Ce fut une lecture en demi-teinte pour moi.
Laurence Peyrin nous plonge au coeur des années 70, dans une petite ville d'Amérique où vit Joanne, mère au foyer classique, petite bourgeoise comme elle se définit elle-même, heureuse et quelque peu naïve.
Au détour d'un "incident" qui va faire basculer la vie paisible de Joanne,
Laurence Peyrin s'attaque au délicat sujet des personnes disparues volontairement.
Malheureusement, c'est là que je n'ai pas accroché. L'agression subie par Joanne n'est pas apparue à mes yeux comme un fait suffisamment fort pour engendrer de telles conséquences et cela a terni ma lecture. Même en me plaçant du point de vue de cette "desperate housewife" vivant dans un milieu protégé, je n'ai pas réussi à m'identifier et à ressentir cette per
te de confiance et cet
te dépression engendrée par la découver
te de la violence.
Si la magie n'a pas opéré sur moi, je reconnais volontiers les qualités de narratrice de
Laurence Peyrin qui déroule son histoire avec une écriture fluide, agréable à lire, rythmée par des chapitres courts aux doux noms de cocktails.
La seconde partie de l'ouvrage, nous mettant face à des personnages hauts en couleurs, a beaucoup plus retenu mon intérêt et j'aurais aimé creuser plus en avant leurs personnalités et leurs histoires.
C'est comme si je n'arrivais pas à voir en Joanne le personnage principal du livre, ne partageant pas ses émotions et son ressenti, mais comme le prétexte à la rencontre de ces personnages secondaires qui ont pris bien plus de place dans mon imaginaire.
Il est possible que j'aurais plus apprécié le livre si le motif du départ de Joanne avait été autre. J'ai le sentiment qu'il m'a empêché d'adhérer complètement à l'histoire.
Cette remarque en appelle cependant une autre dans mon esprit: quel est ce rapport à la violence que nous avons aujourd'hui pour considérer que l'agression de Joanne sur son vélo soit par trop banale pour engendrer de telles conséquences psychologiques ?
J'ai tout de même refermé le livre avec un sourire sur les lèvres, la magie de l'épilogue ayant opéré. Si ce ne fut pas une révélation pour moi, comme j'ai pu le lire par ailleurs, j'ai tout de même passé un bon moment de lecture.