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Critique de elisecorbani


Cet élégant volume regroupe les actes du colloque organisé en 1988 par le Musée Pétrarque d'Avignon, sur la figure de Marie Madeleine dans les arts, la mystique et les lettres. Rédigés par des universitaires principalement (mais pas que) il est agrémenté de notes et de quelques illustrations en couleur ou noir et blanc.

L'ensemble des 22 articles présente un intérêt inégal, certains sont atypiques, savants et passionnants, d'autres tiennent plutôt de l'élucubration (habituelle et sûrement inévitable quand on traite le personnage de Marie Madeleine...). La célèbre sainte est abordée à travers une perspective tantôt transversale, tantôt très précise voire carrément anecdotique. Il faut dire que le sujet est inépuisable.
Mais ce n'est pas avec cet ouvrage érudit qu'on peut le découvrir en première intention : mieux vaut avoir déjà une bonne connaissance du personnage de Marie Madeleine et de ses enjeux, sous peine d'être complètement noyé.

Le recueil se divise en différents chapitres thématiques : aspects exégétiques et historiques, traditions hermétiques et mystiques, esthétique et représentation, aspects analytiques (avec l'indispensable psychanalyste jungienne...), le mythe littéraire et poétique.
Les articles les plus marquants à mon sens sont ceux sur Bérulle, l'occultisme du XIXe siècle, les 3 interventions traitant de la représentation de Marie Madeleine au fil de l'histoire de l'art avec une mention spéciale à celui consacré au rôle qu'elle a joué dans le dispositif de la contre réforme.
On peut sauter directement certaines contributions qui n'apportent pas grand chose (le tantrisme, vraiment ?!)

L'ensemble reste très intéressant... quand on se passionne comme moi pour le personnage, avec des détails sur des sujets dont j'avais une connaissance superficielle (comme le projet de basilique auquel collabora Le Corbusier à la ste Baume).
Avec aussi de belles découvertes autour de la poésie et la littérature: Pétrarque bien sûr, la référence obligée elle aussi, Vaucluse oblige, à René Char, en revanche, est plus ésotérique (il aurait peut être été judicieux d'intégrer dans l'ouvrage les textes dont il était question). Mais aussi Rilke et Claudel.
On s'approche alors moins de Marie Madeleine que de la spiritualité de ces auteurs. C'est sûrement la vocation de Marie Madeleine que de nous rendre proche ceux qui l'aiment.

Il y a une pépite dans ce recueil: l'incroyable contribution portant sur les chantres provençaux de la Madeleine au XVIIe siècle, qui nous fait découvrir l'inénarrable Père carme de Saint-Louis, dont la tête, selon son biographe "était comme une horloge qui se détraquait souvent". Passionné par la sainte, ce bon père, passablement atteint de logorrhée poétique, commis en son honneur pas moins de 7000 vers qui déclenchent l'incrédulité voire l'hilarité.

"Jérusalem la vit comme la pécheresse
Et Marseille l'ouit comme sa précheresse
La première abhorra ses vains déportements
La seconde adora ses saints emportements"

Mais oui on peut rire de tout, et surtout de ces stupides stéréotypes dont on a affublé Marie Madeleine depuis des siècles. Que dire de plus ?
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