Cette ville (Arras) est prise en étau sur trois côtés par les troupes allemandes. Meurtrie par les bombardements, elle n'est plus qu'un champ de pierre, de briques amoncelées, de charpentes de bois encore fumantes, de façades maintenues debout par des fils invisibles et de rues pavées menant à d'autres ruines qui se succèdent encore et encore. Toutes ces splendides maisons de grès et de brique, son hôtel de ville et sa cathédrale se sont effondrés tel un vulgaire château de cartes comme si un géant était venu y souffler des colères excessives. J'imagine les scènes d'effroi que les habitants ont dû vivre, terrés dans leurs caves, affolés par les bruits et la pluie des feux de l'enfer qui s'abattait sur leur ville. Entendre sa maison, sa rue, son quartier se réduire en cendre sous les tirs d'obus et esquiver la mort à chaque seconde. Et je ne te parle pas, Jenny, de l'air chargé de gaz, des fumées et de la chaleur des flammes qui devaient emplir leurs poumons, les menant lentement à l'asphyxie. Cette ville est détruite, et ses trésors anéantis.
Il me tarde de te revoir. Tout l'amour du monde transpirera dans notre foyer. Je veux qu'à mon retour chaque soir nous nous embrassions en nous souhaitant bonne nuit et que chaque matin nous démarrions notre journée emplis d'amour que nous méritons de recevoir et de donner. Ne nous endormons jamais en ayant au fond de nous une rancoeur. Je veux être un homme heureux et te chérir à n'en plus finir.
Avant d'aller visiter Arras je voulais lire des livres. J'ai trouvé celui-ci qui m'a bien illustré la visite des carrières de Wellington. Un soldat anglais passe une semaine dans ces carrières avant l'attaque surprise le 9 avril 1917 à 5h30 au delà de la ligne de front.
Le rire n'a pas de drapeau et l'amitié pas de frontière.
Vous y trouverez quelques photos, un carnet, la plaque de matricule et les deux boutons de manchette de votre mari…