C'est l'attention portée aux détails qui change tout. Toujours.
Il n'est de guerre juste que celle que la sagesse des hommes sait éviter. Car pour quelque raison que l'on brandisse les bannières et lève les armées, le crime commence à la première larme, au premier cri, au premier sang versé.
En politique, mieux vaut ne pas trop s'inquiéter des raisons qui motivent chacun. Qu'importe si tel est guidé par l'intérêt et tel autre par l'ambition. Plutôt que de sonder le cœur des hommes, mieux vaut mesurer ce qui ressortira de leurs actes et ne pas trop faire la fine bouche. En politique, je doute que quoi que ce soit ait déjà été fait pour le bien commun par bonté d'âme.
— N'ai-je pas le droit d'espérer mieux qu'un mariage de raison pour Alissia ? En outre, je suis aujourd'hui jeune, riche et libre. Plus libre que vous ne l'êtes et que vous ne l'avez été, madame. Et plus libre que votre fille ne le sera jamais si elle suit votre voie.
— Il n'y a que cette voie.
— Vraiment ? C'est qu'il faut en tracer d'autres, alors.
Il comprit qu'il assistait à la véritable naissance de la Garde d'Onyx. Ses hommes et lui avaient combattu et souffert sous une même bannière, et pouvaient désormais rendre hommage à leurs morts. Les loyautés des vrais soldats ne se forgent pas dans le sang qu'ils font couler mais dans celui qu'ils versent ensemble.
- La destinée de chacun est semblable à un cours d'eau. Certains sont des ruisseaux paisibles. D'autres sont des rivières. Quelques-uns sont des fleuves puissants qui attirent à eux les cours d'autres destinées.
- Et la mienne, quelle est-elle ? Ruisseau, rivière ou fleuve ?
- Votre destinée est un torrent furieux. Luttez contre lui et vous vous épuiserez, ballotté et meurtri, jusqu'à périr en voulant gagner la rive. Mais si vous vous laissez emporter...
- Dans un torrent furieux ? Cela n'épargne ni les rochers, ni les tourbillons.
- Non, mais cela vous permet de les voir et de les éviter, ou de les rencontrer en y étant préparé. Et cela permet aussi que les débris que le courant emporté et ballotte comme vous vous vous heurtent avec moins de force. Peut-être même pourrez-vous vous y accrocher. Peut-être même trouverez-vous ici ou là une île où vous reposer un peu avant de replonger.
Preuve était donc faite qu'il avait vraiment abusé du vin. Il s’était promis d'être raisonnable mais s'était laissé entraîner - un verre appelant une plaisanterie, une plaisanterie appelant un rire et un rire appelant un autre verre.